Photo Twitter Maxime Musqua (DR)

 

C’est Yann Barthès qui en a eu l’idée. Lundi dernier, sur le plateau du Petit journal , le présentateur de l’émission de Canal + a lancé le défi à Maxime Musqua (26 ans) de relier Vénissieux à Paris à pied, à l’occasion du trentième anniversaire de la Marche des Beurs.  Il est vrai que les questions raciales, polémiques sur les Roms, "Minute" assimilant Christiane Taubira à une guenon, racisme ordinaire, xénophobile, rejet de l'autre, ont repris force et vigueur. Cela dit, cette marche peut-elle avoir une incidence sur les mentalités et le contexte économique et social ? Il est permis d'en douter. Mais force est de constater qu'elle suscite un réel engouement.

Le chroniqueur, qui s’est fait comme spécialité de relever les paris les plus insensés, s’est exécuté dès le lendemain matin. Au total, huit étapes.

Les supporters sont nombreux qui suivent la marche sur Twitter (Maxime Musqua le clown musclé). Ils étaient 70 à Précy-sur-Thil, samedi matin alors qu'il gelait !

Lundi, il rallie Auxerre à partir de Vermenton et arrivera sans doute par les berges du canal et de l'Yonne. La petite troupe dormira à Auxerre. ce matin via Facebook et Twitter, ils cherchaient un logement.

Maxime Musqua devrait être reçu par le maire Guy Férez sur le perron de la mairie (18h30).

Le Petit Journal de Yann Barthès (18h30) rend compte tous les jours du périple.

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(1) La Marche pour l'égalité et contre le racisme, surnommée par les média Marche des beurs, est une marche antiraciste qui s'est déroulée en France du 15 octobre 1983 au 3 décembre 1983. Il s'agit de la première manifestation nationale du genre en France.

Durant l'été 1983, de rudes affrontements opposent policiers et jeunes dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, une ZUP dans la banlieue lyonnaise. Pendant les affrontements, Toumi Djaïdja, le jeune président de l'association SOS Avenir Minguettes, est grièvement blessé par un policier et transporté d'urgence à l'hôpital. Rodéos, incendies de voitures, dégradations urbaines, courses poursuite avec la police, sont à nouveau filmés, largement repris dans la presse

Le curé Christian Delorme – qui entend défendre Toumi Djaïdja des accusations calomnieuses dont il estime que le jeune homme est l'objet – et le pasteur Jean Costil, proposent alors aux jeunes des Minguettes une longue marche, inspirée par Martin Luther King et Gandhi. Deux revendications principales : une carte de séjour de dix ans et le droit de vote pour les étrangers. Toutefois, selon un chercheur, « Mogniss Abdallah à Nanterre ou Djida Tazdaït et les militants lyonnais de Zaâma d'banlieue n'étaient guère favorables à une initiative dominée par les animateurs de la Cimade (le père Christian Delorme et le pasteur Costil) qui n'étaient pas « issus de l'immigration » (Source Wikipédia)

 

 

Un film documentaire

Les Marcheurs, chronique des années beurs, de Samia Chala, Naïma Yahi, Thierry Leclère. Avec : Djamel Attalah, Farida Belghoul, Christian Delorme, Djida Tazdaït, Kaïssa Titous, Abdelaziz Chaambi, Azouz Begag, Rachid Taha, Magyd Cherfi...
Diffusion sur LCP : lundi 18 novembre à 22h30, samedi 23 novembre à 22h et dimanche 24 novembre à 18h00

 

Ce documentaire nous ouvre les yeux sur un jeu de dupes, dont les Français issus de l'immigration ne cessent de faire les frais...

Le film fait comprendre, avec finesse et puissance, comment la marche pour l'égalité fut instrumentalisée au moment où elle était baptisée “Marche des beurs”, par un paternalisme chafouin, efficace, imparable, incarné par Bernard-Henri Lévy ou Harlem Désir (“SOS Racisme”).

Le marketing remplaçait le militantisme, la morale dégoulinante supplantait l'action politique : place à la petite main de “Touche pas à mon pote”. Le badge valait conscience ! Toujours cette façon très française – donc indécrottablement coloniale – de transformer une question politique en décorum au nom des droits de l'homme.( Antoine Perraud, Mediapart)