Les élus de la majorité départementale ont estimé que le conseil général n'avait pas la compétence légale pour juger un homme et le destituer de ses fonctions. Cette position a été définie par les élus de la majorité lors de suspensions de séance qui ont fait suite au dépôt d'un voeu des élus de l'opposition concluant à la demande de démission d'Alain Drouhin de son mandat de délégué du Département au conseil d'administration de DOMANYS, premier bailleur social de l'Yonne.

Devant ce qu'ils ont qualifié de "pirouette" et de "coup de botte en touche", les élus de l'opposition ont retiré leur voeu considérant qu'un vote sans la participation des élus de la majorité n'avait plus de sens. Ils préparent une nouvelle proposition.

 

André Villiers a marqué des points, vendredi matin devant l'assemblée départementale, du moins sur le plan politique. Qu'en penseront les citoyens sur le fond est une autre histoire (DR)

 

On se demandait comment le président UDI du conseil général de 'lYonne allait se tirer du bourbier dans lequel semblait empétrés le conseil général et la majorité départementale, vendredi matin, à la session de rentrée de l'assemblée. La réponse ne s'est pas fait trop attendre : André Villiers s'est comporté en véritalbe patron du département en plaçant le groupe d'opposition sur le reculoir d'entrée, demandant à son porte-parole Dominique Bourreau, maire et conseiller général de Villeneuve-la-Guyard, d'en venir au fait en donnant lecture du voeu concluant à la demande de démission par retrait de la délégation à Alain Drouhin, patron de Domanys, assis tête basse à la tribune, blanc comme un cachet d'aspirine. 1-0 pour Villiers.

Le porte-parole de la gauche élargie eut peut-être le tort de se fixer en faisant un principe de la question préalable, accessoire, de savoir si le scrutin serait public ou à bulletin secret, ce qui fut une manière de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué et de se distraire de l'essentiel.

Après plusieurs suspensions de séance, l'affaire était dans le sac et l'issue trouvée par les élus de la majorité départementale qui fit donner de la voix à l'avocat Philippe Serré (Sens Ouest) lequel expliqua brillamment que le conseil général n'était pas qualifié pour juger un homme et encore moins lui faire rouler la tête sur le billot, ce qui s'apparenterait à une forme de procès stalinien. Un homme élu par un conseil d'administration, celui de Domanys, auquel la collectivité ne saurait se substituer. L'avocat renvoya en outre la question là où elle se posait à ses yeux, à savoir dans la conscience d'Alain Drouhin, seul à pouvoir se juger lui-même. Et Philippe Serré d'annoncer qu'il ne prendrait pas part au vote à l'image des élus de l'opposition qui s'étaient mis d'accord lors de l'ultime supension de séance. 2-0 pour Villiers.

Pierre Bordier, sénateur de  Saint-Fargeau, lui emboîta le pas tout en précisant qu'ils ne s'étaient pas concertés. L'ancien premier vice-président de Herni de Raincourt indiqua qu'à ses yeux ce qui importait n'était pas le fond, mais la situation présente et l'intérêt des Icaunais, des locataires et des salariés de Domanys dont une délégation était assise dans la travée réservée au public. Trouver des solutions pour améliorer le système importait le plus, aux yeux du sénateur qui estime contreproductif le fait que le conseil général se divise et s'oppose en son sein.

 

Le coup du chapeau

Alors que Jean-Marie Rolland ancien député UMP et président du conseil général avait déjà ramassé ses affaires, pris sa saccoche et quitté la salle, deux élus de l'opposition, Jean-Claude Carra (Brienon) qui ne s'est pas associé à la demande de démission et Cyrille Boulleaux (Villeneuve-sur-Yonne), exprimèrent leur point de vue sur la réalité Domanys, aujourd'hui, dans les communes, soulignant les nombreux problèmes tels que travaux mal exécutés, échéances non tenues, surcoûts insupportables, mauvaise organisation, précarisation des locataires..., on en passe et des meilleures. C'est alors que Dominique Bourreau lut finalement le texte argumentant le voeu en question et reprenant le fil de l'histoire, accablante pour Domanys il faut le souligner.

L'heure du vote venue, André Villiers porta l'estocade en rappelant que la majorité départementale ne prendrait pas part au vote faute de compétence pour le faire, mais invita le groupe d'opposition à voter s'il tel était son souhait.

Désarçonné un instant, Dominique Bourreau conclut que le groupe d'oppositon retirait son voeu car il n'aurait plus de sens dans ces conditions. 3-0 pour Villiers, le coup du chapeau.
Et d'annoncer que les élus d'oppostition allaient se concerter pour revenir à la charge dans le domaine de compétence du conseil général. Décryptage : en fait, les élus de gauche n'ont pas bétonné juridiquement leur "voeu". En outre, certes et on a bien entendu, ils ne comptaient pas dans leurs rangs un avocat professionnel du calibre de Philippe Serré, par ailleurs passionné de théâtre ce qui le rend encore plus sympathique.

La messe était dite, pour cette fois...

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

Questions à André Villiers avant la séance

 

 

 

VIDEO interview d'André Villiers après la session

 

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"L'intégrale"en 2 vidéos

Dans la vidéo ci-dessous : Ambiance et interview d'une représentante du personnel de Domanys

Les "Vidéo-Flash"

La motion présentée par le groupe d'opposition au conseil général

Pierre BORDIER, sénateur de l'Yonne, Saint Fargeau

Jean-Paul CARRA, Brienon