Fils de Jules Noël,  un conseiller d’Etat, il le devient lui-même à 24 ans seulement après des études de droit. La politique lui colle à la peau et sa carrière se développe sans temps de pause :  dès 1913 il est auditeur, maître des requêtes en 1924, chef adjoint du cabinet de Maurice Colrat de Montrozier, un député de la gauche républicaine démocratique. Puis les antichambres ministérielles et le travail proche avec le général Guillaumat, qui fait un bref passage au ministère de la Guerre dans le cabinet Briand.


Le 1er août 1919 il a épousé Simone, Augustine Ribière, fille de Marcel Ribière, avocat, conseiller d’Etat et maire d’Auxerre, chevalier de la légion d’honneur, député, sénateur.


Sa rencontre avec Pierre Laval le conduit à la diplomatie. Ministre plénipotentiaire en Tchécoslovaquie de 1932 à 1935 il voit la montée du nazisme. En 1935 il est envoyé comme ambassadeur en Pologne et là il constate les indices de la naissance de la seconde guerre mondiale. Il devient ambassadeur auprès du gouvernent polonais en exil à Angers jusqu’en juin 1940.

1935: ambassadeur en Pologne

 


On en arrive alors à la convention d’armistice du 22 juin 1940 signée dans la clairière de Rethondes avec Hitler : Les signataires sont les généraux Keitel pour l’Allemagne et Huntziger pour la France. Le Troisième Reich est représenté par le chancelier Adolf Hitler en personne, ainsi que Rudolf Hess, Hermann Göring, le ministre des Affaires étrangères Von Ribbentrop, le chef de la Kriegsmarine, l'amiral Raeder, et le commandant de la Wehrmacht, le général von Brauchitsch. Le gouvernement français a, pour sa part, délégué le général d'aviation Bergeret, le vice-amiral Le Luc et l'ambassadeur Léon Noël. Léon Noël refuse d’apporter son paraphe au bas de l’armistice.


 

Le témoignage de Léon Noël au sujet de Rethondes : « Pendant cette lecture, Hitler demeure impassible, baisse les yeux. […] Rien d’imposant, ni dans son attitude, ni dans son geste : tassé, fatigué, farouche, sous une casquette trop grande, entourée d’un ruban marron ; ses traits, ses mains sont vulgaires et sans expression. »


D'Hitler, le frappa aussi « l'air morne, le regard d'un bleu indécis comme celui de certains nouveau-nés..., la casquette ridicule parce qu'elle dissimulait un casque... Il n'y avait rien à faire. Nous étions là pour entendre un diktat. Moi qui n'étais venu que pour évoquer l'Alsace, ayant été préfet du Haut-Rhin, je n'ai même pas pu prononcer le mot... »


Quant à Wilhelm Keitel… « Si je n'avais pas su l'allemand, j'aurais pu croire qu'il s'apprêtait à nous faire fusiller sur le champ. Ce n'était qu'un aboiement furieux... ».

 


Le 23 juin la même délégation française se rend à Rome, dans la Villa Incisa all’Olgiata où le même accord est signé à 19h30 en présence du maréchal Badoglio pour entrer en vigueur le lendemain à 1h30.

 


Le maréchal Pétain le nomme délégué général dans la zone occupée le 9 juillet 1940. Il veut veiller au respect scrupuleux des termes de l’armistice et affirmer la souveraineté du gouvernement français sur le territoire national, en quoi il s’oppose à Laval devenu entre-temps vice-président du Conseil. Il démissionnera cependant au bout de dix jours seulement suite à son désaccord avec Vichy. « Il est formellement rappelé aux chefs d'entreprise que l'armistice n'est pas la paix, et que cela ne constitue qu'une suspension des hostilités, que, juridiquement, la guerre continue et qu'en principe les Français qui accepteraient d'apporter leur concours aux Allemands tomberaient sous le coup des lois visant l'intelligence avec l'ennemi [...]. »


En 1943 il se rallie à de Gaulle et devient l’un des chefs de file de la résistance parisienne et nationale en organisant des réunions clandestines chez lui. Il passe la guerre entre Paris et Toucy. En 1944 il est nommé vice-président du Conseil d’Etat et en 1948 rejoint le Rassemblement pour la France du Général de Gaulle. En 1951 il est élu député de l’Yonne. De Gaulle lui confie, en 1959, la première présidence du
Conseil Constitutionnel qu’il préside jusqu’en 1965.


Pour sa dernière mission le 20 janvier  1966, le premier ministre le charge d’établir une proposition de réforme concernant l'organisation, la composition et le fonctionnement des services de police ainsi que leur rapports avec la justice - sujet qu'il connaît bien pour l'avoir suivi de près depuis son passage à la tête de la Sûreté générale.

 

Paris, 28 mars 1888 – Château Les Monins, Toucy, 6 août 1987

 

                                                                                                     Suzanne Dejaer