Jacques Berthier (D.R.)

 

C’est son père Paul, organiste à Auxerre, qui fonda Les petits chanteurs à la croix de bois de la ville… Le mur de sa chambre d’enfant était aussi celui de la salle de musique paternelle, qu’il entendait ainsi jouer la nuit, plongeant doucement dans un sommeil porté par les notes de la musique ecclésiale. Une enfance aux relents d’encens, de chœurs, d’apparats liturgiques, où retentissaient les âmes de Bach, Giovanni Pierluigi dà Palestrina et autres compositeurs inspirés par la foi et sa puissance.

Laudate Dominum, chanté à de nombreuses messes de mariage, Ubi Caritas, Fais paraître ton jour, Qui mange ma chair et bois mon sang, Au cœur de ce monde… ne sont que quelques titres choisis au hasard parmi les 500 chants liturgiques nés de ce grand compositeur auxerrois au service de l’Eglise.

 

 

Après la guerre il entre à l’école César-Franck. C’est ainsi qu’il épousera Germaine, la fille d’un de ses professeurs, Guy de Lioncourt. Ils auront 4 enfants et leurs deux noms sont souvent associés, elle en tant qu’auteur et lui comme compositeur.

Homme gai, mystique, profond, direct, chaleureux, il était aussi sans orgueil, ouvert aux suggestions, dénué de vanité. Un homme simple et bon, doté d’un humour sain, comme se le rappellent ses enfants. Un homme libre d’esprit aussi, avec une douce fermeté. « Inclassable »… Certains le considéraient « de gauche » puisqu’il composa près de 100 cantiques pour la communauté de Taizé, tandis que d’autres lui reprochaient son « esprit conservateur » parce qu’il restait attaché aux chants grégoriens et lisait L’homme nouveau.

 

Avec Marie-Noël (D.R.)

Alors que titulaire de l’orgue de St Ignace à Paris, un prêtre brésilien de passage fit la prêche, dont le thème fut la théologie de la libération. Aussitôt terminée, Jacques Berthier, qui avait l’habitude de clôturer les homélies par une improvisation de circonstance, libéra une interprétation de l’Internationale… Il faut dire que ses improvisations suivant les homélies étaient si savoureuses que d’aucuns venaient de loin à St Ignace…

En 2006 il est honoré, à titre posthume, du Jubilate Deo Award (Prix donné aux compositeurs de musique sacrée)

 

                                                         Suzanne DEJAER