Le 4-4-2 en losange adopté par Brest avant de revenir à un 4-4-2 classique en deuxième partie de seconde période (DR)

  

D'abord, il faut savoir que quel que soit le système de jeu, ce sont les hommes qui l'animent qui compte véritablement, et surtout la manière dont ils animent le système. Ensuite il y a les circonstances du jeu qui influent elles aussi sur le moteur du match, qui reste le tableau d'affichage.

Plus que jamais, les équipes qui réussissent construisent leurs succès en dominant l’axe du terrain. Et de nos jours en privilégiant souvent ce 4-2-3-1 utilisé par coach Vannuchi face à Brest alors qu'il est un fervent du 4-1-4-1 en phase défensive et du 4-3-3 en phase offensive. Avec pressing haut sur l'adversaire, à plusieurs, dès la perte de balle, non pas pour presser pour presser mais pour récupérer aussitôt le ballon et se montrer dangereux.

Tactiquement, le spectacle passe souvent au second plan lors des grands rendez-vous.

De nos jours, dans un affrontement entre une équipe offensive et une équipe défensive, la victorieuse sera celle qui aura dominé son adversaire dans l’axe.

Deux équipes aux milieux densifiés qui chercheront à étouffer l’adversaire, cela risque de se traduire par un match fermé. Ce que l'on voit trop souvent en championnat de France de Ligue 1.

Quelles sont les solutions face à ce système de jeu ?

Un schéma tactique utilisant plus les ailes, pour ressortir plus rapidement les ballons par les couloirs, en s’appuyant sur deux vrais ailiers et des défenseurs latéraux participant largement au jeu offensif, peut constituer une réponse concrète pour contrer les équipes qui proposent un axe fort.

Un schéma tactique en 4-3-3 ou même en 4-4-2 peut donc être de mise.

Cela dit il peut s'avérer périlleux si les fondamentaux ne sont pas appliqués avec la plus grande rigueur. Dans ce système, le rôle des ailiers (des vrais, de débordement) est très important. Ils doivent défendre tout autant qu'attaquer. Ce sont des joueurs qui, en principe, terminent le match éprouvés physiquement, tant ils sont contraints d'effectuer  au sprint des allers-et retours sur des distances relativement courtes.

 

AJA les flancs dégarnis

Le 4-2-3-1 utilisé par Vannuchi taillé sur mesure pour Vincent Gragnic investi ou consacré meneur de jeu, comme on voudra, est un système de relance très efficace face au pressing adverse. Une autre manière de densifier le milieu de terrain avec deux récupérateurs s’appuyant sur un vrai numéro 10 à la baguette avec deux milieux excentrés, un à gauche (Baby) un à droite (Kilic) alimentant un attaquant de pointe (Nabab). On a bien écrit deux milieux excentrés et non deux ailiers de débordement qui soulèvent la poussière blanche crayonneuse des lignes du terrain. Côté Brestois, le 4-4-2 en losange était fondé sur Alphonse positionné à la pointe du losange en soutien de Laborde et Belghazouani.

Sur le premier but concédé par Auxerre, Léon boxe le cuir du côté opposé du terrain, suite à un corner venu de sa droite tiré par Grougi. Le ballon est récupéré presqu'au coin de corner par Ramaré qui glisse aussitôt en arrière pour Belaud qui centre instantanément assez haut, pour la tête de Falette, venu couper la trajectoire au nez et à la barbe de Léon et donc devançant ce dernier. Belaud était libre de tout marquage, sans aucune pression et joue en première intention.

Brest en 4-4-2 avec ce fameux losange (voir le schéma ci-contre), décliné en 4-3-1-2, a peiné en première mi-temps mais sans jamais être véritablement inquiété défensivement. La seule alerte fut la tête piquée de Castelletto (36) sur un corner délivré par Gragnic, qui lècha le dessus de la barre transversale. Maigre bilan malgré une débauche d'énergie très brouillonne, les joueurs n'arrvant pas à aligner les passes en phase offensive.

Le second but encaissé par Auxerre en tout début de deuxième mi-temps est significatif lui-aussi des imperfections du système utilisé s'il n'est pas correctement animé. L'AJA revenue sur le terrain avec l'envie de bien faire et d'égéliser rapidement, hérite d'un coup franc sur lequel monte le capitaine Puygrenier défenseur axial.

Sur le contre construit des Bretons, il n'a pas le temps de revenir. Grougi l'homme au catogan remise sur Moimbé sur la gauche, complètement esseulé qui centre parfaitement au ras du sol. C'est dévié de la pointe par Grougi devant Léon. 2-0. Là encore, le flanc droit de la défense ajaïste est complètement dégarni. C'est rentré comme dans du beurre. Les Bretons se ménageront encore de sacrées occasions d'alourdir la marque mais Léon sauva la mise.

 

Trois cadeaux ...?

Ces deux cadeaux, si l'on ose dire car en football, il faut bien que des erreurs, individuelles ou collectives soient commises, ont scellé le sort d'un match dont les Auxerrois et leur public attendaient beaucoup mieux.

Un autre cadeau, volontairement assumé celui-là, ne fut-il pas d'aligner Vincent Gragnic qui n'a plus joué depuis deux mois ? Il a fait une mi-temps voilà quinze jours avec la CFA 2 où il a retrouvé quelques bonnes sensations, et dix minutes en fin de match à Nîmes où il eut la balle de 0-2 seul face au gardien ? Dans un système de jeu fait sur mesure pour un joueur qui ne peut pas encore être dans le coup (manque de temps de jeu et de rythme), ce maillon fragile ne devient-il pas une faiblesse grave dans le système de jeu adopté alors qu'il est censé être son point fort ?

Le tableau d'affichage du score est le moteur du jeu. Il ne fallait pas prendre de but, ni le premier donc pas le second. On se serait contenté d'un 0-0 des familles. Le mieux est parfois l'ennemi du bien.

Jean-Luc Vannuchi avoua en conférence de presse, avant le match et après le match, qu'il avait longuement hésité avant de décider de son système de jeu face au 4-4-2 en losange de Brest. Il est toujours délicat voire embarrassant d'affronter une équipe solide en plein boom, coachée par surcroît par un bon, en l'occurence Alex Dupont qui a du métier, l'homme qui a conduit Gueugnon à remporter la Coupe de la LIgue (seule compétition nationale qui manque à l'AJA) face au PSG (2-0 saison 1999-2000).

Il est certes toujours facile de refaire le match après le match et de dire ce qui n'a pas marché. Refaire le match est aussi un plaisir partagé qui suscite de multiples avis divergents. Dont acte.

Mais l'AJA ne s'est-elle pas tirée une balle dans le pied d'entrée de jeu, vendredi soir, sur le coup de 20 heures au stade Abbé-Deschamps ?

 

Pierre-Jules GAYE