Les deux hommes ne seraient plus sur la même longeur d'ondes (DR)

 

Bizarre. La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre sans que personne ne s'y attende. Guy Cotret pas souriant pour un sou, a annoncé la nouvelle, jeudi après-midi, au personnel de l'AJA. Fabrice Herrault quitte le club et rejoint le bureau parisien d'Emmanuel Limido président de la holding Centuria Capital propriétaire de l'AJA. L'ancien directeur général de l'AJA sera chargé de rechercher de nouveaux investisseurs pour l'AJA... Le propriétaire voudrait-il devenir minoritaire ? Dès lors que Centuria Capital possède un peu plus de 65 % du capital, le restant appartenant à l'assocaition AJA....

En principe, Fabrice Herrault ne sera pas remplacé à son poste. Guy Cotret a demandé à chacun de s'investir un peu plus, et lui-même en premier dit vouloir donner l'exemple, car il est rare à Auxerre. Il réserve la nouvelle organisation pour le comité d'entreprise prévu le 25 novembre.

Comment interpréter cette annonce ?

Avant tout il faut reposer la question essentielle : pourquoi Centuria Capital et Emmanuel Limido ont-ils acheté l'AJA pour 5 millions d'euros au mois de mai ? Autrement dit, pourquoi une société d'investissement a-t-elle décidé de faire du mécénat à Auxerre ? Pour gagner de l'argent ? Non.... Pour en perdre? Non... Pour réaliser une opération financière ?

Dans cet ordre d'idée, force est de constater qu'en-dehors des 5 millions initiaux, il n'est pas question, semble-t-il, et Guy Cotret l'a affirmé haut et fort, que Centuria Capital ajoute au pot, bref, investisse davantage. D'aucuns estiment que Centuria Capital en acquérant l'AJA pour 5 millions (ce qui ne corespond pas au montant du capital), a réalisé une superbe affaire, compte tenu du patrimoine et de la notoriété du club dans le monde.

 

Revendre le club

Alors on peut poser la question de savoir en quoi consiste au juste la mission de Fabrice Herrault auprès de Emmanuel Limido. S'agit-il d'une simple mise à l'écart et d'une promotion pour masquer le désaccord voire les désaccords de fond entre Guy Cotret et Fabrice Herrault ? Ce dernier, faut-il le rappeler, est un homme de chiffres plus que tout autre chose. Il a été nommé pour exécuter l'indispensable plan de restructuration de l'AJA suite à la descente en Ligue 2 avec passage de budget de 36 millions d'euros à 22 millions d'euros (sous l'ère Bourgoin) puis à 17,5 cette saison et 14 millions la saison prochaine. Or le "coupeur de têtes" part sans avoir coupé de têtes c'est-à-dire sans avoir mis en oeuvre le plan social prévu, la direction du club ayant reculé compte tenu, notamment, des résistances internes.

Cela n'a pas empêché la restructuration du centre de formation où des entraîneurs ainsi que le directeur du centre ont été remerciés principalement, Gueirreiro, Henna, Vahirua et Charton. Idem à la direction des études du centre de formation, sous-traitées à une entreprise privée parisienne spécialisée dans l'enseignement par correspondance. Aux dépens de la quarantaine de profs du cru qui ont pourtant fait leurs preuves et porté haut leurs élèves par leurs résultats.

Huit d'entre eux ont saisi les Prud'hommes (audience le 23 novembre) tandis que les entraîneurs évincés du centre ont fait de même. Les dirigeants se seraient sans nul doute passés de ces conflits larvés qui peuvent empoisonner le quotidien et l'environnement du club.

Dans ces conditions, il n'est pas interdit de se demander si la mission de Fabrice Herrault ne consistera pas à chercher un repreneur. On ne voit pas Guy Cotret, compte tenu de son profil et de la variété des affaires qu'il mène, passer ses journées à Auxerre.

 

Limido maîtrise

Cotret-Herrault : une dispute entre copains d'aventure au Paris Fc puis à l'AJA, a peut-être fixé les limites du jeu. Emmanuel Limido se demande peut-être quelle mouche a bien pu le piquer de racheter l'AJ Auxerroise. À part faire plaisir aux deux amis et à un agent de joueurs.

Dans la négative, on aimerait savoir pourquoi.

Maintenant examinons une autre hypothèse. Il paraît clair que cette opération est parfaitement maîtrisée par Emmanuel Limido le boss, le propriétaire, le président du fond d'investissement Centuria Capital, un "petit" fonds d'investissement à l'échelle de ce qui existe.

Imaginons donc que le boss en question, au contraire, savait parfaitement ce qu'il faisait (ce qui paraît quand même élémentaire) en achetant l'AJA. Cela dit, un fonds d'investissement qui fait du mécenat, c'est du jamais vu.

Lorsqu'il achète, il pense inévitablement à la "sortie", à la revente. Avec une règle en vigueur, celle du TRI, celle du retour sur investissement, qui ne saurait être inférieure à 25 % de la somme investie.

Autrement dit, dans cette hypothèse, l'investisseur Centuria va revendre l'AJA à UN investisseur. Et non pas à plusieurs car plusieurs signifie perte de majorité. Revendre à UN investisseur permettrait à ce dernier en montant au capital, de reléguer l'autre actionnaire, en l'occurrence l'AJA association propriétaire des terrains et des installations bâties tel le centre de formation, rappelons-le), à moins de 2 % ... alors qu'elle en possède près de 40.

Qui d'autre que Fabrice Herrault, homme de chiffres, qui connaît à fond l'AJA, et peut affirmer que l'hémorragie est stoppée, pourrait négocier avec un autre investisseur, qui, comme lui, ne connaît que les chiffres et les effets de levier ...

Comment imaginer, aujourd'hui, qu'il suffirait d'un simple "vendeur" pour vendre l'AJA ...

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

En septembre, Fabrice Herrault a promis un Grand Format à AUXERRE TV au mois de novembre. On y est  (DR)