Sabine Torres, directrice de DijOnscOpe publie un dernier éditorial dans l'édition en ligne de ce mercredi matin.

 

Tirez, on s'en tirera ! .. Nous reviendrons !

"... Et quelle aventure, mes amis !

"En 2009, j'avais un rêve, celui d'une presse régionale en ligne indépendante, indiscrète et incorruptible.
Quatre ans plus tard - et malgré la liquidation judiciaire prononcée mardi 14 mai 2013 -, dijOnscOpe m'a comblée au-delà de toute attente.

"Toutes mes pensées se tournent naturellement vers mon équipe, dont je suis fière, de jeunes journalistes remarquables dont l'enthousiasme infaillible n'a d'égal que le souci de progresser.

"Dans les meilleurs moments comme dans les plus délicats, ils ont accompagné loyalement chacune de mes décisions.
"Ils ont de l'estime pour vous, chers lecteurs ; j'espère que vous leur conserverez la vôtre.

"On me pose aujourd'hui la question : "Croyez-vous encore en ce métier de journaliste ?".
En vérité, je n'ai toujours cru qu'en lui. Et singulièrement en eux.

"J'ai compris une chose ces dernières années auprès d'eux et à vos côtés : l'éthique ne réside pas dans les grands concepts impersonnels ; elle se niche dans chaque comportement quotidien, chaque posture emplie de dignité, chaque refus de compromission.

"Et en cela, je perds des journalistes et des lecteurs remarquables aujourd'hui.
Merci à tous ceux qui ont cru en moi et nous ont soutenus ; ils se reconnaîtront. Merci à tous ceux qui nous ont dénigrés ; ils se reconnaîtront aussi. Chacun a contribué à nous rendre meilleurs, plus humbles et toujours plus curieux.

"En 2009, j'avais un rêve et vous aussi ; il s'appelait dijOnscOpe et il s'achève aujourd'hui.
Est-ce un échec ? Affaire de point de vue. En tout cas, une expérience enrichissante qui nous a tant appris sur notre idéal et le vôtre, celui de la liberté de penser, celui de l'exigence de vérité.

"Et si c'était à refaire ? Vous connaissez déjà la réponse.
Je recommencerais sans l'ombre d'une hésitation.

"A bientôt pour de nouvelles aventures. "

Précisons que le site DijOnscOpe ne ferme pas dans l'immédiat ; tous les articles publiés vont rester en accès libre. Par contre, on n'en lira pas de nouveau et on ne recevra plus le "9h pile" quotidien.
Pas d'association en vue, explique Sabine Torres car c'est "difficile de faire du journalisme bénévolement, et elle ne cache pas qu'elle est réticente à cette idée, ... mais qui sait ?

 

 

Un pionnier défricheur en province

Dans son éditorial daté de mardi 13 mai, Sabine Torres expliquait la situation. Soumis a trop de pressions des annonceurs et institutionnels locaux en place, remettant en cause l'indépendance de DijOnscOpe et l'éthique éditoriale, la directrice Sabine Torres et son comité avaient choisi de ne plus faire appel à la publicité et de lancer une campagne d'abonnement, à l'image de Mediapart, auprès des lecteurs internautes. Ce modèle économique qui fonctionne pour le journal d'information en ligne national dirigé par Edwy Plenel, un ancien du Monde, n'a malheureusement pas (encore) réussi à s'imposer dans la presse régionale en ligne.

Il reste que DijOnscOpe apparaît comme un remarquable pionnier qui a défriché un terrain qui ne demande qu'à être investi. Cela viendra, inéluctablement, car c'est le sens de l'histoire. Changer de modèle économique en cours de route, dans la presse ou ailleurs, est toujours un exercice périlleux.

Le journal doit remplir deux fonctions : organiser l’espace public mais aussi produire des révélations. Révéler d’abord au sens de tendre un miroir à la société, pour qu’elle prenne conscience de ce qu’elle est véritablement. C’était très net au moment de la Révolution française, parce que les citoyens avaient le sentiment d’entrer dans une société nouvelle. Le journaliste était alors un explorateur direct sur le terrain de cette société en train de se faire. Révéler aussi au sens de faire la lumière, de mettre le doigt là où cela fait mal. Le journalisme doit être la plaque ultrasensible des problèmes de la société. Un journal est l'instrument d’élucidation de ce qui se passe, un élément de réflexion sur le langage de la politique du moment.

AUXERRETV salue son confrère et sa courageuse consoeur. Longue vie à la presse en générale et à la presse en ligne en particulier, au bénéfice d'une information de qualité au service du citoyen et de la démocratie.

P-J. G.

 

La fin d'une belle aventure ....?

"Créé le 1er septembre 2009, votre journal en ligne dijOnscOpe a subsisté pendant deux ans grâce aux revenus publicitaires, avant d’opter pour l’abonnement fin 2011. Un an plus tard, les abonnements ne suffisent pas à maintenir l’exploitation ; dijOnscOpe est placé en redressement judiciaire.

"Comme annoncé, j’ai alors initié une remise en question profonde de nos choix économiques. M’appuyant sur un projet de développement efficace et rentable, j’étais parvenue à constituer les prémisses d’un tour de table d’investisseurs pour recapitaliser l’entreprise. Et obtenir un plan de continuation lors de notre audience prévue ce mardi 14 mai 2013 devant le tribunal de commerce de Dijon.

"Malheureusement, ce projet n'a - pour l'instant - pas abouti. Qui sauvera le "soldat dijOnscOpe" et son idéal de presse de la liquidation définitive ? Il nous reste désormais quelques heures pour réunir les 90 000 € nécessaires au maintien de notre activité. A compter de ce jour, qui consacre les 3 ans et 9 mois pile de notre journal, l'accès au site est librement ouvert à tous.

"A demain pour nos dernières nouvelles

Sabine Torres, directrice de DijOnscOpe