La question est : quand Auxerre va-t-il ramener ne fut-ce qu'un point de l'extérieur ?

Certes, cela n'a jamais été facile de ramener des points sur la pelouse de l'adversaire. De tout temps. Et pendant de longues années, la stratégie de l'AJA a toujours été de tout faire pour ramener le point qu'elle possédait au coup d'envoi. A force de grapiller ici et là, sans compter trois points tombés dans l'escarcelle un jour de grâce, le club du patro a fait le chemin et le parcours que l'on connaît. Un bilan exceptionnel sur trois décennies.

Auxerre en Ligue 2, d'aucuns se figuraient que les Bleus allaient forcément imposer leur jeu chez l'adversaire et à domicile car voyons, quand on arrive de Ligue 1, on est bien plus forts. Or il n'en fut rien d'abord parce que la Ligue 2 compte de bonnes équipes et de bons joueurs techniques qui mouillent la chemise, ensuite parce que l'équipe d'Auxerre de Ligue 2 n'a rien à voir avec l'équipe d'Auxerre de Ligue 1.

A preuve, les joueurs "cadres" qui pensaient partir, n'ont pas retrouvé leur niveau loin s'en faut. On pense plus particulièrement à Boly, Coulibaly (qui relève d'une longue blessure, un an sans jouer il est vrai) et Oliech même si Dennis est le meilleur passeur de la Ligue 2 avec six passes décisives. Boly et Coulibaly n'ont rien perdu de leur science mais ils se retournent avec lenteur et sont facilement pris de vitesse. Cette lenteur pesante affaiblit la défense en la rendant vulnérable. Wallemme a du s'adapter et a été amené à choisir un système à trois défenseurs axiaux d'autant qu'ils sont quatre talents à ce poste (Julien et Ebanega).

Le métronome

Hengbart a lui aussi mis du temps à revenir diminué par des blessures répétées, d'autant que les années qui passent ne vont pas forcément dans le bon sens. Mais voici Cédric bien dans ses baskets, prêt à relever tous les défis y compris en milieu de terrain où il supplée avec générosité les absences pour blessures et suspension de Mandjeck et de Meïté. Son activité de ratissage et de courses multiples, associée au métronome argentin Hugo Colace, qui a apporté beaucoup de liant entre les lignes par sa capacité à conserver le ballon et à distiller des passes courtes précises ; ont stabilisé et équilibré une équipe qui marchait en boîtant et se faisait prendre en contre. Contre Arles/Avignon formation de qualité, ce dispositif de jeu a fait merveille annihilant le gros potentiel offensif des Provencaux qui ne se montrèrent dangereux qu'à une seule reprise en début de match.

Lorsque Jean-Guy Wallemme fit le choix de sortir Ebanega et de revenir à une défense à quatre, il savait qu'il exposait son équipe et prenait des risques, car elle devenait à nouveau vulnérable, comme on a pu s'en rendre compte rapidement. L'idée de Wallemme en faisant entrer Segbéfia était de trouver de la profondeur dans la construction du jeu, sans quoi Auxerre pouvait continuer de jouer sans jamais parvenir à porter le danger devant le but adverse. Non seulement cela ne marcha pas mais force est de constater que les opportunités furent pour Arles qui s'engouffra dans les brèches ainsi porposées.

C'est paradoxalement l'entrée de Langil qui modifia le cours des choses en donnant de la vitesse au jeu en profondeur des Bourguignons, sans toutefois que cela les rassure en défense. Il y avait du KO dans l'air à tout instant en deuxième période.

Jean-Guy Wallemme a tout vu, comme il a vu qu'à Guingamp le système à 5 défenseurs n'a finalement pas suffi à endiguer les offensives adverses en fin de match alors que l'AJA menait 1-3, les avants et les milieux ne faisant pas le boulot de sacrifice.

Hommes de couloirs

Le coach Auxerrois comme tout coach doit s'adapter en permancence afin de trouver la bonne formule en fonction des circonstances. Le dispositif qui prévalut durant la majeure partie de la première mi-temps contre Arles avait un défaut. S'il assurait stabilité et équilibre, il n'offrait aucune solution offensive face à une équipe d'Arles qui évoluait aussi à 5 en défense (3 en phase offensive) et avait densifié son milieu de terrain. D'où le match bloqué. Les plans de jeu de départ se neutralisant.

