De gauche à ddoite : Michel Duclos diplomate, Guillaume Larrivé député et Arnaud Danjean, député européen bourguignon, jeudi soir salle Vaulabelle à Auxerre (DR)

 

Une salle bien remplie et sage (DR)

 

Plus d'1h30 de paroles, pour d'une part identifier la menace terroriste, et d'autre part, apporter des réponses éventuelles. C'est beaucoup et peu à la fois. D'autant plus que les trois intervenants ont savamment nuancé leurs propos, ce qui a tiré le débat et tout le monde vers le haut.

S'il faut faire le tri, on retiendra que ce n'est pas la nature du terrorisme qui caractérise le danger actuel mais son ampleur. Le terrorisme a existé de tout temps sous de multiples formes.

L'ampleur est un terme qui correspond à l'actualité dans la mesure où il induit une nébuleuse, celle des terroristes, aujourd'hui. Tous ne sont pas des islamistes, loin de là. Souvenons-nous de Anders Behring Breivik ce tireur déguisé en policier, « fondamentaliste chrétien », proche de l’extrême droite, inculpé pour l’attentat au cœur d’Oslo et la fusillade sur l’île d’Utoya qui a fait 79 morts au mois de juillet 2011 (*).

Pas d'amalgames donc, fut d'ailleurs le leitmotiv du député européen Bourguignon Arnaud Danjean, prudent et mesuré, lui le spécialiste des questions militaires, l'arme militaire ne constituant pas une solution prioritaire à ses yeux lui l'ancien de la DSST (surveillance du territoire), bien au contraire.

Le terrorisme peut venir de partout, de n'importe où et à tout moment. D'autant plus que les terroristes constituent une nuée pas bien identifiée. L'État islamiste a pris le pas sur al Qaïda, rétablissant le califat, se faufilant partout.

Ceux qui s'en réclament ne sont pas forcément des musulmans (dixit le président du Conseil français du Culte musulman (CFCM) Dalil Boubakeur). Ce sont, selon une sociologue de renom, aussi des aventuriers,  des paumés, des exclus, des êtres en quête de sens selon une formule consacrée aujourd'hui.

 

La connaissance comme rempart

Alors comment faire, face à cette vague disparate et impévisible, tout individu pouvant rallier la cause dogmatique d'un simple clic sur internet, y compris apprendre à fabriquer une bombe artisanale ? 

Comment un État pyramidal, centralisé, régalien, gardien d'une loi pour tous, est-il en mesure de faire face à un terrorisme qui s'appuie et se développe comme internet, sur une toile, vaste et indestructible, car l'atteindre à un endroit, renforce les connexions périphériques à l'image des neurones dans le cerveau ?

C'est par la connaissance, le renseignement, l'information afin de pouvoir identifier au plus tôt toute vélléité, qu'il conviendrait de lutter en priorité, à en croire les conférenciers. La connaissance c'est le contraire de l'ignorance d'où peuvent surgir les pires maux et incompréhensions.

Autrement dit, les États doivent tisser leur toile pour piéger les terroristes et agir en les contrecarrant sur le même terrain de jeu. Car le terreau du terrorisme se développe sur internet et les réseaux sociaux, l'outil privilégié par excellence qui permet de rassembler une foule en une heure ou de déclencher une bombe à distance en temps réel.

La France vient de légiférer pour mener combat sur internet et Guillaume Larrivé le député UMP de l'Yonne dans la circonscription Auxerre-Puisaye, organisateur de cette conférence débat (qui tourna court faute de temps Ndlr) s'en est félicité sans être dupe, sachant que quel que soit le dispositif législatif adopté, il pouvait aussitôt être contourné techniquement sur internet.

Qu'à cela ne tienne, il faut étendre à l'Europe ces évolutions législatives car elles vont dans le bon sens et sont dissuasives.

Certes, d'autres réponses existent qui furent énumérées pas toujours avec grande conviction.

Avec finesse, l'ancien ambassadeur en Syrie suggéra les limites de la diplomatie dans ce genre de jeu, affirmant qu'il fallait avoir la puissance militaire derrière les bonnes paroles et tentatives de compromis.

Avec encore davantage de subtilité, Michel Ducros expliqua que toute action paraissant bénéfique voire victorieuse, comprenait nécessairement un côté sombre. Le revers de la médaille.

Paradoxalement, Larrivé-Duclos-Danjean exprimèrent l'idée à des moments différents d' affirmer, qu'en cette ère vouée à la transparence, la discrétion voire le secret, semblaient requis et devoir s'imposer dans l'intérêt de la République.

Et les médias (le système médiatique industrialisé Ndlr) en prirent pour leur grade. Qu'ils cessent de glorifier la France à propos du moindre lâcher de bombe-frappe sur des objectifs précis, de Mirages français, alors que d'autres pays, tels les Belges en font tout autant et aussi bien, sans faire de tapage.

 

P-J. G.

 

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(*) Dans un très long texte en ligne sur internet, accessible à tous depuis des mois, il expliquait longuement ses raisons de commettre cet attentat et la méthode qu'il emploierait.

 

 L'INTÉGRALE DE LA CONFÉRENCE