Aujourd'hui dimanche, nous sommes à la mi-temps de cette période dite des "Saints de Glace".

Les 11, 12 et 13 mai sont trois journées considérées communément comme néfastes par les jardiniers. On recommande de semer plus tôt ou plus tard, afin que les jeunes pousses ne fassent pas leur apparition à l'aube de ces journées.

 "Les Saints Servais, Pancrace, Mamert...font à eux trois un petit hiver", dit le dicton populaire. Qu'en est-il au juste ? En fait il n'y a là qu'une pure coïncidence d'abaissement de température, mais qui ne manque pas d'être curieuse, si l'on rapproche le fait des jours dits de l'été de la Saint-Martin, 11, 12 et 13 novembre, qui se situent exactement à l'opposé de la position de la terre sur son orbite.
L'inversion serait d'autant plus marquée qu'elle coïnciderait avec un rayonnement diurne de plus ou moins grande intensité. Ces saints sont invoqués par les agriculteurs pour éviter l'effet d'une baisse de la température sur les cultures, qui pouvait être observée à cette période et qui peut amener du gel (phénomène de la lune rousse). Une fois cette période passée, le gel ne serait plus à craindre.

 

Les saints fêtés en Bourgogne

Les jardiniers attendent toujours la fin des Saints de Glace pour faire les semis ou planter les plantes annuelles destinées au fleurissement estival. Bon ! Dès maintenant vous devriez pouvoir sortir vos géraniums !... Il faut savoir que ces saints traditionnels et redoutés ont été remplacés sur le calendrier officiel par Estelle, Jeanne d'Arc et Rolande, et que les "maîtres jardiniers" qui font souvent référence au calendrier républicain ont également noté que les jours de la Bourrache et de la Valériane du mois de floréal marquaient le début des travaux de jardin. L'Église catholique romaine a décidé, alors, de « remplacer » les saints associés aux inquiétudes agricoles (réminiscence de paganisme au regard du Vatican) par d'autres saints et saintes qui n'auraient aucun lien avec ces croyances populaires.

Dimanche en Bourgogne, les Saints de Glace ont été fêtés par les jardiniers. De 9 heures à 19 heures, la commune de Vareilles en Pays d'Othe, entre Sens et Villeneuve l'Archevêque, organisait la grande fête du jardin et des jardiniers de l'Yonne, sur la place du village. Les Saints de glace redoutés pour leurs gelées tardives ont été fêtés comme étant les annonciateurs des beaux jours.

L'esprit de cette fête du jardin était axé sur les productions locales, originales et de qualité. Pour cette 17e année, les professionnels de l'horticulture et de l'arboriculture en collaboration avec les sociétés horticoles et les associations de fleurissement vous y attendent.

 

Phénomène astronomique ou croyance ?

Certains expliqueraient la tradition des saints de glace par un phénomène astronomique coïncidant à cette période des 12 ou du 13 mai de chaque année. L'orbite de la Terre est amenée à traverser un disque de poussières extrêmement diffus (sorte de constellation gazeuse) dans le système solaire, formé aussi bien par des particules piégées que par des résidus provenant de la formation des planètes à l'aube de leur existence. Pendant quelques heures, la poussière fait très légèrement obstacle aux rayonnements solaires (effet de serre inversé). La diminution de leur intensité est inobservable sans instruments de mesure extrêmement sensibles, mais suffisante pour influencer les délicats mécanismes de la météorologie de notre globe. La Terre traverse à nouveau ce disque de poussière six mois plus tard, le 11 novembre, avec l'effet inverse (diffusion du rayonnement solaire sur la Terre en plus du rayonnement direct) qui amène « l’été de la Saint Denis » (9 octobre) ou « été de la Saint Martin » (11 novembre), appelé aussi l'été indien sur le continent américain.
Cette explication est infirmée par le fait que les astronomes ne connaissent aucun disque de poussière de ce type
2. De plus, s'il en existait un diffus, il ne serait pas observable, et ce même avec des instruments très sensibles. Enfin la seule origine possible du disque serait une comète ou un astéroïde mais la terre ne pourrait pas traverser un tel disque deux fois par an.

La coïncidence (explication météorologique et astronomique) n'est troublante que si l'on ne connaît pas la météorologie. Elle est en fait seulement anecdotique car le phénomène astronomique est mondial alors que les dictons (voir ci-après) ont une pertinence très locale. Le mois de mai correspond, dans les latitudes moyennes de l'hémisphère nord, à la fin de la rapide circulation de systèmes météorologiques d'hiver. Le passage de fronts froids, amenant de l'air du nord, se produit donc encore de temps à autre. Quand le ciel se dégage ensuite sous un anticyclone, la perte de chaleur est encore importante, surtout la nuit. Il est donc normal d'avoir des périodes froides à cette époque même si la tendance des températures est à la hausse. D'ailleurs, les archives de Météo-France sur soixante-dix ans (1939-2009) montrent que le gel aux saints de glace ne s'est déroulé que quatre fois3.

Croyance populaire infondée, les saints de glace restent tout de même utiles pour les jardiniers et agriculteurs. Ces dates aléatoires à cause des variations locales, du changement de calendrier ou du réchauffement climatique restent en effet un marqueur dans le monde paysan notamment pour se rappeler quand la période climatologique de gel se termine4.

Leur popularité est encore vivace, comme en attestent les nombreux dictons qui lui sont consacrés. (Source Wikipédia)