SOCIETE
La nouvelle offre TER Morvan ne convainc pas : un moratoire et une reconsidération sont demandés
le mercredi 05 novembre 2014, 13:10 - SOCIETE - Lien permanent
Une "deuxième réunion de concertation" destinée à annoncer la future desserte ferroviaire TER sur les deux branches de la
ligne de train Morvan-Paris, s'est tenue à Clamecy, mardi en fin d'après-midi et à Avallon, en soirée. Débat tendu
3h30 de réunion tendue, salle des Maréchaux à Avallon en présence de 200 personnes. À la manoeuvre, Michel Neugnot 1er vice-président du conseil régional en charge de la mobilité et du "rendu de concertation" (sic) et les responsables de la SNCF venus présenter la future desserte TER du Morvan, car tel est l'intitulé du document sans même que précaution ait été prise d'y glisser le terme "projet". Voilà qui suggère fortement que le dossier est d'ores et déjà ficelé et que la concertation annoncée n'y ferait rien. D'autant que d'entrée, il a annoncé que les arrêts à Vermenton et Champs-Saint-Bris seraient maintenus, pensant déminer un dossier explosif.
En somme, les représentants de la Région Bourgogne et de la SNCF seraient venus expliquer aux populations rurales que, pour mieux remplir les trains il fallait supprimer des arrêts, au nom de la sacro-sainte "intermodalité" (traduction le car ou le taxi) qui améliorera le sort des ruraux qui ne seraient plus desservis par le train.
Taxi driver
André Villiers le président du conseil général s'oppose à la desserte et propose d'aumgenter la vitesse des trains pour gagner le temps recherché. Il a insisté sur le potentiel du Morvan, l'accroissement du tourisme et demande qu'il soit rendu au territoire ce qu'il a donné avec les nourrices et le transport du bois. André Villiers redoute la fin de la ligne que signerait une non reconduction de convention avec la compagnie de taxi-bus, comme cela vient de se produire dans les Cévennes (DR)
Le nouveau et jeune sénateur Jean-Baptiste Lemoyne a solennellement demandé aux représentants de la Région Bourgogne un moratoire sur ces mesures élaborées sans tenir compte de la réalité de des territoires ruraux. Un schéma régional sur la mobilité et l'intermodalite doit être élaboré par la Région pour janvier 2016 : il propose donc de mettre à profit 2015 pour travailler à une desserte intelligente et ambitieuse pour la ligne Morvan-Paris. Si rien ne bougeait, une marche solidaire sera organisée sur Dijon pour que les "sans trains" ne restent pas sans voix. (DR)
Objectif gain de temps, la voie à suivre ... ?
Michel Neugnot précisa qu'il y avait 10 arrêts sur 55 km entre Avallon et Auxerre. Quel est l'objectif identifié ? : « Raccourcir la durée de transport, ne pas modifier les habitudes des usagers, rester dans le même prix » . Améliorer le temps de parcours sur les trajets ferroviaires entre Clamecy et Paris-Bercy de 25 minutes (soit 4 minutes entre Clamecy et Laroche Migennes). Idem pour Avallon-Paris et donc Avallon-Auxerre. Or ce gain de temps fut largement contesté par des élus et de nombreux usagers, pour lesquels, «l'amélioration des temps de parcours, c'est secondaire ».
En revanche, la suppression d'arrêts dans certaines gares ne passe pas. Non plus que le transport à la demande : des taxis TER afin d'assurer l'acheminement des voyageurs entre les communes où les arrêts sont supprimés et la gare desservie la plus proche.
Michel Neugnot qui a beaucoup utilisé la truelle, mardi soir, a constamment enfoncé le clou, celui du gain de temps, « sans dégradation de l'offre ». Et en demeurant ferme sur ses positions. SNCF-Conseil régional, même combat ... celui contre la réduction des charges. La SNCF veut se défaire de ce qui n'est plus rentable et vendre les bâtiments qui coûtent cher. Telles des gares peu fréquentées. Les cadencements TER seraient-ils délaissés au profit de celui des TGV ? Le conseil régional dépense 200 millions pour les TER, subventionnant ainsi aux deux tiers le billet de train, ce qui peut paraître énorme.
Les régions de France vont voir leur nombre divisé par deux et les élections sont pour l'an prochain, en principe. La répartition des compétences va changer sans qu'on en connaisse précisément les contours. Les routes, les transports ne seraient plus de la compétence des conseils généraux mais des régions. Transfert de compétences signifie-t-il transfert de ressources ? Et quelles ressources pour faire face ?
Le fer dernier symbole de survie
Force est de constater que c'est l'imbroglio. C'est dans ce contexte presque délétère, que s'inscrit la future desserte TER du Morvan. Les usagers, les élus, les artisans, la population tiennent dur comme fer à leur chemin de fer qui irrigue le territoire. Et d'autant plus qu'il apparaît comme l'ultime rempart après la perte de biens des services publics, telle la poste. Aussi comment s'étonner qu'une gare, un arrêt représentent le symbole fort de la survie, même s'il ne sont pas nombreux, pour l'heure, à monter sur les quais.
