NECROLOGIE
Le grand sommeil de Jean Podor
le mardi 02 octobre 2012, 19:15 - NECROLOGIE - Lien permanent
Le vigneron grande figure d'Irancy est mort. Il a été incinéré discrètement à l'image de l'homme attachant, d'une grande ouverture d'esprit et généreux
Jean Podor et sa casquette, Jean Podor et cette manière unique de raconter la vie sur le mode mineur enjoué avec un humour incomparable. Jean Podor homme de coeur, homme curieux de l'autre, prêt à le ramener au bercail quitte à passer la nuit à le convaincre. Il était communiste ou/et anarchiste. Oui, c'était un pur, un idéaliste. Il a rêvé d'une société plus juste où chaque homme serait suffisamment responsable et civilisé. Une société où il n'y aurait plus besoin d'Etat. C'était le rêve de Bakounine, le révolutionnaire, théoricien de l'anarchisme et philosophe. Il posa dans ses écrits les fondements du socialisme libertaire.
Au-delà du rêve, Jean Podor était aussi un réaliste, les deux pieds profondément fichés dans le terroir et ces coteaux d'Irancy qu'il aimait tant parcourir et travailler de ses mains fortes, de belles mains sculptées par le labeur du vigneron. Ses vignes, ils les cajolaient à sa manière, bourrue parfois mais tellement tendre. Car Jean était un grand tendre. Un bon, un homme de bonté et un gentil, un vrai gentil, la gentillesse, cette rare vertu.
Sa personnalité ne laissait personne indifférent et sa présence dans une pièce, changeait l'atmosphère et la vie.
Il en a reçu des personnages plus ou moins célèbres dans son caveau, puis dans ses caves de l'autre côté des Promenades qu'il fallait traverser parfois avec prudence, pour gagner le saint du saint et goûter aux nectars enfouis de longue date couchés au ras du sol. Que l'on soit prince ou manant, Jean recevait de la même manière, la sienne. Le seigneur c'était lui. Ces moments de grâce personne ne les oublierait non plus que ses Mazelots ou Palotte.
Avec P'tit Louis de la Celle- Saint-Cyr, Adémar Boudin de la Chapelle-Vaupelteigne ou encore Lonlon Bienvenu à Irancy, parmi d'autres, Jean Podor figure au panthéon des personnages du vignoble.
La qualité de son vin avait franchi les frontières. Ceux qui disposent encore d'une caisse du millésime 2002, le dernier de Jean Podor, peuvent en témoigner. Le pinot noir de Bourgogne, c’est compliqué. Au bout de quelques années, il se rendort. Il n’y a rien à faire. Il faut attendre qu’il se réveille et faire confiance. Le dernier cadeau de Jean Podor. Les bouteilles ont dormi longtemps, dans le coin d’une cave humide et accueillante. Un vin d’amitié et de soif, avec du cassis et de la vanille à n’en plus finir...
Un homme qui laisse autant derrière lui - cet homme toujours exactement à sa place, ni humble ni pédant, seulement là où il devait être - ne disparaît pas complètement. Au-delà du souvenir, des anecdotes, des descriptions... c'est tout le bouquet d'une vie vraie qui demeure.
Pierre-Jules GAYE
Commentaires
Je découvre seulement aujourd'hui ce très bel hommage à Jean et un très beau commentaire du Furet qui représente d'une façon précise les bons moments passés avec notre ami Jean et une belle pensée à Nénette.
J'étais très content de voir la photo de Jean avec son épouse à l'entrée d'Irancy aujourd'hui où le village a fait honneur à ses grands personnage et à son vin lors de la St Vincent de Bourgogne.
Merci Jean pour tout ce que tu m'as donné et appris..
Ce texte est très beau, merci pour Jean et merci pour Nénétte
Je n'avais pas vu ce texte de qualité qui résume parfaitement et avec talent la personnalité de Jean Podor.
Il nous manque encore aujourd'hui.
Fils de Fernand PODOR natif d'Irancy, j'ai connu tout petit ce petit cousin, pourtant très grand, en coeur et en professionnalisme.
Jean est allé rejoindre Bacchus dont il détenait le portrait dans sa cave ! Quel personnage, quel bonheur de se retrouver près de lui. Dans sa cave et avec lui nous nous retrouvions dans un autre Monde, celui qui nous faisait oublier nos problèmes, nos soucis....! Le verre toujours rempli à ras bord les discussions allaient bon train. En entrant dans sa cave nous laissions nos personnages à l'extérieur. Tous ceux qui s'y trouvaient et qui se rencontraient pour la première fois grâce à Jean, s'adressaient les uns aux autres comme à de vieilles connaissances. Comment oublier les heures qui défilaient, sans qu'on s'en rende compte, au milieu des bouteilles et des pièces de ce vin qu'il savait nous faire tant apprécier ! Et Nénette si discrète mais toujours présente à quelques pas, au -dessus de la Cave, dans ce chemin des Marteaux où ils vivaient calmement tous les deux......Il est des personnages qui nous marquent, qui sont gravés dans notre mémoire, Jean est l'un d'entre eux.