Les ordures ménagères Auxerroises étaient "exportées" dans le Loiret depuis la fermeture de la décharge du Petit Pien. Les bennes de collecte centralisaient ces déchets aux Cassoirs et des camions beaucoup plus volumineux les acheminaient ensuite vers le département voisin. Le surcoût n'était pas négligeable et surtout le doigt était mis sur les errances et les hésitations des élus de la zone "Centre Yonne" concernée.

Lire l'enquête d'AUXERRE TV de l'époque et l'interview réalisé avec Denis Roycourt, vice-président de la CCA chargé de l'environnement.

L'année 2013 débute sur une bonne nouvelle pour le même Denis Roycourt qui se félicite de l'abandon de ce "circuit long", coûteux et peu crédible en terme de "bilan carbone" (la noria des camions) 

Noria il y aura toujours, à raison de 5 rotations par jour, mais sur un circuit plus court puisqu'il s'agit maintenant de rallier Sauvigny le Bois dans l'Avallonnais. Au total le kilométrage imposé à nos déchets se trouvent ainsi divisé par trois. Sauvigny le Bois possède effectivement une décharge étiquetée officiellement "bioréacteur". Si le terme peut effrayer, il s'agit en fait d'un procédé naturel d'accéleration de la décomposition des déchets avec des solutions modernes d'isolement des eaux de ruissellement et la réutilisation du  biogaz émis. Le Maire de Sauvigny le Bois, Didier IDES a été dans ce domaine un précurseur dans l'Yonne sur la problématique compliquée du traitement des déchets.

Pour autant la recherche d'un centre d'enfouissement "bioréacteur" dans le "Centre Yonne" se poursuit comme nous l'indique Denis Roycourt dans l'entretien vidéo qui suit. Quatre sites demeurent d'actualité et devront faire l'objet d'études complémentaires avant d'être soumis aux votes des élus. Il s'agit d'un site à proximité de Vallan, d'un à proximité de l'usine Isoroy qui demande de la chaleur et pourrait ainsi bénéficier de l'énergie récupérée au niveau de la décharge "bio-réacteur", d'un autre site à proximité de Héry et enfin, mais plus excentré dans la région de Flogny la Chapelle.

Il faudra bien 5 à 6 ans, "si tout va bien" pour finaliser les différentes propositions et les soumettre aux élus concernés. Ainsi les camions de déchets Auxerrois pourront encore bénéficier du petit voyage par autoroute vers l'Avallonnais.

 

 

 

La controverse : le "Bioréacteur" vu par le cniid

Nom masculin formé du préfixe bio- (contraction de « biologique ») et du nom masculin réacteur du latin reagere (agir de nouveau).

Unité technologique dans laquelle la multiplication des micro-organismes est favorisée à des fins industrielles. Initialement utilisé dans la production alimentaire (ex. : bière, yaourts) ou médicale (ex. : vaccins, antibiotiques), ce terme a été étendu à l’industrie du déchet pour faire référence à des mégadécharges, et s’immisce désormais dans les textes de loi. Mais quelles transformations propulsent une décharge classique au rang de bioréacteur ?

Dans les installations de stockage traditionnelles, le processus de fermentation de la partie organique des déchets enfouis (déchets de cuisine ou de jardin, mais aussi papiers et cartons) émet non seulement du biogaz composé essentiellement de méthane, mais également des lixiviats (jus de décomposition, voir Décharge) qui peuvent s’infiltrer dans le sol. Des recherches ont permis de mettre en évidence que les membranes supposées isoler le sol des lixiviats pouvaient avoir une durée de vie moins longue que le temps nécessaire aux déchets organiques pour se décomposer. Pour limiter les pollutions, en attendant que la réglementation sur l’interdiction d’enfouissement des déchets organiques soit appliquée, les scientifiques ont imaginé un moyen d’accélérer la décomposition des déchets : le bioréacteur.

Dans un bioréacteur, on accélère la réaction de dégradation en humidifiant les déchets de façon continue avec leur propre jus de décomposition (lixiviat). L’effet collatéral de ce procédé, c’est qu’on accélère en même temps la production de méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2 (dioxyde de carbone).

Qu’à cela ne tienne ! Les exploitants ont sauté sur l’occasion, voyant dans ce foisonnement de préfixes bio- une véritable caution verte pour l’industrie des décharges. L’installation de drains dans les casiers exploités en mode bioréacteur pour capter, et revendre, une partie du biogaz résultant de la réaction, a permis de faire du contrôle obligatoire d’une pollution – l’émission diffuse de méthane – une activité lucrative. En passant, le nouveau statut autoproclamé des décharges comme "productrices d’énergie verte" semble avoir fait oublier à tous l’interdiction, depuis 2002, d’enfouir des déchets non ultimes, ce qui inclut les déchets organiques.

Grâce à trois petites lettres (b, i, o) qui semblent garantir dans l’imaginaire collectif le bien-fondé écologique d’un tel mécanisme, l’industrie du déchet réussit un sacré tour de force : augmenter la rentabilité de ses installations en inventant une rustine (plus ou moins efficace) contre la pollution qu’elle a délibérément choisie de créer. En un mot : polluons plus pour gagner plus.

Le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), créé en 1997, est une association à but non lucratif (dite "Loi 1901") agréée pour la protection de l’environnement.
Organisation non gouvernementale (ONG) spécialisée dans la problématique des déchets municipaux, elle mène campagne en faveur d’une gestion écologique de ces derniers notamment grâce à leur réduction à la source (en quantité et en toxicité) et à leur détournement de l’incinération et de la mise en décharge.

 

 

Interrogé lors de ses voeux à la presse, mercredi 9 janvier, Guy Férez, maire d'Auxerre et président de la Communauté de l'Auxerrois, répond à une question sur ce dossier