SOCIETE
Le restaurant étoilé mythique l'Espérance de Saint-Père-sous-Vézelay placé en liquidation judiciaire
le jeudi 19 février 2015, 22:10 - SOCIETE - Lien permanent
Est-ce la fin, cette fois.... ? Marc Meneau ne renonce pas. Marc Meneau, le pèlerin, ne renonce jamais. L'Espérance gît au fond de la boîte de Pandore. Le fils Pierre, veut présenter un plan de reprise rapidement, la liquidation "assainissant" la situation difficile de redressement judiciaire depuis de longues années
Les plus grands de ce monde sont descendus à l'Espérance, de Nixon à Kohl et Mitterrand en passant par Serge Gainsbourg venu y mourir, la reine d'Angleterre, le prince Charles, Rostropovitch et beaucoup beaucoup d'autres. Tous pour goûter la cuisine de l'artiste d'exception qu'est Marc Meneau, l'enfant du pays dont la mère tenait le café-épicerie et le régalait de sardines, de fameuses sardines de sa maman que le maître n'a jamais reniées, au contraire.
L'Espérance, le restaurant étoilé Michelin de Marc Meneau devait rouvrir le vendredi 20 février. Il ne rouvrira pas, sauf événement extraordinaire par la suite.
Il a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce d'Auxerre, jeudi. Les quelques 50 salariés devraient être licienciés dans les prochains jours.
L'établissement perdait de l'argent depuis plusieurs années. La vente du Domaine du Roncemay avait permis un désendettement et un plan de redressement sur 10 ans (*). Le passif doit être important, pour que les juges aient décidé la liquidation judiciaire. Ils ont du constater que Marc Meneau ne pouvait tenir ses engagements et que l'issue était inéluctable.
AUXERRE TV avait contacté Marc Meneau au début du mois de janvier pour évoquer la situation. Marc et son épouse Françoise, nous avaient assuré que n'y aurait pas d'audience devant le tribunal, prévue, de longue date, le 16 février, car ils avaient trouvé un repreneur. Ce dernier s'est apparemment finalement désisté. D'autres contactés, n'ont pas donné suite.
Pour reprendre l'affaire, il fallait mettre au moins 5 millions d'euros sur la table, puis assurer le fonctionnement. C'est beaucoup d'argent. dans un contexte économique difficile et où l'économie de la restauration de haut niveau a évolué.
Déjà, en décembre 2014, l'audience au tribunal de commerce d'Auxerre, avait été reportée afin de gagner du temps.
Aujourd'hui, Marc Meneau n'entend pas renoncer. Il veut initier un plan de reprise avec son fils Pierre, 28 ans, restaurateur à Paris. Ils sont déterminés. Ce n'est pas la première fois que le chef étoilé affronte des situations judiciaires complexes.
Placé en liquidation puis en redressement judiciaire, le 9 janvier 2007, il avait repris le Domaine du golf du Roncemay avant de le céder à des Danois. Ce qui lui avait permis d'apurer des dettes et de voir un peu venir.
Drame pour l'Yonne
"L'Espérance" trois étoiles au Guide Michelin en 1983, avait été rétrogradée en 1999, ce qui avait profondément affecté Marc Meneau. "Le restaurant, le travail que l'on fait c'est un amour tellement débordant qu'il est proche d'une relation filiale", avait-il déclaré en 2003, au moment du suicide de son "vieux complice" Bernard Loiseau, son voisin de Saulieu (Côte d'Or). Marc Meneau avait regagné son étoile en 2004. Avant de la reperdre.
Aujourd'hui, quel que soit le schéma envisagé, le passif devra être remboursé. Le montant est de 5 millions d'euros qui représentent les créances dues. Pour "reprendre" l'Espérance, le fils, Pierre Meneau, restaurateur à Paris devra mettre les 5 millions sur la table pour que puisse être envisagée la suite.
Une hypothèse est celle d'un repreneur dans le cadre de la liquidation judiciaire. Par exemple un autre grand cuisinier dont les affaires marchent bien. On pense à Ducasse, Troigros, Marc Haeberlin, entre autres. Ou une chaîne internationale. 5 millions pour acquérir le domaine de l'Espérance à Saint-Père-sous-Vézelay, ce n'est pas une fortune même si c'est beaucoup d'argent. Autre hypothèse : le tribunal donne son aval au plan de reprise de Pierre Meneau soutneu par els banques même s'il ne résoud pas le fond du problème. Mieux vaut pour un repreneur éventuel un restaurant qui fonctionne qu'une maison fermée. Il reste que les 5 millions de dettes doivent être apurées.
