Joseph Fourier, par Nacèra Kainou (DR)

Engagements et actions politiques de savants, comme, Fourier, Paul Bert, Monge ou Laplace :  tel était le thème de cette journée des sciences, samedi, à CANOPÉ, 28 rue Théodore de Bèze, Auxerre.

Les intervenants étaient Jean Dhombres, directeur de recherches à l’EPHE, Marie Dupond, université d’Athènes, Tadeusz Sliwa, université de Bourgogne, Patrice Decormeille, président de la Société Paul Bert.

Après une brève introduction de Daniel Reisz, c’est Tadeusz Sliwa qui présenta cette première journée Joseph Fourier, placée sur le thème du savant dans la cité.

Il rappella que Joseph Fourier né à Auxerre, apparenté à Restif de la Bretonne, est un des grands noms de la science, même s’il reste un peu méconnu à Auxerre, le grand public ne dépassant pas la mésestime nationale dont Fourier a été victime, notamment entre 1830 et 1874.

Depuis quelques années, Fourier est de retour dans les milieux scientifiques car la modernité de Fourier est reconnue et les outils développés à partir de ses théories sont omniprésents. De plus sa dimension humaine de Fourier (son souci du bien public, sa droiture, son courage, sa rigueur, son absence de préjugés - il permet à une femme d’être entendue à l’académie - en fait un modèle pour la jeunesse et justifia pleinement cette journée placée sous ses auspices.

Jean Dhombres

Jean Dhombres, rappella d’abord que Fourier est actuellement le n°1 mondial dans les citations des mathématiciens. Il compara ensuite Laplace et Fourier. Tous deux issus de famille en voie d’ascension sociale, eurent la chance de rencontrer des savants (l’un d’Alembert, l’autre, bien plus tard, Laplace, Lagrange et Monge), participèrent à la création des Ecoles normale et polytechnique puis à celle des lycées en 1802 dans lesquels l’enseignement des mathématiques devint pour la première fois obligatoire.

Ils créèrent ainsi une éducation scientifique à tous les niveaux. Ils établirent des relations d’égal à égal avec Napoléon et le pouvoir politique. Ils donnèrent à l’Institut un pouvoir certain et en préservèrent l’indépendance et l’autonomie face à un monde politique instable. La Révolution a créé une solidarité de corps entre les savants comparable à celle qui existait chez les ingénieurs.

Marie Dupond

Marie Dupond, s’appuya sur la correspondance familiale de Monge entre 1794 et 1801 pour établir l’intrication entre domaine privé et domaine public. Son analyse illustre, sur le cas particulier de Monge l’engagement collectif du monde scientifique à la cause révolutionnaire dont il a soutenu de façon indéfectible les principes. On ne connaît pas d’exemple de savant émigré.

Patrice Decormeille

Patrice Decormeille enfin, complèta les analyses précédentes en élargissant son étude à l’ensemble des 19e et 20e siècles. Il rappella d’abord que science et politique sont des vocations (Beruf), des passions exclusives, dévorantes, énergivores et chronophages et qu’elles sont difficilement compatibles.

Il donna de nombreux exemples et s’arrêta sur Paul-Bert qui, à l’instar de Condorcet ou de Benjamin Franklin, fut à la fois un grand savant et un grand homme politique. De 1871 à 1874, il réussit à mener de front recherche scientifique et engagement public. Mais par la suite, le tribun n’a t-il pas fini par dévorer le savant ?

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