BUZZ
Une fin d'Automne
le mercredi 04 décembre 2013, 11:05 - BUZZ - Lien permanent
Pour moi l’hiver commence fin novembre. La raison en est que les couleurs, les lumières ont cessé de se nuancer. Après s’être opposées, elles se figent. Désormais, nous ne sommes plus dans l’éclat mais la matité
Regardez comment les paysages se définissent d’un trait plus sombre, plus net, comment les ciels se dépouillent, tantôt nus et sans relief, tantôt vêtus de sombre et si proches de la terre qu’ils semblent s’y attarder. Finis les orages et leurs violences, les ciels parés comme des femmes ; tout s’est soudainement simplifié ou altéré entre les filets puissants des brouillards qui posent leur mystère alentour. On avance dans un monde qui a changé de nature, s’approprie le silence, se décline dans les tons neutres et cependant d’une furieuse acuité au point que, contemplant le littoral, j’aperçois, non plus mêlé et comme enlacé mais soudain pétrifié le double relief de la mer et du ciel.
Il fait bon rentrer chez soi, retrouver l’âtre et le feu, prévoir le long hiver qui enveloppera chaque chose dans sa parure de neige. Les jours se sont engrisaillés, ils tournent court dès 17 heures alors qu’un soleil blanc s’empresse à nous quitter. On a repris le goût des soirées autour d’un pot au feu et d’une soupe épaisse, des parties de cartes après dîner et des fêtes qui vont se succéder et seront essentiellement familiales dans l’attente de Noël. Déjà les villes s’activent à s’enjoliver dans un halo de lumière artificielle afin de compenser celui qui a choisi de regagner sa pénombre hivernale. Mais ne soyons pas tristes, il y a là une occasion providentielle à entrer en soi, à regarder ce qui nous entoure d’un œil tranquille, à surprendre les couleurs gagnées d’un subit apaisement ; oui, c’est cela, la nature entière nous invite à la méditation, au recueillement. Il règne autour de nous une concentration bienheureuse.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
Commentaires
Douce consolation que la poésie alors que tout s'agite autour de nous dans un mélange de bruits de crise et de guerre, de peine et d'espoir déçu et alors que la belle nature chagrine de l'automne nous laisse entrevoir l'image ensoleillée du printemps qui vient, celle sans beauté du quotidien vécu nous offre l'image d'un tunnel éternellement obscur.
Non... voici la première strophe du poème célèbre de Verlaine ... même si Trenet et Ferré qui la chantent disent ... "bercent..."
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
La suite du poème se compose des deux strophes suivantes :
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà , delà ,
Pareil à la
Feuille morte.
Les sanglots longs de l'automne, bercent mon coeur d'une langueur monotone ...
Quelle belle évocation de l'automne... qui a ses beautés indéniables mais que nous négligeons parfois dans un frisson hostile à l'idée de l"hiver qui n'est pas bien loin...