Trente et un an après François Mitterrand, François Hollande a remporté ce dimanche 6 mai 2012 le second tour de l'élection présidentielle. Le score semble sans appel, même si légèrement inférieur à celui que lui présidaient les instituts de sondage en fin de semaine.

François Hollande obtient 51,62 % des voix, soit un score très proche de celui de son modèle Mitterrand en 1981 (51,7 %), contre 48,38 % à Nicolas Sarkozy. La participation électorale à peu près égale à celle du premier tour, à environ 81 %.

Une défaite rude, mais pas humiliante

Au terme d'une campagne sous haute tension, ce score n'est pas la garantie d'un état de grâce.

Pour le président sortant, la défaite est rude, mais elle n'est pas humiliante. Comme Valéry Giscard d Estaing, le seul président avant lui qui se représentait sans sortir d'une cohabitation, Nicolas Sarkozy a été renversé par les urnes après un seul et unique mandat.

Depuis un an, tous les sondages sans exception le donnaient perdant. Il n'a pas réussi à les faire mentir, victime de la crise économique, de l'anti-sarkozysme puissant qui régnait dans le pays, et d'une campagne électorale qui avait suscité des tensions au sein de sa famille politique.

 

Hollande a eu 29% des électeurs de Bayrou, 14% du FN

François Hollande a bénéficié dimanche des reports de 29% des voix du centriste François Bayrou, de 14% des voix de Marine Le Pen et de 81% de celles de Jean-Luc Mélenchon, selon un sondage Ipsos pour France Télévisions, Radio France, Le Monde et Le Point, rapporte Reuters.

Nicolas Sarkozy a bénéficié de plus importants reports de François Bayrou (41%) et Marine Le Pen (51%). Il a grappillé 6% des voix obtenues au premier tour par Jean-Luc Mélenchon, selon cette enquête.

Plus du tiers des électeurs de Marine Le Pen ont opté pour l'abstention (25%) ou le bulletin blanc ou nul (10%) prôné par leur candidate.

De même, 17% des électeurs de François Bayrou se sont abstenus et 13% ont voté blanc ou nul. Concernant Jean-Luc Mélenchon, 10% de ses électeurs ont choisi l'abstention et 3% le bulletin blanc ou nul.

L'enquête a été réalisée du 3 au 5 mai sur internet sur un échantillon de 3.123 personnes âgées de 18 ans et plus.

Sarkozy : "Je ne mènerai pas la bataille des législatives"

Nicolas Sarkozy a reçu les ténors de l'UMP à l'Elysée. Selon un participant, il leur a demandé de "ne pas se diviser". "Ne vous divisez pas, restez unis. Il faut gagner la bataille des législatives. Elle est gagnable. Le score est honorable. Je ne mènerai pas cette campagne", a-t-il déclaré en lisant à ces responsables (François Fillon, Alain Juppé, Jean-François Copé, Xavier Bertrand...) la déclaration qu'il allait prononcer dans la soirée à la Mutualité. Le président battu signifie ainsi qu'il ne compte pas rester le chef de la droite française.

La fin ?

Tempérament de cogneur, énergie débordante mais parfois désordonnée, Nicolas Sarkozy a essuyé dimanche 6 mai le plus terrible revers de ses 30 ans de carrière, au point d'envisager de dire adieu à la politique.

Président hyperactif, impopulaire comme jamais aucun autre avant lui, Nicolas Sarkozy avait mis dans la balance son bilan, qu'il juge satisfaisant à l'aune des crises à répétition.

Il avait aussi prévenu les Français qu'en cas de défaite, il quitterait la politique. "Je ferai autre chose. Mais quoi, je ne sais pas". Coup de poker ou réaction affective par anticipation, il n'en a pas dit plus.

SOISSON : "la mi-temps d'un match politique"

Le député UMP de la 1ere circonscription de l'Yonne, qui ne se représente pas, évoque déjà les élections législatives de juin prochain.

"La crise a remporté tous les gouvernements européens et la France ne fait pas exception. Le suffrage universel s'est prononcé, ce n'est pas mon choix, mais je m'incline devant les résultats de l'élection"

"François Hollande est donc président de la République. Les difficultés pour lui vont être importantes et je souhaite de tout mon coeur pour mon pays qu'il puisse surmonter la crise économique qui s'annonce.

"Sur le plan politique, ce n'est que la mi-temps du match, puisque pour gouverner il lui faut une majorité à l'Assemblée nationale. Les élections législatives prennent donc une importance toute particulière."

"Je souhaite que la droite ne se divise pas. Le problème pour elle est la menace d'élections triangulaires avec la présence du Front National au deuxième tour".

REBSAMEN : "un aboutissement"

Le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen qui est un proche de François Hollande, célèbre cette victoire à Dijon.

"Ce soir, nous vivons un immense bonheur, c'est l'aboutissement d'une campagne juste menée par François Hollande", déclare l'élu bourguignon, spécialiste des questions de police et de sécurité au PS."L'heure est au rassemblement autour de notre président pour relever les défis auxquels notre pays est confronté. Les Français attendent une politique de justice sociale et fiscale. Nous mesurons le poids des responsabilités. Maintenant c'est le temps du bonheur, demain sera celui de l'action".

FERRAND : "Sarkozy ne règnait qu'avec lui-même"
 
Edouard Ferrand, patron du Front National en Bourgogne : "Aujourd'hui, il faut reconstruire une véritable opposition en France", déclare le patron du FN en Bourgogne. "Nicolas Sarkozy finalement ne régnait qu'avec lui-même."

Le patron du Front National en Bourgogne tente de séduire les électeurs de droite déçus par la défaite de Nicolas Sarkozy pour les 10 et 17 juin prochain. Edouard Ferrand met en garde contre "une France entièrement socialiste" et appelle les déçus à rejoindre le mouvement d'extrême droite : "Le FN aujourd'hui, au-delà de sa composante FN, a créé un grand rassemblement. C'est le rassemblement bleu marine. Un rassemblement qui va ouvrir largement ses portes à tous les déçus qui ont envie de mener un combat politique efficace autour des valeurs de Marine Le Pen. Et un rassemblement qui soit très large."