Et malgré tout, on voulait tellement y croire, que de hauts en bas et de bas en hauts on se disait « tout va finir par s’arranger… oui on approche… oui encore tenir un peu plus longtemps… » et la chute n’en est que plus dure.


Pour Bernard Casoni, qui n’a jamais été à l’aise pour autant que je puisse comprendre ce que j’ai vu depuis le début. En foot, je ne connais pas grand-chose. Et j’aurais du mal à bluffer les supporters. Mais je vois les gens sans y penser. Mon premier regard sur Casoni en contact avec Mr Cotret a vu du malaise et un mur. Mais il a dû y croire aussi, malgré tout. Qui imagine être le pion d’un plan, d’un naufrage orchestré ? Pas lui, c’est un homme direct, combattif et volontaire qui, comme nous tous, a pensé que le terrain d’entente n’était pas loin du terrain vague sur lequel tout commençait. Il a décidé, parce que c’est ainsi que les choses fonctionnent normalement, qu’il aurait le temps de faire sa marque, de guider sa troupe, de ne plus être jugé avec méfiance.


Les supporters et son team l’aimaient. Il y eut quelques mois au cours desquels une vraie  joie brillait dans ses sourires. Ce fut bref. Tellement éphémère. J’ai vu qu’il « savait » rien qu’à la façon qu’il avait de ne plus sourire ainsi, peu avant la montée sur le toit de la cathédrale. Il y avait en lui, déjà, le poids de ce dont il ne doutait plus.Parce qu’on a grignoté tout ce qu’il avait de bon à disposition, lui demandant de se débrouiller au mieux avec ce qu’on lui laissait. L’accusant sans cesse de ne pas savoir transformer quelques gamins encore bien immatures en professionnels qui feraient se lever les gradins dans un Hooooo admiratif, comme dans un film américain.

 

Les nouveaux propriétaires de l’AJA sont incompétents. Connaissent peut-être l’argent mais pas les hommes. Croient que parce qu’on a acheté quelque chose… ça doit marcher sur un coup de sifflet. Sinon on casse ou on revend. Les incompétents, ce sont eux. Bernard Casoni, même s’il n’avait eu que des flops, a prouvé que dans des conditions de travail inhumaines, il gardait l’amour de ce qu’il fait. Que diraient ces dirigeants si leur fille ou leur gendre était engagé quelque part où, de semaine en semaine, on revoit son cas, que l’on garde « en vie » à coups de prolongations qui exigent de faire ses preuves d’ici la prochaine entrevue de contrôle ? Parleraient-ils de harcèlement, puisque ça serait le cas, ou diraient-ils, s’essuyant la bouche en cœur après une gorgée de bon vin… « les affaires sont les affaires, money is money » ?

 

Faire partir Casoni ne résoudra rien pour l’AJA. Au contraire. Et si je le regretterai sincèrement, je lui souhaite de retrouver paix et enthousiasme ailleurs, avec des gens qui aiment le foot pour le foot et non parce que surtout, accessoirement aussi, ça peut faire du bel argent. C’est peut-être lui qui sera le seul à bénéficier de son « licenciement »… L’AJA n’aura plus que les bras de ses « propriétaires » pour aller pleurer.

 

                                                                                            Suzanne DEJAER