Le gâchis financier dû à la mauvaise organisation des transports scolaires gratuits dans l'Yonne depuis des années, est insupportable.

La gratuité des transports scolaires (primaires, collèges et lycées) dans l'Yonne est une marque de fabrique qui date de l'ère Jean Chamant. C'est même un tabou.

Aujourd'hui, les collectivités territoriales et locales sont étranglées financièrement. Elles doivent supporter de plus en plus de charges et de transferts de compétences de services de l'État parfois sans contrepartie. Comment faire pour boucler les budgets ? Augmenter les impôts, variable d'ajustement ? Difficile dans le contexte actuel alors qu'en outre, ils augmentent mécaniquement, chaque année, en fonction de la modification des assiettes et de l'inflation.

Il faut donc tailler, rogner dans les dépenses. L'aide aux communes qui a considérablement diminué au grand dam des élus locaux, a sans doute coûté son poste au président Jean-Marie Rolland. Les dépenses sociales explosent de manière exponentielle. Insupportable.

Des ballons d'essai sont envoyés ci et là, pour tâter le terrain et préparer les gens à de douloureux sacrifices. A la différence de l'Etat, le budget du conseil général doit être obligatoirement en équilibre. Le nouveau président André Villiers ne manque pas une occasion pour lancer des messages forts aux uns et aux autres.

Ainsi, par exemple, face à l’augmentation des tarifs des prestataires, le conseil général envisage de mettre fin à la gratuité des transports scolaires. Il envisage aussi de créer une régie et d'exploiter lui-même les circuits de ramassage.

«Les transporteurs nous prennent pour des banquiers, a lâché le président du conseil général  André Villiers (Nouveau Centre), lors d'une réunion à l’Institut d’enseignement supérieur de l’Yonne (IESY), à Sens. Les tarifs des transporteurs augmentent de 8 % cette année, d’après une consultation menée sur 240 circuits gérés par le conseil général. Si nous ne faisons rien, on paiera sans limite. Nous devons sortir de ce carcan. »

 

Décision avant la fin de l'année


La majorité départementale préconise la création d’une participation financière qui serait indexée sur le quotient familial : « Le débat n’est pas clos, indique André Villiers. Une commission travaille sur ce sujet. L’assemblée sera saisie de ses conclusions en fin d’année. Il faudra prendre une décision, dans le cadre du vote du budget 2013. »

Cette tendance n'est pas isolée. Elle correspond à un mouvement de fond engagé depuis deux ans en France.

A la rentrée 2012, les parents d'élèves du voisin Loiret et de la Corrèze ont dû mettre la main à la poche pour que leurs enfants puissent prendre le car scolaire, jusqu'à présent gratuits. Une décision pas isolée puisque depuis 2010, de nombreux départements ont remis la gratuité en cause. Seuls 28 l'ont maintenu à 100%.

Mais tout le monde ne partage pas cette tendance, estimant que la gratuité des transports scolaires est un service public permettant l’accès à l’éducation qui, elle aussi, est gratuite.  La fin de la gratuité, au sens littéral du terme, consisterait à faire payer aux familles le coût réel du transport. Dans l’Yonne, le coût moyen par enfant transporté est de 850 euros. Le coût total est de 23 millions d'euros pour 26 000 élèves. Mettre fin à la gratuité consisterait à faire payer cette somme-là aux familles. Impossible à envisager pour des élus politiques locaux sous peine de se couper de leur électorat.

D'autres solutions peuvent être étudiées comme le suggère Francis Gallat, président de Cresson Voyages, dont 60 % du chiffre d'affaire est constitué par les circuits scolaires à Auxerre, l'Auxerrois et au-delà.

Par exemple, une meilleure adéquation entre les élèves inscrits transportés et la taille des cars mis à disposition. Souvent encore, ils circulent à moitié vide. Ce qui constitue un gâchis.

Autre exemple frappant : l'harmonisation des horaires de sortie des classes dans les écoles, ce qui diminuerait à la fois le nombre de cars et de circuits.

Il est hallucinant de constater l'absence d'efficacité dans la coordination entre les services compétents et l'Éducation nationale sur ce point. S'il fallait chiffrer le surcoût inhérent à cette non coopération, certains ne manqueraient pas d'être consternés.

Un vrai chantier en perspective.

                                                                                               P-J. G.