Le site de l'Arquebuse est proposé à un investisseur gestionnaire privé qui est intéressé par le projet de réaménagement. La société Sopic Nord (Ndlr : Sarl 150 000 euros de capital social, 22 884 227 euros de chiffre d'affaires en 2011) sise à Bondues dans le nord. Sopic est présente depuis plus de vingt ans dans l’immobilier commercial et de loisirs, la requalification urbaine et l’immobilier de bureaux. Sopic intervient comme promoteur, investisseur ou gestionnaire.

Le site de l'Arquebuse a toujours fait débat. Surtout depuis que le marché couvert souterrain a été aménagé suite à la destruction de l'édifice historique place des Cordeliers. Ce déménagement n'a jamais vraiment été considéré comme satisfaisant par les uns et les autres, notamment l'enterrement du marché en sous-sol, le parking raté mais aussi le dessin urbain général de cet espace très important pour la cité. Dans ces conditions était-il raisonnable d'envisager de poursuivre l'investissement sur la base de l'exsitant et d'y engloutir des sommes pour le moins rondelettes ?

 

Le projet de réaménagement figurait dans le programme de l'équipe municipale en place élue par les Auxerrois. Si les principes étaient connus, les modalités n'étaient pas définies. Elles le sont désormais au travers du préambule d'une délibération intitulée "Projet d'aménagement et de requalification urbaine de la place de l'Arquebuse" qui sera soumise aux conseillers municipaux, jeudi soir, et qui sont donc appelés à trancher. Il n'est pas exagéré d'affirmer que tout le monde souhaite un nouvel aménagement, la question étant de savoir lequel, pour quoi faire, comment et pour quel coût ? Là se situe le vrai débat.

Grandes lignes

 

Quelles informations publiques figurerent dans le préambule de la délibération proposée à propos de ce site de l'Arquebuse ? D'abord un constat. Le site couvre une superficie de 2 hectares, qui accueille le principal marché de la ville, le pavillon des arquebusiers, siège du service départemental de l'architecture, un parking souterrain d'une capacité de 380 places et une succession d'espaces verts ou minéraux au statut variable en fonction des jours de la semaine. Force est de constater qu'il est confronté à des difficultés de fonctionnement et d'image avec un accès au parking souterrain peu lisible et des espaces publics de stationnement et de circulation inconfortables.

Ensuite apparaît la définition de l'objectif recherché. Quel est-il ? La commune souhaite dynamiser le site, partie intégrante du centre ville à l'entrée de la rue du Temple, en reconfigurant l'espace foncier avec l'objectif d'apporter une nouvelle offre en matière de surfaces commerciales, de stationnements et d'espaces publics dynamiques (avec la requalification du marché) en incluant la possibilité d'une mixité avec le logement sous forme hotelière.

 Un promoteur-aménageur

 

Guy Férez l'affirme depuis longtemps à qui veut l'entendre. Il n'est pas pensable que la commune prenne en charge l'investissement (qui serait de l'ordre de 25 à 30 milions d'euros), dans le contexte économique actuel et compte tenu des engagements de la ville par ailleurs. Le maire a toujours dit que la soultion, si solution il y avait, passerait pas la délégation à un  concepteur-aménageur-promoteurC'est donc sans surprise que l'on apprend que la société SOPIC NORD a manifesté sont intérêt pour engager une réflexion sur ce site et conduire une étude préalable d'aménagement commercial.

La commune d'Auxerre a donc accepté que la société en question s'y colle. L'ensemble de ce projet urbain devrait permettre d'accueillir après démolition de la srructure existante et sur plusieurs niveaux selon le programme mutualisé (Ndlr) : du commerce de moyenne et petite surfaces, un hôtel, un espace restauration, un marché qualitatif, un parc de stationnement de centre ville ainsi que des capacités de stationnements nécessaires à l'ensemble de ces fonctions urbaines. Un descriptif assez sommaire et suffisamment généraliste grâce à des tautologies, pour pouvoir y faire entrer les évolutions utiles. La formulation sera donc toujours vraie.

L'opposition municipale sur sa faim

 

 On remarquera tout de même, que les élus d'opposition ne semblent pas avoir eu accès à une bonne information sur ce dossier dont le rapporteur est Michel Morineau, adjoint chargé de la culture, de l'urbanisme et de la vie associative. Guillaume Larrivé, le député chef de file de l'opposition au conseil municipal d'Auxerre, arpente le territoire de sa circonscription et ne laisse passer aucun dossier. Aussi a-t-il adressé une lettre au maire d'Auxerre Guy Férez, pour regretter "l'indigence" du dossier soumis au conseil municipal, jeudi soir, tout comme "l'absence de concertation approfondie avec les acteurs intéressés et sans transmettre aux conseillers municipaux les études de faisabilité si elles existent, l'analyse de l'impact économique sur les commerces existants et notamment sur les commerçants du marché couvert, les modalités d'aliénation de ce lieu historique ainsi que le bilan financier de cette opération". 

 Questions

 

Au-delà de la forme, il y a lieu de s'interroger sur le fond. Quelques réflexions viennent immédiatement à l'esprit.

Quid du boulevard à 2 fois deux voies qui génère objectivement une "rupture" avec le centre ville : une véritable "autoroute urbaine" peu compatible avec "l'adhésion" véritable de l'Arquebuse au reste du centre.
Quid du sens véritable de la délibération proposée ?
En premier lieu la "reconfiguration" de l'espace foncier évoquée ne constitue ni plus ni moins que l'abandon de la collectivité sur ces 2 hectares, même si toutes les précautions de langage sont utilisées. Il s'agit bien d'une "opération de déclassement du domaine public", comme indiqué d'ailleurs. Certes la ville demeurera propriétaire du terrain mais pourrra le céder en tant que bien.

En second lieu, mais les deux se tiennent, n'apparaît-il dangereux de confier une telle étude de requalification à une société privée ou mixte (peu importe) partie prenante ? C'est un exercice qui ne permet pas en général de dégager l'ensemble des solutions possibles, mais seulement celles qui apparaissent "rentables" pour la société en question. Ce mélange des genres (études et promoteurs) pose un problème de principe et ne semble pas, à première vue, être une bonne discipline.
Ces interrogations prennent un relief particulier quand on connaît la prudence légendaire de Guy Férez, qui semble cependant s'engager fermement dans une telle opération.
Le premier magistrat d'Auxerre entend mettre un point d'honneur à exécuter son programme conformément aux engagements qu'il a contracté envers les Auxerrois qui l'ont élu. Qu'il désire effectivement "restructurer" cet espace de l'Arquebuse, lui donne raison sur le fond. Mais a-t-il vraiment les moyens financiers de le faire en conservant la main et la maîtrise entière sans brader un patrimoine ?

That is the last question. At last but not least, le plan local d'urbanisme en l'état actuel, ne permet pas la réalisation de ce projet.

 

                                                                                           P-J. G.

 

 

Les élus vont se prononcer sur ces questions

 

 



Des idées sur ce que pourrait être le marché, les commerçants n'en manquent pas. « L'important, c'est de ne pas en faire un centre commercial, souligne Marie-Christine Basseporte, fromagère. Peut-être faut-il réfléchir à faire un parking en dessous avec une jolie halle au dessus pour accueillir les commerçants ? (DR)

 

Un rue de la Laïcité vient d'être inaugurée qui longe la place de l'Arquebuse Bordera-t-elle un site privé ou public ? (DR)