RESISTANCE
La Puisaye rouge du 19ème siècle
le mercredi 27 mars 2013, 09:45 - RESISTANCE - Lien permanent
La conférence de Denis Martin "De la Révolution de Février 1848 à l'insurrection de Puisaye de 1851" autour de son livre fort de 300 pages, a été très suivie à la Maison Paul-Bert à Auxerre
Le débat a été particulièrement riche révélant une Puisaye insoupçonnée.
AUXERRETV vous propose l'intégrale de la conférence et du débat qui a suivi.
L'auteur conférencier, Denis Martin, mambre de l'association ADAMIOS 89 (DR)
L'Yonne sous la Deuxième République
De la Révolution de Février 1848 à l'insurrection de Puisaye 1851
Texte de Denis Martin *
À partir d'un riche documentation, en partie inédite, Denis Martin, après avoir évoqué les mutations de l'Yonne sous la monarchie de Juillet, brosse avec finesse le tableau des affrontements
politiques, particulièrement vifs dans l'Yonne durant ces quatre années d'apprentissage de la démocratie ; il montre comment la donne nationale a été vécue différemment dans les diverses facettes géographiques et sociologiques de cette Yonne essentiellement rurale ; il souligne l'originalité de l'implantation républicaine "rouge" dans un département qui avait plébiscité Louis Napoléon en décembre 1848 ; il présente enfin les diverses réactions au coup d'Etat de 1851, vite étouffées dans les villes, et, contrastant avec le calme des autres zones rurales, l'insurrection qui secoua le grand tiers sud-ouest du département, la Puisaye bocagère, tournée vers la Nièvre insurgée ; l'atroce répression ensuite... Le tout accompagné d'un volet biographique très fourni.
À cet égard, l'ouvrage intéressera évidemment les habitants de l'Yonne et de la région. Mais il mérite aussi l'attention de tous les citoyens attachés au souvenir de cette Seconde République, qui, à bien des égards, est la matrice de ce que nous vivons encore aujourd'hui, ne serait-ce que par le régime présidentiel dont nous avons hérité, et par l'opposition de deux républicanismes, celui qui s'en tient à la République démocratique, et celui qui la veut aussi sociale.
Dans une passionnante synthèse finale, Denis Martin montre comment, par un très rapide processus dialectique, l'insurrection n'a pu être un phénomène de masse que dans la zone où s'étaient implantées les sociétés secrètes qui donnèrent le branle et dirigèrent l'action, mais il montre aussi, dans une longue et pertinente analyse, que ces sociétés n'avaient pu s'implanter là que dans la mesure où les masses paysannes de cette zone (journaliers, petits propriétaires aux abois) trouvaient dans les espérances "rouges" la réponse à leur soif de justice, de sécurité, et de propriété. Insurrection sociale tout autant (sinon plus) qu'insurrection politique, qui signe l'entrée dans la vie politique d'une paysannerie rêvant d'une France égalitaire de "sans-culottes", de petits producteurs indépendants, maîtres de leur destin, sous le drapeau rouge de la République démocratique et sociale.
Un ouvrage remarquable à tous égards.
Pour la petite histoire, le Varois que je suis retrouve à l'œuvre dans ce récit le tristement célèbre préfet Haussmann (oui, celui de l'urbanisme parisien) qui, après avoir sévi contre les Rouges du Var, était venu exercer la même répression dans l'Yonne, au service de la République du Parti de l'Ordre.
René MERLE,
agrégé d'histoire, docteur ès lettres, chroniqueur et romancier
* 17 €, port offert - chèque à adresser à ADIAMOS 89, 7 rue des Mésanges, 89000 AUXERRE
Commentaires
cher correspondant anonyme, je suis preneur de toute correction étayée et vous remercie d'avance de votre aide (il y aura une nouvelle édition, celle-ci étant déjà presque épuisée) ; je vous informe cependant que j'ai travaillé pendant trois ans aux Archives de l'Yonne où j'ai dépouillé toute la presse de l'époque et tous les registres de police et d'écrou pour dresser le portrait individuel des 1850 républicains arrêtés au moment du Coup d'Etat (j'ai deux boîtes à archives pleines à craquer de ces fiches). Ecrivez moi : adiamos89@laposte.net
Cet ouvrage, dont je viens de finir la lecture, est une compilation. L'auteur a vraiment survolé son sujet et de très nombreuses erreurs historiques sont présentes. Il n'a pas utilisé "une riche documentation inédite"... A vrai dire, il n'y a rien d'inédit... hélas !
Ayant fait mes classes à la Sorbonne, mon maitre me disait que le travail sur les archives était essentiel et qu'il fallait toujours contrôler les sources utilisées. Hélas, M. Martin, que j'ai eu l'occasion de rencontrer, n'a pas contrôlé l'exactitude de plusieurs de sources comportant de très nombreuses erreurs et affirmant par la même des contre-vérités.
C'est dommage car je suis sûr que M. Martin a voulu faire un travail honnête.
Mais pour maitriser ce sujet, il aurait fallu qu'il y travaille de très nombreuses années à partir des sources de bases que l'on trouve aux archives départementales de l'Yonne, de la Nièvre, aux archives nationales, à la bibliothèque historiques de Paris mais aussi dans les bibliothèques municipales ou privées d'Auxerre, de Dijon, de Clamecy, de Nevers où fourmillent de très nombreux documents d'archives très souvent inédits.
Quand à la fin du volume, l'auteur a repris les notices biographiques déjà publiés, bien connues pour leur lacune et leurs erreurs. J'espérai que M. Martin les corrige et les améliore.. Espoir déçu ! Pourtant, cela aurait été facile avec tous les instruments de travail (dont les répertoires bibliographiques) que l'on dispose aujourd'hui.
Ne souhaitant pas faire une critique stérile, j'enverrai à l'auteur les corrections à apporter s'il souhaite faire une seconde édition "augmentée et corrigée" de la première.... Ce qui serait souhaitable...