Il est révélateur qu'aucune des parties n'a communiqué les chiffres de fréquentation et leur répartition dans le temps, de la ligne du Morvan. On touche à l'irrationnel, à l'instinct, au sacré.
Comment croire qu'à terme ces lignes rurales ne sont pas condamnées à la fermeture, à défaut d'une véritable politique d'engrossement volontaire du territoire ? Comment ne pas faire le lien entre l'annonce par Michel Neugnot, mardi soir, de l'inscription au contrat de plan État-région de l'électrification de la ligne Auxerre-Laroche-Migennes, demandée depuis les années 70, repoussée constamment à force d'études plus coûteuses les unes que les autres, avec la suppression d'arrêts de train dans les gares de l'Yonne ? Auxerre vouée à devenir la gare terminus de la ligne de Paris.
Mais comment alors expliquer les investissements consentis au cours des dernières années pour améliorer les dessertes ? Les travaux dans les gares et sur les voies. Les 35 millions d'euros pour permettre d'accélérer le trafic ferroviaire entre Auxerre et Avallon afin de pouvoir rouler à 110 km.h ? Pour entendre dire, aujourd'hui, que rouler à 110 km/h ce n'est pas possible, en excluant la fameuse rampe d'Avallon. Ou apprendre que l'électrification de la ligne Auxerre-Laroche-Migennes allait être inscrite au contrat de plan État-région, après 44 ans de demandes réitérées refoulées car jugées d'un coût démesuré pour un gain très marginal ? Alors qu'est-ce qui fait bouger les lignes, enfin ? Le bilan carbonne... ? Si ce n'est pas de l'enfumage, va-t-on électrifier sans doubler la voie entre Chemilly et Auxerre ?
Quelle impression de gâchis et d'inconstance dans le discours politique. Quels hésitations et revirements au plus haut niveau. Quel manque de visibilité et de vision.
Alors faut-il se résigner à accepter stoïquement ce qu'on appelle les tendances lourdes en dépit de toutes les politiques affichées et des campagnes de communication coûteuses, l'exode rural inexorable, la baisse de la démographie, le gonflement parfois hideux des villes qui n'offrent pas davantage de travail aux jeunes ... ?
Quelle politique aura le courage de dire les choses vraies plutôt que de continuer à faire semblant et à maquiller la réalité ?
Ce dont a besoin le Morvan et nos campagnes, c'est d'un vrai projet de territoire, volontariste, d'ailleurs amorcé dans le domaine du tourisme, des activités du parc régional, des canaux et véloroutes.
Pierre-Jules GAYE
AUXERRE TV propose la video première partie de la réunion d'Avallon, consacrée à la présentation de la nouvelle desserte TER Morvan.
Une deuxième video sera consacrée aux questions des opposants et aux propositions de ces derniers.
Les questions et les propositions
Dernière partie de la réunion
Commentaires
En tant qu'usager durant un demi-siècle de la branche Avallon-Autun lamentablement fermée en décembre 2011 après moult efforts pour vider les trains avant de les déclarer vides et passage en dix ans de 3 AR de trains par jour à 2-3 allers-retours habdomadaires de bus '(qui ne passent pas toujours, surtout quand il y a du verglas ou du brouillard, ou sautent les arrêts réputés peu fréquentés) je souhaite une grande ferlmeté à ceux qui s'occupent de ce dossier essentiel pour l'avenir du Morvan. En fait il faudrait que toutes les lignes soient exploitées par une compagnie implantée dans la région et compétente (comme en Bavière ou ailleurs) avec des coûts maîtrisés et une offre étoffée.
Moins de dessertes et moins d'arrêts= moins de voyageurs.
Pour le Morvan il suffirait d'ailleurs d'ajouter aux dessertes existantes une desserte rapide sans arrêt matin et soir (Autun)-Avallon-Paris et (corbigny)-Clamecy Paris desservant seulement Auxerre, correspondant avec les omnibus et faisant gagner cette fois-ci 45 minutes...
L'été toutes les lignes (même les lignes Avallon-Autun, Clamecy-Cercy et Chateau-Chinon) devraient offrir une desserte touristique de complément par autorails.
L'enjeu c'est l'aménagement de nos territoires pour les 50 ou 100 ans à venir.
Sans parler des dessertes marchandises !
Bon courage !
Merci, Messieurs pour votre retransmission de la réunion avec le Conseil Régional.
Cette action très importante démontre comment des décisions majeures qui touchent la vie de milliers de gens peuvent être prises sans aucune véritable concertation.
Et on se plaint parce que le peuple s'engage de moins en moins et qu'il n'a plus de respect pour ceux qui sont au pouvoir !
Merci encore une fois.
Pour répondre à Jean-Marie qui s'étonne que le député et maire d'Avallon ne soit présent... C'est le maire d'Avallon qui est à l'origine de ce projet... Mais comme il n'est pas très courageux... Il n'est venu à aucune des réunions publiques...
