Emmanuel Limido, propriétaire majoritaire de l'AJA, loue mais n'est pas tendre avec ses prédecesseurs ... (DR)

 

Voici le texte de la communication d'Emmanuel Limido que l'on peut aussi trouver sur le site internet de l'AJA.

"Le projet pour l'AJ Auxerre : rendre au club ses lettres de noblesse dans l'esprit d'une contribution au développement de la Ville, du Département et de la Région.
A tous les amis, supporters, sponsors, collaborateurs, journalistes, élus, sportifs et associations qui soutiennent l'AJ Auxerre, qu'ils soient de l'Yonne, de Bourgogne ou d'ailleurs en France .
Une saison après ma prise de contrôle majoritaire dans le capital de la SAOS AJA, il est utile de faire un point d'étape et de tracer des objectifs dans lesquels chacun devrait pouvoir se reconnaître et qui, je le souhaite, susciteront une forte adhésion.
Mon investissement il y a un peu plus d'un an a été rendu nécessaire par un séisme industriel et a représenté une rupture historique dans la vie du club.


Le séisme : la faillite annoncée de l'AJA avec ses conséquences irrémédiables - aussi bien sportives que financières - pour toute la communauté icaunaise liée à l'action sportive et associative développée depuis des décennies, avec coeur et dévouement, par des femmes et des hommes le plus souvent bénévoles et toujours dans l'intérêt général. L'abbé Deschamps était prêt à se retourner dans sa tombe.

La rupture : l'entrée majoritaire au capital de la SAOS d'un investisseur privé, tournant irrévocablement une page sur la gestion associative du passé, et mettant en place un système de gestion moderne et plus efficace, avec une gouvernance transparente et des objectifs clairs.
De manière apparemment paradoxale, c'est le mode de gestion historique, généreux et désintéressé, qui a conduit le club au bord du gouffre où il se trouvait début 2013.
Car la gestion du club par l'Association, qui porte, en tant qu'actionnaire unique jusque là la totalité de la responsabilité du fiasco, a progressivement été dévoyée.


Les préoccupations personnelles et les ego l'ont emporté sur la vocation première et l'AJA n'a plus bénéficié des garde-fous et contrôles nécessaires à la conduite complexe d'un club professionnel moderne. De nombreuses traces existent encore de ces errements passés mais qui n'effacent pas le mérite énorme de ceux qui ont fait l'histoire du club.

Le club et le centre de formation résonneront longtemps des célèbres coups de gueule de Guy Roux, l’homme qui a fait l’AJA et qui est un des pères de la formation des jeunes au plus haut niveau. Sa place au Panthéon du club est un dû et un droit.

Ce sont moins les hommes qui sont en cause dans la faillite que l'inaptitude d'une organisation associative à faire face aux défis d'une économie globalisée où les repères se perdent rapidement. Mais les hommes ont leur part de responsabilité malgré tout, même si leur engagement dévoué ne doit pas forcément être remis en cause.
Il n'en reste pas moins que je suis intervenu financièrement à la demande explicite de l'actionnaire unique de l'AJA, l'Association donc, en urgence, en avril 2013.
Je suis venu parce que j’ai été invité.
Je suis intervenu au tout dernier moment car jusqu'au bout il avait été, semble-t-il, espéré que des solutions locales permettraient le sauvetage du club.
Cela n'a pas été le cas.

Pour quelles raisons ? Chacun fera son analyse mais le constat est là : malgré un soutien permanent et confirmé des collectivités territoriales, il ne s'est pas trouvé suffisamment de ressources financières locales, alors que l'Association actionnaire est constituée d'éminents représentants de l'establishment auxerrois, pour sauver ce monument de la vie publique et sportive régionale.

Depuis le sauvetage du club en avril 2013, beaucoup de choses positives ont été réalisées, parfois en tâtonnant et parfois dans l'adversité, certaines habitudes n'évoluant pas facilement, mais le résultat est probant. Evidemment de nombreuses difficultés subsistent et le chemin à parcourir est encore long. Le travail de redressement engagé doit être poursuivi.

Je rends hommage au Président bénévole, Guy Cotret, qui a su prendre et faire respecter des décisions difficiles, tout en maintenant un équilibre nécessaire entre engagements sociaux, résultats sportifs et contraintes financières.

Une des grandes qualités de Guy Cotret est sa capacité à s'entourer d'hommes de valeurs, respectés dans leurs métiers. Jean-Marc Nobilo, Baptiste Malherbe, Jean-Luc Vannuchi, qui ont rejoint des personnes méritantes déjà présentes dans le club comme Monique Rappeneau, forment aujourd'hui autour de lui une équipe de management soudée et efficace.
C'est la pierre angulaire de nos succès futurs.

Sous la férule de Jean-Marc Nobilo, notre nouveau centre de formation a gagné en un an ses lettres de noblesse : une gestion professionnelle alliant rigueur organisationnelle et respect des budgets et des résultats probants - coupe Gambardella, championnat U14.

