Dès 6 heures, les Auxerrois se sont rués les cafés points de vente pour espérer obtenir un exemplaire du nouveau numéro de Charlie Hebdo, le numéro des survivants. 50 personnes étaient massées devant la maison de la presse à 7h45 attendant l'ouverture.

En cinq minutes, les quelques dizaines d'exemplaires ont été arrachés. Des réassorts se préparent qui dureront quinze jours. Patience.

Avant 8 heures, j’étais réveillée. Rester dans mon lit ou me lever, j’hésitais. Et puis je me suis dit que j’allais tenter ma chance. J’allais essayer de trouver Charlie Hebdo dans Auxerre.
 
Encore endormie, j’arpente dans les rues à la recherche d’un panneau « presse ». Je priais pour qu’il n’y ait pas affiché : « plus de Charlie ». Malheureusement, c’était le cas. La dame du bureau de tabac m’a dit qu’elle avait tout vendu. J’y suis allée 9 heures. 9 heures et il n’y avait déjà plus aucune trace du journal tant attendu. 100 exemplaires vendus en quelques minutes. Une ruée vers l’or.
 
Alors j’ai tenté ma chance dans un autre établissement. Pas de bol, c’était la même chose. Ils en avaient 7. Ils sont partis en 5 minutes. Les gens tournent autour du présentoir cherchant désespérément le Graal. Ils passent devant, repassent, non, Charlie n’est pas réapparu. On entend des « vous n’en avez déjà plus ? », « Vous allez en recevoir d’autres ? », « c’est possible de m’en garder un ? ». Tous les coups sont désormais permis.
 
Jeudi matin, on se lèvera plus tôt que les autres, on courra pour être le premier devant le bureau de tabac, peut-être même qu’on grugera dans la file d’attente…

Jeudi matin, 3 000 exemplaires seront distribués dans l’Yonne. Aujourd'hui mercredi, c’était 4 000 sur 3 millions en France. Bien trop peu.

« Il y avait 50 personnes devant ma boutique à 7 heures alors qu’on n’ouvre que 30 minutes plus tard. C’était de la folie. D’autant plus qu’on n’avait que 30 exemplaires ! Les prochains jours ce sera peut-être un peu plus » espère Evrard Muzard, buraliste en centre-ville.
 
Au total, le journal des survivants sera imprimé à 5 millions d’exemplaires. Un tirage insuffisant pour satisfaire les 65 millions de Français.

Plus que touchés par l’attentat de mercredi dernier, leur souhait est pourtant de rendre hommage à Cabu, Charb, Wolinski, et tous les autres, en achetant leur canard devenu le symbole de la liberté d’expression.


Marion BORDIER


APERÇUS