Un investisseur chinois a racheté le château de Gevrey-Chambertin en Côte-d'Or et son domaine viticole pour la somme record de 8 millions d'euros, a annoncé mercredi le président du syndicat des vignerons de Gevrey-Chambertin.

Ce château classé datant du XIIe siècle appartenait à plusieurs membres d'une même famille française, qui a vendu ce bien exceptionnel et ses deux hectares de vignes en avril-mai à un Chinois, propriétaire de salles de jeux à Macao, pour une somme avoisinant les 8 millions d'euros.



Selon Jean-Michel Guillon, président du syndicat des vignerons de Gevrey-Chambertin, ce bien était estimé par plusieurs professionnels à 3,5 millions d'euros au départ.

"On a été au courant de la vente un an avant. L'association des vignerons que je représente, et de nombreuses personnes, dont des amoureux des pierres, avions monté un projet pour racheter le château et le mettre à disposition des habitants et y installer un office du tourisme et une salle de réception", a déclaré à la Gazette Info . fr de Dijon et Côte d'Or, M. Guillon.

Les viticulteurs avaient ainsi fait une proposition à 4 millions d'euros qui leur a été refusée, puis à 5 millions d'euros: "Les propriétaires en voulaient 7 millions et ils l'ont vendu à 8", a déploré ce viticulteur qui redoute désormais "une déferlante d'investisseurs étrangers en Bourgogne".
« Mais sur ce coup, les notaires n'ont pas joué le jeu (...). Leur volonté était de le vendre beaucoup plus cher, sans se soucier de la valeur sentimentale » s'est-il indigné. « A notre échelle, c'est comme si le château du clos Vougeot était vendu. C'est notre patrimoine qui fout le camp ! »

Gevrey-Chambertin est l'un des plus fameux vins de Bourgogne, mais aussi la plus célèbre appellation sur 550 hectares en Côte de Nuits. Le château produisait quant à lui 10 à 12 000 bouteilles par an, selon le viticulteur. "On commence à se dire que notre patrimoine fout le camp, car ce n'est pas le seul rachat dans le coin", selon Jean-Michel Guillon qui cite "le rachat à peu près au même moment du domaine Maume de 5 hectares à Gevrey par un Canadien".

En dépit de la crise, les transactions de domaines viticoles français se multiplient. Les surfaces cédées ont doublé en 20 ans et le prix moyen par hectare a été multiplié par trois, selon une étude dévoilée en juin par le réseau Vinéa, spécialiste sur ce marché. Les Français restent les principaux investisseurs (60%). Mais, le marché voit émerger une nouvelle génération d'hommes d'affaires, en provenance de Chine notamment, qui misent sur le vignoble français et surtout le Bordelais.