Il est loin le temps où l'école des Rosoirs à Auxerre défrayait la chronique, montrée en exemple dans l'Académie de Dijon. Cette école élémentaire d'application, exemplaire avec ses huit maîtres formateurs, était considérée comme un exemple pédagogique de travail d'équipe.

La mare pédagogique et la manière d'aborder l'enseignement scientifique dans le cadre de l'opération "la main à la pâte" avait suscité le déplacement du recteur d'Académie pour la rentrée scolaire en Bourgogne, braquant les projecteurs des médias sur l'école située dans un quartier réputé très difficile.

Aujourd'hui, à une semaine de la rentrée scolaire, l'école est sans direction et ne dispose plus que de trois maîtres formateurs, chargés d'accueillir les futurs professeurs des écoles en formation.

Vincent Vallé, le directeur, a choisi de donner une autre orientation à sa carrière professionnelle, suite à un appel d'offre national de l'USEP auquel il a postulé en juillet. Sa candidature a été retenue et il a appris qu'il était engagé au début du mois d'août. Il devait donner sa réponse définitive pour le 16 août.

A partir du 3 septembre, Vincent Vallé va intégrer la direction technique nationale de l'USEP à Paris. Son rôle sera de développer la politique éducative et sportive de l'USEP en France au sein d'une équipe avec le comité national USEP.

Vincent Vallé a informé l'Inspection académique, le 16 août de sa décision, et ses collègues, le 23 août, qu'il ne ferait pas la rentrée avec eux aux Rosoirs, tout en les assurant qu'il  restait à leur disposition pour préparer la rentrée comme il l'a déjà fait, la semaine dernière, avec certains. De nouveaux inscrits sont arrivés (+5).

Devant le fait accompli

Force est de constater que l'Inspection Académique est ainsi mise devant le fait accompli et se retrouve face à une situation de non anticipation, coincée à une semaine de la rentrée. Comment en un délai si court, pourvoir au remplacement d'un directeur formateur ? Les mouvements sont quasi terminés et les postes ont été pourvus. Pour l'heure, il n'y a aucune réponse. Certains enseignants redoutent que l'Inspection Académique ne profite de la situation pour supprimer le poste et confier au directeur de l'école maternelle des Rosoirs (qui ne se trouve pas dans le même bloc du quartier) la fonction de superviser l'ensemble.

Superviser quoi et comment .... ? Pour quelqu'un qui arriverait sans avoir pris part aux projets 2012/2013 : projets de cycles, projets éducatifs, projets en cours ou à venir pour les enfants en très grande difficulté, projets de partenariats etc...etc...

Après les mouvements du mois de juin, l'Inspection Académique n'avait-elle pas elle-même, placé le directeur de l'école des Rosoirs, Vincent Vallé, devant le fait accompli ? En effet, ce dernier s'était vu notifier de reprendre une classe à mi-temps, à la rentrée de septembre. Il n'avait pas le choix. Or la fonction de directeur est une fonction essentielle de relation avec le public comme celle de tous les directeurs d'écoles de France, mais avec en supplément ses tâches de formations et de participations aux réunions académiques et à l'IUFM de Bourgogne ... et la liste est longue. Fonction d'autant plus importante que l'école est située dans un quartier très difficile où les cas sociaux, sans parler du Foyer de l'Enfance, sont la règle.

Un long et lent processus de dégradation

Où est la recherche de stabilisation d'une équipe pédagogique, nécessaire à la mise en confiance dans les relations avec les parents d'élèves, avec la mairie etc.

Pourquoi ce changement de stratégie à l'Education nationale ? Et comment le justifier ? Une circulaire a fait l'affaire : celle qui dit que là où il n'y a que peu de maîtres formateurs, le directeur n'est plus déchargé qu'à mi-temps. CQFD. Imparable. Une gestion d'épicerie, technocratique il faut bien le dire, aveuglée par le court terme oubliant la vision à long terme et faisant fi de la réalité du terrain.

Bref, l'école élémentaire des Rosoirs, école de la République intégratrice de nos valeurs, est sur le point de perdre un poste de directeur formateur mais aussi son identité, au mépris de sa mission.

C'est un long et lent processus de dégradation. Ultime indice accablant. Une inspection générale de l'école des Rosoirs et des enseignants a eu lieu au mois de mai. Or il n'y a eu aucun retour. Pas de compte rendu, pas la moindre information. Une inspection générale qui n'aura servi strictement à rien puisque 5 professeurs des écoles non titulaires ont été mutés aux mouvements. Quel gâchis !

                                                                                                                         P-J. G.

 


 

Vincent Vallé, directeur de l'Ecole des Rosoirs, conseiller municipal centriste d'Auxerre, ancien UDF,  va intégrer la direction technique nationale de l'USEP à Paris à partir du 3 septembre (DR)