Ce qui manque cruellement à Auxerre - et ce fut longtemps sa marque de fabrique - ce sont deux latéraux capables de prendre le couloir et d'effectuer des dédoublements avec les ailiers. Or Ni Rivieyran ni Ramos, pour l'heure, n'ont le coffre et l'inspiration pour jouer de la sorte. Au contraire, à chaque fois qu'ils se sont risqués à monter un peu plus haut (sans jamais éliminer, accélérer ni transpercer), il y eut grand danger pour Auxerre, les obligeant en outre à commettre des fautes grossières et le plus souvent inutiles, lorsqu'ils étaient dépassés. Ce système implique par ailleurs que les ailiers défendent leur ligne d'un bout à l'autre. Or ni Ntep ni Oliech (dans une moindre mesure) ne sont encore capables de revenir défendre en marquant leur vis-à-vis en phase offensive adverse.

Quel que soit le milieu de terrain, si aucune solution ne s'offre à lui pour donner le ballon, il est condamné, qui qu'il soit, à une forme d'impuissance (sauf à faire lui-même la différence en s'infiltrant dans le maquis de joueurs du milieu...)

Alors direz-vous, que faire, comment faire ? C'est compliqué. On pourrait répondre : comme en fin de match contre Arles/Avignon, c'est-à-dire défendre compact très bas et jouer en contre rapides dans les grands espaces. Avec des Makengo, Ntep et Oliech c'est possible, Auxerre est bien armé. Ou encore, espérer que Ramos et Rivieyran haussent subitement leurs niveaux de jeu et jouent leur rôle dans les couloirs. On aimerait voir les coups de patte et la vista de Colace dans cette configuration.

Cela dit, tous les plans, toutes les supputations sont souvent vains. La vérité du terrain seule compte en définitive. Elle est animée par les circonstances, par l'état d'esprit des joueurs et leur volonté d'aller de l'avant, de se battre comme des chiffonniers sur tous les ballons, surtout ceux qui semblent perdus.

C'est la magie et la beauté de ce sport, le foot, qui réserve toujours bien des surprises, dans un sens ou dans l'autre.

Auxerre est en reconstruction. La marge de progression est très importante. Voilà une vraie bonne nouvelle.

 

                                                                                                                               P-J. G.

 

AUXERRE.- Leon - Rivieyran (ou Ebanega ou Acapandié), Boly, Coulibaly (cap.), Jullien, Ramos (ou Hengbart) - Hengbart (ou Segbéfia), Colace (ou Segbéfia) - Oliech (ou Langil), Makengo, Ntep. Remplaçants : Sorin, Acapandié, Ebanega, Segbéfia, Langil.

 

Jean-Guy Wallemme : "On n'a jamais rien ramené..."

 

« On a laissé filer les points à Guingamp…alors qu’on les avait en mains !

Jusqu’à présent on n’a jamais rien ramené d’un déplacement. Ce que je vais dire à mes joueurs avant le match, en tous les cas l’une des choses sur laquelle je vais mettre l’accent, c’est qu’il ne peut rien nous arriver de plus que ce que nous avons déjà connu ! La seule chose qui peut nous arriver c’est de perdre, or cela on sait ce que c’est à l’extérieur depuis le début de saison. On doit se libérer, d’autant qu’au Havre ils ont besoin, eux aussi, de points.

Cette équipe a un bon milieu de terrain constitué de footeux qui sont plutôt adroits. Est-ce que Rivierez sera là pour ce match ? Je n’en sais rien. Il était un titulaire apparemment indiscutable et puis récemment il s’est retrouvé sur le banc. Tous les coachs ont des problèmes pour composer leur feuille de match (rires). C’est un peu pareil pour le poste de gardien. Qui sera dans la cage ? Placide ou Boucher ? C’est indécis mais ce qui est certain c’est que Cédric Daury dispose d’un effectif stable qu’il connait bien, c’est un atout. Mais il opère des changements en ce moment, comme je peux le faire, parce que lui aussi est à la recherche d’un certain équilibre… »

 

Les résultats du Havre

HAC-AC Arles-Avignon : 1-2

EA Guingamp-HAC : 3-3

RC Lens-HAC : 1-0

HAC-GFC Ajaccio : 2-1

Dijon FCO- HAC : 2-2

HAC-AS Monaco : 2-1

Angers SCO-HAC : 3-1

HAC-FC Nantes : 1-1

Berrichonne de Châteauroux-HAC : 1-1