Regardez comment les paysages se définissent d’un trait plus sombre, plus net, comment les ciels se dépouillent, tantôt nus et sans relief, tantôt vêtus de sombre et si proches de la terre qu’ils semblent s’y attarder. Finis les orages et leurs violences, les ciels parés comme des femmes ; tout s’est soudainement simplifié ou altéré entre les filets puissants des brouillards qui posent leur mystère alentour. On avance dans un monde qui a changé de nature, s’approprie le silence, se décline dans les tons neutres et cependant d’une furieuse acuité au point que, contemplant le littoral, j’aperçois, non plus mêlé et comme enlacé mais soudain pétrifié le double relief de la mer et du ciel.

 

Il fait bon rentrer chez soi, retrouver l’âtre et le feu, prévoir le long hiver qui enveloppera chaque chose dans sa parure de neige. Les jours se sont engrisaillés, ils tournent court dès 17 heures alors qu’un soleil blanc s’empresse à nous quitter. On a repris le goût des soirées autour d’un pot au feu et d’une soupe épaisse, des parties de cartes après dîner et des fêtes qui vont se succéder et seront essentiellement familiales dans l’attente de Noël. Déjà les villes s’activent à s’enjoliver dans un halo de lumière artificielle afin de compenser celui qui a choisi de regagner sa pénombre hivernale. Mais ne soyons pas tristes, il y a là une occasion providentielle à entrer en soi, à regarder ce qui nous entoure d’un œil  tranquille, à surprendre les couleurs gagnées d’un subit apaisement ; oui, c’est cela, la nature entière nous invite à la méditation, au recueillement. Il règne autour de nous une concentration bienheureuse.  

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

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