Pour Marc Meneau, l'espérance gît au fond de la boîte de Pandore. Lorsque tout s'est envolé....
En attendant, cette liquidation est un véritable drame pour les salariés, les fournisseurs non payés, pour l'Yonne, son image et sa notoriété.
Après la descente de l'AJA en Ligue 2, la perte d'une étoile à la Côte Saint-Jacques à Joigny, la liquidation de l'Espérance, lieu mythique dans un site d'exception, apparaît comme un coup de grâce.
Le temps de l'Yonne et son équipe de foot sur la scène européenne rivalisant avec les plus grandes équipes, de ses deux restaurants triplement étoilés au Michelin, est révolu. Ainsi va la vie.
Reste le chablis et tous les vins du terroir. Et Hercule le robot, l'exosquelette qui semble promis à un bel avenir.
Pierre-Jules GAYE
Conversation avec Marc Meneau : à coeur et esprit ouverts
23 décembre 2006
Ce podcast animé par Pierre-Jules Gaye évoque l’homme, son métier, la création d’une recette, l’entrepreneur, Vézelay, la cuisine, le goût, ses projets, une philosophie de la vie...
Françoise et Marc Meneau (DR)
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(*) Le 18 décembre 2007 la SDER dont Marc Meneau est l'actionnaire principal (mise en redressement judiciaire le 26 juin 2006) a été rachetée par un groupe d’investisseurs Danois et le domaine du Roncemay est devenu DANOIS.
L’argent de cette vente au tribunal de Paris a permis à l’Espérance de survivre jusqu’à ce jour et réglé une partie de son passif de l’époque mais en tant que SE société de l’Espérance.
Depuis cette vente, Marc Meneau n’a plus rien à voir avec le Roncemay, qui appartient depuis le 2 janvier 2008 à des Danois, SARL RONCEMAY.
Le gérant de la société est Bernard MORILLON un franco danois.
Françoise Couilloud tient les rennes du Roncemay avec une équipe fidèle depuis longue date.
Lorsque Marc Meneau a quitté le navire le golf du Roncemay comptait 130 membres. À ce jour ils sont 356.
Commentaires
LeTribunal de Commerce, lors de sa séance du 19 février 2015, a prononcé la liquidation judiciaire du restaurant l'Espérance à Saint-Père sous Vézelay.
Je ne peux que déplorer la fermeture de cet établissement qui fait partie du paysage du Vézelien et plus largement du département de l'Yonne depuis plus de 40 ans.
Ce fleuron de la gastronomie française porté par un chef doublement étoilé au Michelin, Marc Meneau, doit avoir tout notre soutien.
Je salue le projet de son fils de vouloir poursuivre l'oeuvre de son père et je ne peux que l'encourager dans sa volonté de reprendre l'Espérance et ainsi maintenir cette activité de haute qualitésans équivalent localement en terme économique et touristique à Saint-Père et de permettre de conserver les 42 employés.
André VILLIERS
Triste nouvelle ! Mais mes pensées se tournent d'abord vers les employés sur le carreau et les fournisseurs qui, j'imagine, vont devoir fermer ou "dégraisser" pour faire face aux inévitables "pertes". Eux sont moins prestigieux, moins "glamours", moins célébres... et vont surement passer de bien mauvaises nuits dans les mois qui viennent.
Mon interrogation : est-ce encore rentable d'avoir un deux étoiles à Vézelay (où hors-saison c'est assez "mort"), en 2015 ? Et hormis une clientèle très âgée et assez aisée, est-ce que ça intéresse vraiment les icaunais dont beaucoup ont du mal à ... manger, finir le mois, désespérent de trouver un boulot etc, tout simplement ?
Maintenant qu'a été affirmé le souhait de Pierre Meneau de reprendre l'établissement, tout faire pour que cela aille au bout et réussisse !
L'Espérance n'a jamais si bien porté son nom : nous espérons et surtout nous devons fédérer les énergies des uns et des autres pour aider à une issue qui conforte cette maison qui fait raYONNEr le département !
comme beaucoup, je n'ai pas fait grand chose pour soutenir ce restaurant mais je serais triste que l'espérance ne rouvre pas. sa table exceptionnelle, son accueil chaleureux nous faisaient repartir à reculons avec un souvenir bien chaud.
j'imagine que, pour quelques grandes sociétés, poser 10 millions sur la table pour sauver un chef d'oeuvre en péril s'est déjà fait.
il y a tant d'argent qui dort aux iles caïmans ou, plus près de nous. alors ...