Les grands clubs européens ont pris conscience de ce renouveau, avec ses avantages (valorisation de nos joueurs) et ses inconvénients (la protection juridique dont bénéficient les clubs formateurs est insuffisante comme le montre le cas du joueur Ambrose qui a été pris à Manchester peu de temps après mon arrivée).

Mais il est incontestable que la nouvelle "académie AJA" inspire le respect, voire l'envie, de la profession.
L'équipe première a frôlé l'accident majeur la saison passée, en évitant de peu la relégation.

Ce piège a pu être heureusement évité, grâce au charisme et au professionnalisme de notre nouvel entraîneur, Jean-Luc Vannuchi, que le Président Cotret a courageusement et judicieusement imposé, à 10 journées de la fin du championnat, et contre l'avis de l'Association devenue actionnaire minoritaire.

Le très mauvais résultat sportif de l’équipe première, la saison passée, est dû à divers facteurs.
D'une part, nous n'avons pas su bâtir une équipe compétitive lors du mercato d'été 2013. Les raisons : manque de temps, manque d'expérience, comportement peu proactif de Bernard Casoni - certes bon technicien mais dont le centre d'intérêt principal ne se situait pas tout à fait à Auxerre - et contraintes financières extrêmes imposées par la DNCG.

D'autre part, nous avons perdu en décembre sur blessure le gardien Olivier Sorin, ce qui a déséquilibré une défense jusque là parmi les meilleures de la compétition.
Par ailleurs, notre refus de prolonger le contrat de Bernard Casoni a définitivement creusé le fossé entre lui et nous. Les performances sportives s'en sont naturellement ressenties.
Et finalement, nous avons vendu notre meilleur buteur, Paul-Georges Ntep, ce qui a aggravé notre inefficacité déjà patente en attaque.

C'est pourtant cette vente, qui aurait pu être la cause directe de notre relégation, qui nous permet aujourd'hui d'avoir une toute relative éclaircie financière.
Le Président Cotret doit être félicité pour avoir su valoriser au-delà de toutes nos prévisions ce joueur talentueux mais très jeune.
Mais il est vrai que Paul-Georges Ntep a été formé à Auxerre.
L'idéal eut été de le garder jusqu'à la fin de la saison mais cela n'a pas été possible.
C'est avec une AJA reprise en main, dotée d'une équipe de management reconstituée, de finances encore vulnérables mais qui suivent l'évolution annoncée au départ, d'un centre de formation en pleine confiance et d'une vraie ambition pour l'équipe première que je propose un projet d'avenir.

Ce projet repose sur un double constat :
- La place de l'équipe première de l'AJA est en L1.
- L'excellence du centre de formation de l'AJA justifie de lui donner un rayonnement international, dans le cadre de la grande initiative des pouvoirs publics français, la "Diplomatie Sportive". Ce faisant, les collectivités territoriales, qui ont soutenu l'AJA durant toutes ces années, pourront aussi bénéficier de ce développement.
Mon projet pour l'AJA est de réaliser les deux objectifs suivants, nécessitant des moyens complémentaires.


1- Les objectifs

- Remonter en L1.


Cette remontée ne se décrète pas mais elle se prépare. Il faut reconstruire après avoir stabilisé. Nous y travaillons.
L'équipe première en cours de constitution devrait donner beaucoup plus de satisfactions, au niveau des performances mais aussi au niveau de la qualité de jeu, si on en croit les premiers commentaires.
Nous sommes limités pour le moment par nos contraintes financières et notre volonté de ne pas sacrifier le social au sportif.

Pour être plus confiant dans une remontée en L1 assez rapide, il serait important de pouvoir faire un ou deux recrutements complémentaires. Mais pour cela des ressources financières complémentaires aussi sont nécessaires.
Nous savons que l'argent ne fait pas le résultat sportif mais nous savons aussi que le manque d'argent peut nuire au résultat. Nous allons avoir environ 4 M€ de déficit cette année en L2 et chaque jour qui passe montre que la DNCG est intraitable, à bon escient, sur les problèmes financiers.


Nous souhaitons donc renforcer nos moyens financiers pour pouvoir pérenniser le club et pouvoir raisonnablement et modérément investir si l'occasion se présente. La valorisation des jeunes professionnels formés chez nous restera la priorité toutes les fois que cela sera possible.


- Porter le Centre de Formation à l'international - appelons le "AJA Academy"


Le faire est presque naturel tant l'aspiration de certains pays émergents est forte de faire bénéficier leur jeunesse de toutes nos années d'expériences et de succès en la matière. Et notre remontée espérée en L1 renforcera notre attractivité.
Nous avons le plein soutien des pouvoirs publics français et de multiples contacts internationaux sont en cours, qui justifient maintenant la mise en place d'une organisation dédiée à laquelle Basile Boli, joueur emblématique du système AJA Academy, a accepté de se joindre.
Créer des départements étrangers à Auxerre, implanter chez nos partenaires des AJA Academies, accueillir un ou deux joueurs étrangers d'exception dans nos équipes pros ou semi-pros sont les principaux axes de cette initiative.
Cela permettra également de donner aux professionnels du football français - entraîneurs, formateurs, soigneurs, etc... - des débouchés nouveaux et participants au développement export de notre savoir-faire national.


