Les deux premiers essais encaissés par le RCA, sur les deux premières actions offensives de Saint Denis, sont incompréhensibles.

Côté fermé, un deux contre trois, une 89 et le 12 et le 13 rouges et verts qui montent sur le 12 adverse (en vérité 13)... Bref, placement replacement de base = niveau benjamin (sorry ...). Deux essais casquette qu'il faut analyser. L'émotivité aurait-elle pris le dessus sur la raison à Bouillot ?

Pour l'essentiel du match, le XV auxerrois fut inspiré et fulgurant face à une très bonne équipe de Fédérale 3 invaincue cette saison.

Deux premiers essais furent d'anthologie. L'un en coin sur un coup de pied de renversement de jeu magique de Johann Champeau à la cheville douloureuse, qui réussit à trouver Sordia le magnifique en coin. Du jamais vu !

L'autre, une ouverture rapide de Massot et Dupinier Alexis de son prénom, à pleines jambes, qui, au lieu de passer au large comme tout le monde s'y attendait, voit une petite ouverture dans l'intervalle et s'y engouffre à fond les manettes pour repiquer au centre. Un essai de classe et de beauté. Du jamais vu ici. Merci Monsieur !

 

L'intelligence

 

Et que dire des avants, les avants historiques bien aimés du RCA, de grande expérience, qui ont tétanisé, rabotté, enfoncé, leurs opposants d'entrée...

À moins que les joueurs de Saint Denis, une équipe qui n'a jamais perdu, ne l'oublions, pas, a eu tendance malgré elle ; à observer son adversaire pour voir comment le "prendre". Intelligent.

Une fois qu'ils ont compris le système des groupés pénétrants, et n'ayant rien vu d'autre de vraiment dangereux, ils se sont mis à déplacer le jeu, en mouvement devant la défense auxerroise, en redoublant les passes précises grâce à des appuis de feu. Et ils ont fait mal au collectif icaunais. Qui a fini par perdre la tête.

Comment expliquer qu'au moment, où le RCA comptait douze points d'avance, tout s'est soudainement enrayé ...? Les Rouges et verts, subitement animés d'une arrogance qu'on ne leur connaissait pas ; se sont mis à jouer en ouvrant et en écartant les ballons, comme pris d'une folie des  grandeurs, celle d'écraser l'adversaire invincible... À la chacun pour soi.

Or ils savent tous que le RCA n'est bon individuellement que collectivement. C'est-à-dire (pour les profanes) qu'on ne peut être bon individuellement, qu'en passant par le collectif.

Enfin comment expliquer le coaching de fin de match ? La sortie du capitaine Kieran Laurin et d'un monstre d'abnégation, de première ligne, jamais fatigué, un Géorgien pure souche ? Et d'autres ... ?

 

Pourquoi la vrille ...

 

Oui ils étaient fatigués - tous les joueurs l'étaient -, sous la chaleur, la débauche d'énergie et ce match d'hommes, ce vrai match de haut niveau, confrontation d'intelligences et de terroirs, tellement belle.

Certes il fallait les sortir, mais le fallait-il vraiment ? Pour faire entrer des gamins, il y avait du lourd sur le banc.

Le rugby, vrai, est tué par les nouvelles règles qui font place belle aux remplaçants. D'un mot, dans un match est-il normal de ne pas affronter les mêmes adversaires d'un bout à l'autre ...? Sans quoi ce n'est plus le même match. Qui gagne ? L'équipe de départ ou l'équipe des remplaçants ?

Cela dit chapeau à Saint Denis qui après avoir analysé les points faibles d'Auxerre, a porté le fer là où le bât blessait. Avec du caractère car ils étaient mals à un moment donné. C'est une victoire de l'intelligence et cela est rassurant pour le sport en général et le rugby en particulier.

Ultime question : pourquoi le RCA est-il parti en vrille à 20 minutes de la fin ... ?

Si les Icaunais trouvent la (les) réponse (s) à cette question, ils ont une vraie chance, dimanche prochain, au stade Delaune, à Saint Denis. Surtout que les Dyonisiens s'y voient déjà, comme si c'était fait. C'est eux les plus forts ! "Et Auxerre qui nous a fait tant souffrir , va prendre une déculottée  à Delaune... "

Et basta.
L'issue de cette affaire, anecdotique dans l'histoire de l'humanité et du rugby, sera une question d'intelligen
ce. Ni plus ni moins.

L'intelligence de l'adaptation ... de la main... du coeur, ou du pied... ou .... ?


Pierre-Jules GAYE