Dans la nouvelle proposition faite par le Conseil Régional, il est impossible aux personnes, comme moi, qui prend le train tous les jours d'aller travailler... Quand au dimanche par le car, si on n'habite pas Avallon... Il ne faut même pas y compter aller à Auxerre... Clairement le but est d'empêcher la clientèle régulière et fidèle de prendre le train... Car une commission est prévue de se mettre en place afin de contrôler le nombre de voyageur qui donnera son verdict en 2016... Et comme la convention qui lie la région avec la SNCF va jusqu'en 2017.... Devinez ce qui va se passer...
Pour Pragmatique, ayant suivi tous les débats depuis la première réunion avec les représentants du Conseil Régional... Il n'y a jamais eu ni débat, ni concertation mais simplement une mise devant le fait accompli... SI dans la dernière réunion, ils ont mis un peu de lest, c'est simplement pour amadouer Vermenton et le président de la Communauté de Communes M. Charlot...
La diminution du nombre de trains, les horaires surréalistes sont destinés à finir de vider les trains... La mise en place d'autocar qui ne s'arrêtera pas partout et à des heures fantaisistes ne correspondant à rien.. n'améliore en rien la situation.
Mais nous autre élus et particuliers, usagers régulier, nous ne lâcherons pas si facilement...
Pour Auxerre TV : Affichez les horaires proposées par la région. Vous les avez eu puisqu’ils ont été distribué.. Vous verrez par vous même... C'est édifiant... Si vous ne les avez pas, je me ferai un plaisir de vous les communiquer...
Cela sans règlement de compte (sic)
voilà mon sentiment , absent ce soir là , (déplacement) , je reste subjugué par cette rencontre non amicale entre un parterre de décideurs me semble -t'il et une assemblée entièrement opposée non pas à la volonté des décideurs, mais simplement à la démarche déconcertante mise en œuvre,
Question : comment pourrions nous avoir une moindre idée des objectifs,synthèse et actions dans ce cafouillage pour un sujet si grave pour l'économie, l'emploi, le niveau de service, le Développent du Territoire.
C'est bien de cela qu'il s'agit ! Pour avoir dans mon métier traité ce sujet, (l’aménagement du territoire, l'économie, le transport), il est la première étape d'un aménagement et développement du territoire, hors, quel est notre territoire ? Qui peut le décrire, en population, logement, emploi, sur le plan économique son évolution (ici le maintient), pour la population, quelle pyramide des ages, (nos plus âgés disparaissent, nos jeunes partent, notre agriculture n'a plus de mains,,,,) Alors comment ne pas prendre une Colère à voir ce type de rassemblement comme une concertation qui n'a aucun sens si non de mettre en colère notre population.
Savoir au premier chef que la concertation, mérite un certain nombre de panneaux explicatifs sur le sujet pour le moins, aider les populations à la compréhension, ou comment envisager un transport ferré, routier, cadencé entre la capital et le département non pour le tourisme, non pour le simple déplacement des populations, avant tout pour une prospective de développement économique, sociale, environnementale de notre secteurs : le sud du département.
A ce titre, qu'en est la prospective régionale, du département, comment inventer un nouveau inter-scot dans l'avallonais quand la plus petite étude nécessaire à l'aide à la décision n'y est pas. C'est à partir de là que partent les décisions comme le transport pour inscrire une démarche de prospective intégrant les phases de transport engagées par tous sur le mode bus, ter, tgv, cela pour garantir un grand projet économique du secteur sud de l'Yonne.
J'en appel aux élus aux différentes échelles à mettre un terme à cette mascarade de concertation pour reprendre le sujet depuis l'origine : qu'en est-il de notre région, département, communautés, cela enterme d'organisation et développement du territoire, quels thèmes abordés déjà en la matière, quels thèmes à approfondir avec les données INSEE,quels analyses et enfin en prospectives et actions comment les signaler aux populations concernées pour aboutir à une CON-CER-TA-TION avec en mémoire évaluation et ajustements nécessaires dans le temps. Nombre de méthodes sont disponibles dans les services de l'état, la Préfecture qui dispose d'un rôle primordial en la matière, celui de l'aide aux élus alors que cela est lamentablement considéré comme un obstacle à la décision pour les élus, et bien entendu au détriment des populations...Travaillons...
Comment se fait-il que le député et maire d'Avallon n'était pas présent à cette importante réunion ?
Pourquoi n'a-t-il pas signé le lettre commune aux parlementaires de l'Yonne demandant la suspension des décisions de fermeture et l'engagement d''une concertation réelle ...??
Je suis catastrophée d'apprendre que ce système est menacé. Je suis régulièrement usager de cette ligne pour me rendre de Paris jusqu'à Sermizelle. De telles décisions seraient très néfastes. Le morvan a besoin d'être irrigué lui qui, comme le dit Villiers, a donné bcp pour Paris et son développement il y a un siècle. Il y a de plus un enjeu touristique. c'est sidérant.