2- Les moyens complémentaires


Le projet, dans ses deux composantes ci-dessus, nécessite des moyens financiers complémentaires à ceux disponibles aujourd'hui, sans pour autant négliger la poursuite des économies auxquelles tous les acteurs, dont l'Association, doivent impérativement participer concrètement, et dont tous récolteront les fruits quand les objectifs seront atteints.
Ces moyens financiers complémentaires peuvent se trouver de deux manières et les deux doivent être envisagées.

La première est en interne en valorisant par un refinancement bancaire les actifs immobiliers du club qui sont actuellement co-détenus par la SAOS (environ 55% en valeur) et l'Association (45% donc). A condition de mettre en commun ces actifs, nous devrions pouvoir dégager des ressources propres pour améliorer nos chances d'accession à la L1.


La deuxième est en faisant appel à un ou plusieurs partenaires extérieurs qui interviendraient par augmentation de capital, de la même façon que je l'ai fait il y a un an. Au-delà des étrangers, les partenaires icaunais et français qui souhaitent s’associer au projet du club sont les bienvenus.
Les actionnaires actuels verraient leurs participations diluées mais il serait fait en sorte que l'Association ne descende pas en dessous de 10%. Ce seuil de 10% correspond à ce qui est assez souvent observé dans les clubs professionnels où les associations ont encore une participation.
Le renforcement des moyens financiers du club, étape nécessaire dans la réalisation de nos projets est donc à notre portée, pour autant que l'esprit de coopération qui s'est établi, tant bien que mal entre la SAOS et l'Association, se maintienne et se renforce.

Nous partageons tous une responsabilité importante vis à vis des anciens qui ont porté les valeurs de l'AJA vers des sommets et vis à vis des jeunes, de toutes origines, qui continueront à en bénéficier longtemps. Nous sommes redevables envers les supporters, qui sont le terreau dans lequel plongent nos racines, et envers les collectivités territoriales sans qui nous n'aurions pas existé.

Je souhaite que le projet que j'ai dessiné obtienne le soutien et l'enrichissement de tous ceux qui le pourront et qu’ensemble nous continuions à écrire la grande histoire de l'AJA.
Mon engagement personnel, ainsi que celui de toutes les équipes de l’AJA, pour atteindre cet objectif est total et sera indéfectible."

Emmanuel Limido
Juillet 2014

 

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Commentaire

 

Le nerf de la guerre ...


Devenu actionnaire majoritaire de l'AJA via sa filiale AJA XXL, Emmanuel Limido le patron de Century Capital qui détient aussi la filiale Paris-Luxembourg Participations, actionnaire d'AJA XXL, la société majoritaire (55 à 60 %) au sein de la SAOS AJA (que préside Guy Cotret) dont l'autre actionnaire est l'association AJA (l'ancien patro) présidée par Michel Parmentier ;  s'attaque désormais à la seconde phase du chantier, sans doute la plus importante : la prise de contrôle totale du club via son patrimoine foncier et immobilier (assuré pour 42 millions d'euros) dont la majeure partie appartient à l'association par le truchement de Famille AJA. Sans débourser un sou nouveau.

Comment ?

Par la mise en commun des actifs en valorisant par un refinancement bancaire les actifs immobiliers du club (pour en vendre ?) et l'introduction de nouveaux partenaires au capital. Comme l'écrit très clairement Emmanuel Limido : "Les actionnaires actuels verraient leurs participations diluées mais il serait fait en sorte que l'Association ne descende pas en dessous de 10%. Ce seuil de 10% correspond à ce qui est assez souvent observé dans les clubs professionnels où les associations ont encore une participation."

Enfin, le message d'Emmanuel Limido se fait limpide après avoir tressé des lauriers tous azimuts dans la première partie de son discours : "(...) Nos projets est donc à notre portée, pour autant que l'esprit de coopération qui s'est établi, tant bien que mal entre la SAOS et l'Association, se maintienne et se renforce."(...)

Nous y voilà. CQFD.

Quant au centre de formation de la route de Vaux rebaptisé  par le boss AJA Academy, ni Castelletto ni Berthier n'ont eu le bac au mois de juin.

Il est vrai que depuis la rentrée dernière, les études et la direction des études ont été sous-traitées à une entreprise privée parisienne qui "enseigne" par correspondance. Un contrat prolongé en dépit de résultats scolaires nettement en dessous d'avant : 64% de réussite au bac.

 

 

Pierre-Jules GAYE