Les conseils départementaux élus le 29 mars seront paritaires.

Et le cumul parlementaire-conseiller général est en voie de disparition.

Ce scrutin va marquer un certain renouvellement de la vie politique.

Un progrès en demi-teinte car l'échelon départemental est de plus en plus marginalisé face aux régions et métropoles.

Jusqu'à présent, les conseillers généraux étaient des notables locaux très implantés, cumulant dans 98 % des cas avec un autre mandat (mairie ou conseil municipal, intercommunalité, Parlement, etc.). Un mandat de conseiller général garantissait une longévité politique locale et constituait une étape clé dans une carrière politique, ouvrant souvent la voie à des mandats nationaux. « L'ancrage et la stabilité étaient une vraie spécificité du conseil général. Mais le mandat est en train de perdre de son attrait et de son lustre », explique Aurélia Troupel, maître de conférences à l'université de Montpellier 3 et chercheuse au Cepel.

L'abstention pourrait atteindre un sommet : pour la première fois, tous les cantons sont renouvelés en même temps, ce qui colore le vote d'une portée nationale évidente, sur fond de défiance vis-à-vis des partis traditionnels. La gauche, qui dirige 60 départements sur 100, s'attend à une lourde défaite. Le PS devrait particulièrement souffrir.

Mais le scrutin des 22 et 29 mars donnera aussi lieu à un relatif renouvellement de la classe politique locale.

 

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Aujourd'hui, on ne voit pas bien qui ou ce qui pourrait constituer un rempart à la montée de ce parti extrémiste dont le programme analysé apparaît programmé comme une catastrophe politique

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Cela dit, le faible nombre de sortants qui se représentent est  un signe de la démonétisation du conseil général dans le grand chambardement de la réforme territoriale en cours.

L'instabilité de la carte électorale et la mauvaise pédagogie sur la réforme territoriale creusent l'éloignement des urnes. Mécaniquement l'abstention profite au FN. Aujourd'hui, on ne voit pas bien qui ou ce qui pourrait constituer un rempart à la montée de ce parti extrémiste dont le programme analysé apparaît programmé comme une catastrophe politique. Même Sarkozy n'y arrive plus. Emmanuel Valls en dramatisant la campagne n'est pas assuré de son efficacité.

Il reste que l'enjeu majeur du scrutin est celui de la participation annoncée particulièrement basse, notamment par une désaffection probable de l'électorat de gauche déçu par la politique du gouvernement.

La participation en baisse est une tendance structurelle qui n'épargne aucune consultation y compris l'élection présidentielle. En outre, les études montrent que certaines catégories telles que les peu diplômés, jeunes issus de l'immigration, sont indifférents.

Les élus aujourd'hui, sont élus par des minorités de plus en plus restreintes.

Certes aux États-Unis c'est pire où la participation aux scrutins est encore plus basse. Cela ne constitue pas une consolation et on ne saurait comparer les cultures.

Il reste q'en France, la victoire du "NON"  du peuple au projet de traité constitutionnel européen  n'a jamais été prise en compte. Coupant durablement les élites politiques de la base électorale. À quoi bon aller voter si on ne tient pas compte de la voix du peuple ... ?

Et ce n'est pas un paradoxe que le peuple consulté par sondage est favorable à l'euro et au maintien dans l'Europe. Marine Le Pen a entendu et prône désormais dans le programme FN le franc et l'euro ...

Quoi qu'il en soit, les résultats des départementales ne consitueront qu'une petite secousse dans le grand tremblement qui s'annonce dans la vie politique française.

Certains feront valoir que les élections intermédiaires ont de tout temps été fatales au pouvoir en place, minorisant les enjeux de fond.

Le mode de scrutin majoritaire à deux tours favorise le bi-partisme, la bi-polarité de la vie politique française depuis des lustres, expliquant l'impossibilité de l'émergence d'une vraie force politique centriste, réduite à une force d'appoint.

Or, avec désormais trois grands partis, le FN, l'UMP (rebaptisée bientôt les Républicains) et le pôle PS, ce type de scrutin n'est plus adapté dans la mesure où il écarte mécaniquement un des trois partis.

Le premier enjeu est celui de la participation qui s'annonce particulièrement basse.

P-J. G.