La Maison natale de Colette à Saint-Sauveur  revit ... (DR)

 

« J'ai été très bien élevée. Pour preuve première d'une affirmation aussi catégorique, je dirai que je n'avais pas plus de trois ans lorsque mon père me donna à boire un plein verre à liqueur d'un vin mordoré, envoyé de son midi natal : le Muscat de Frontignan.»

 

« Ne mangez pas la truffe sans boire. A défaut d’un grand ancêtre bourguignon au sang généreux, ayez quelque Mercurey festif et velouté tout ensemble. Et buvez peu, s’il vous plaît. On dit dans mon pays natal, que pendant un bon repas, on n’a pas soif, mais bien faim de boire. »

 

 

Colette, amoureuse d’une vie qui distille le plaisir par toutes ses sources. Le toucher de la peau, la saveur des bouches, l’éblouissement des couleurs, des odeurs rustiques et puissantes, la sensualité des mets fondant sur le palais, la tendre caresse sifflée du vent dans les feuillages, et la bénédiction du vin, issu de la vigne qui, disait-elle, rend intelligible ce qu’est la véritable saveur de la terre.

 

 

Ce mardi soir de juillet, les caves Bailly Lapierre, bien connues pour leur Crémant de Bourgogne, se font chevaliers de la dame, dans la lutte pour réhabiliter sa maison natale de Saint-Sauveur, et sortent deux cuvées spéciales, une de blanc et une de rosé : J’aime être gourmande L’espoir est que la vente de la cuvée permettra de financer une partie des travaux nécessaires pour que la chère maison de Saint-Sauveur en Puisaye, tant aimée de Colette, abrite encore longtemps, dans ses murs bienveillants, la mémoire des joies de la belle.

 

Dans le cadre des Rencontres Colette, l’association « La maison de Colette » inaugure, le 23 juillet 2014, le festival Comme ça me chante, qui durera jusqu’au 27, et accueillera Felicity Lott, Lambert Wilson, Stéphanie d'Oustrac, François le Roux…

   

A voir aussi le dimanche 27 juillet 2014, l’exposition Colette et le vin à Cairannede 16h00 à 23h00. Renseignements et réservations : 04.90.30.86.53

 

On la sauvera, cette maison souriant sous le frôlement incessant des souvenirs…

 

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                                                    Suzanne DEJAER

 

 

 

 

Colette filmée chez elle


En 1951, la toute jeune cinéaste Yannick Bellon tourne un film mettant en scène Colette elle-même dans son appartement du Palais-Royal. Installée dans son lit-radeau, elle discute avec Maurice Goudeket, découvre les légumes rapportés du marché par Pauline, reçoit son ami Jean Cocteau. C'est Colette elle-même qui commente les images de ses différentes maisons avec un texte original qu'elle a écrit en rattachant de manière invisible des extraits de livres sélectionnés par Yannick Bellon. On peut aussi entendre Georges Wague évoquer les souvenirs de Colette mime et comédienne.
Maurice Goudeket et Pauline ne sont pas très naturels dans la mise en scène de la vie quotidienne mais c'est un document inestimable pour les amoureux de Colette.

 

 

 

La vrille verte


Le 11 février 1946, sur papier à en-tête de l'Académie Goncourt, Colette s'enthousiasme pour « la "Vrilles vertes" » (sic) dont elle vient de recevoir une livraison envoyée par Lucien Brocard. On ne sait pas pourquoi, elle passe du singulier au pluriel. Sans doute à cause du titre de son livre « Les vrilles de la vigne ».
Elle confirme d'ailleurs dans le texte de la lettre cette confusion.

A cette époque, la consommation de vin à tous les repas était habituelle. Tous les négociants proposaient des cuvées d'assemblage de vins de provenance différentes dont ils assuraient la continuité organoleptique pour que le consommateur retrouve, dans la durée, les qualités qu'il appréciait.

Que Colette annonce préférer le "Vrille verte" au champagne il y a un mystère d'autant que la lettre évoque d'autres sujets et que le texte n'est pas une rédaction publicitaire de commande.

Cinq ans plus tard, avec l'accord de Colette bien sûr, Lucien Brocard utilisera un fac-similé de la lettre autographe pour promouvoir sa cuvée "Vrille verte".