Avec sa bouteille et son bouquet sur le ventre et son brassard rouge de capitaine, Cédric Hengbart salue une dernière fois la foule de ce stade béni qui lui a rendu un hommage chaleureux pour son dernier match à Auxerre (DR)

 

Il n'a rien lâché. Il était milieu de terrain de couloir en phase offensive et de tous les coups y compris défensifs.

Cédric Hengbart à la conclusion de deux actions d'un match de fin de saison de l'AJA à Sochaux, fut celui qui expédia contre toute attente, Auxerre en Ligue des Champions contre le Milan AC (Associazione Calcio), le Real de Madrid et l'AJAX Amsterdam.

Contre Clermont dans un match sans véritable enjeu, "le vieux" a tout donné. Comme toujours, génréreux dans l'effort. Tout le monde ne peut-il en dire autant ? Mais ainsi vont les matchs, ainsi va la vie.

En fin de rencontre, il s'est déchaîné, multipliant les appels sur le flanc droit sans jamais négliger les replis défensifs. Il initia quelques actions perforantes mais les attaquants, Sanogo notamment, ne se montrèrent pas à la hauteur de leur partenaire dans sa quête désespérée de trouver une conclusion à la dernière seconde. Benefica en connaît un rayon.

Après le coup de sifflet final, Langil tout seul s'en est allé saluer les supporters et donner son maillot à la tribune Leclerc. L'adieu personnel comme le dribble de Steven garnement incompris. Une poignée de joueurs l'avaient suivi de loin dont Bourgeois, Meïté et Sanogo orphelin. Puis ils sont revenus à l'entrée du tunnel pour faire une haie d'honneur improvisée à Cédric, leur capitaine, Cédric Hengbart. Il y avait là, à peine, la moitié de l'équipe - plus coach Casoni - car nombre de joueurs étaient rentrés directement aux vestiaires. L'hommage fut empreint de simplicité et d'authenticité auquel se joignit le public qui fit vibrer le stade Abbé-Deschamps comme il sait le faire. Avec ferveur.

Fleurs, chablis et émotion

Le président Guy Cotret et le directeur général Hérrault étaient là eux aussi, pudiquement plantés, à l'entrée du tunnel, un peu timides, comme gênés d'être là, de voler par effraction un peu de ce bonheur collectif, une aventure à laquelle ils n'auraient pas pris part. Le second remit une bouteille (de chablis ??)  et le premier un bouquet de fleurs au capitaine auxerrois. Et ils y ont ajouté une petite tape discrète sur l'épaule. Instants émotion. Triste sortie, triste sort que celui-là. Rien à voir avec les effusions sur la pelouse de Sochaux, troisième place en poche synonyme de qualification en match de barrage pour accéder aux matchs de poule de la Champion's Ligue (1). Et quel barrage ce fut contre le Zénith Saint-Pétersbourg, le stade plein à craquer et ces déflagrations de joie par deux fois. Les Russes qui s'y voyaient déjà, n'avaient plus que leurs yeux et la vodka pour pleurer.

Oui, Cédric Hengbart est le symbole vivant de ces années là, les années Fernandez celles du recrutement externe tous azimth qui a plombé le club et le miracle d'une qualification contre le Madrid de José Mourinho et l'AC Milan de Massimilano Allegri que Langil n'oubliera jamais pour avoir vendangé une balle de match. Non Cédric n'a pas été formé au club, oui c'est un bosseur, oui c'est un besogneux qui sait dépasser ses limites, oui c'est un joueur qui a progressé au point de frôler une sélection en équipe de France (il fit partie d'une présélection).

Avant tout, Cédric Hengbart est un professionnel qui a toujours su faire face, que ce soit dans les moments de bonheur ou dans les pires instants du club du patro. Hengbart est un joueur mais aussi homme attachant. On lui souhaite bon vent. À Ajaccio ou ailleurs.

 

P-J. G.

(1)

Depuis 1984, L'AJA fondée en 1905, a disputé au total 128 matchs européens.

 


De gauche à droite après la haie d'honneur de ses partenaires, Casoni, Herrault, Cédric Hengbart, Cotret et Langil qui a offert son dernier maillot à la tribune Leclerc la populaire (DR)