Irfan Hasan Hysenbelliu, 57 ans, est le patron du groupe IHB propriétaire de Birra Korça, Erjoni LTD et du groupe Panorama. Il possède 50% des parts de l'Université de l'Uarasi et du groupe Focus propriétaire de 24 châines de télévision. Il est aussi copropriétaire de 15 hôpitaux en Italie et en France à Paris (DR)

 

France Bleu Auxerre par la voix familière et compétente de Bruno Blanzat, véritable porte-voix de l'AJA, évoquait, lundi matin, sur les ondes les tractations qui seraient en cours entre un richissime homme d'affaires Albanais et Corinne Limido, propriétaire actionnaire majoritaire du club. Aucune offre n'aurait été mise sur la table mais les discussions se poursuivent.

Ce n'est pas la première fois que la vente ou plus exactement la revente du club agite le milieu. Emmanuel Limido, feu le sauveur avec un chèque de 5 millions d'euros, lui-même s'est attaché à trouver des investisseurs étrangers et fortunés pour entrer au capital, tout en développant la communication sur les compétences du centre de formation de l'AJA afin de vendre des prestations de formation de cadres et de jeunes étrangers, source de revenus complémentaires, indispensables pour la survie du club. Le centre de formation coûte environ 3 à 4 millions d'euros par an en fonctionnement.

La remontée en Ligue 1 à cet égard constituait une nécessité et un impératif dans les deux à trois années à venir, les recettes de droits télé ne représentant en Ligue 2 que 4 millions d'euros sur un budget de 13 millions et un total de recettes de 9 millions d'euros. D'où le déficit structurel en excluant toute vente de joueurs, qui constitue un revenu supplémentaire de compensation, bonus à terme compris.

Jusqu'ici, le président Guy Cotret, juriste et ancien banquier, a assaini le club grâce à des coupes claire drastiques et douloureuses. Masse salariale (surtout celle dédiée aux joueurs pros), licenciements, séparations à l'amiable ou devant les prudhommes, réduction des charges diverses, nouvelle organisation (par exemple plus qu'une seule entrée au stade Abbé-Deschamps), arrêt de la direction et de la gestion des études au centre de formation.

Les ventes de Ntep, Haller, et autres joueurs ont rapporté des recettes exceptionnelles qui se poursuivent sous forme de perception de bonus dans le temps. Ainsi que le beau parcours en Coupe de France la saison dernière. Seulement voilà : en dépit d'une gestion de gestionnaire d'excellence, le modèle ne peut fonctionner sans apport de recettes nouvelles et substantielles. Sauf à végéter au bas de la Ligue 2 ou en National en bricolant les budgets.

L'AJA est donc depuis toujours, d'une certaine manière, à vendre. Sous l'ère Roux elle se vendait au travers de son image européenne grâce à des campagnes régulières exceptionnelles, qui mettaient en valeur de jeunes joueurs issus du club du patro et vendus à prix d'or sur un marché ouvert, en progression et gourmand. Tout le contraire d'aujourd'hui.

 

L'association AJA détient la clé de l'édifice

 

Seulement il y a des obstacles à la vente, d'ordre juridique et d'ordre sociologique.

Aucun partenaire financier ne peut entrer au capital de l'AJA sans le feu vert de l'association AJA, actionnaire minoritaire (40%) qui dispose d'une minorité de blocage.

Corinne Limido, actionnaire majoritaire, n'est pas propriétaire de l'ensemble du patrimoine foncier, immobilier, ni même de la marque AJA.

Comment dans ces conditions vendre l'AJA ? Qui voudrait devenir actionnaire majoritaire sans véritable pouvoir ni assise et liberté d'action ? Emmanuel Lilido de son vivant n'y est pas parvenu. Et s'est heurté assez violemment pour qui a suivi de près le dossier, aux dirigeants de l'association AJA que préside le Nivernais d'origine, Michel Parmentier, à la tête d'une floppée de Mac Do et de 2 000 salariés, épaulé par Michel Chaufournais, monsieur magasins Leclerc dans l'Yonne, dont la société principale de centrale d'achat développe un chiffre d'affaires qui dépasse le milliard d'euros chaque année, Guy Roux le mythique, Alain Géhin, Monsieur Ibis parmi d'autres pointures historiques ou modernes, qui font le poids dans l'univers du business.

Alors comment expliquer ces rumeurs qui affleurent régulièrement ? S'agit-il de poker menteur, de teasing ?

Deux observations.

Corinne Limido suite au décès de son mari l'après-midi de la finale de la Coupe de France, est dans une situation de succession avec ses deux filles, comme n'importe quelle famille dans ce cas de figure. Son objectif affirmé d'emblée a été de rassurer les uns et les autres, en précisant qu'elle poursuivait l'activité chère à son époux à l'AJA. Cela dit, il paraît évident que l'AJA ce n'est pas son truc.

Dans ces conditions, les discussions qu'on lui prête avec un homme d'affaires Albanais qui lui aurait fait une offre ferme de 9 millions d'euros (soit une plus-value de 4 millions), si l'information est vraie, pourront-elles aboutir ? Il est permis d'en douter.

En vérité, la seule voie qui paraît praticable et raisonnable serait celle d'un rachat de ses parts (Corinne Limido Ndlr) par l'association AJA l'actionnaire minoritaire ou par un consortium d'entrepreneurs et acteurs Bourguignons ambitieux quitte à se greffer sur l'association.

Mais cela est une autre histoire.

Le monde du football, il faut le souligner, fait partie d'un univers à lui tout seul où les usages et pratiques défient souvent e bon entendement. Donc on peut s'attendre à tout. Une offre de 9 millions ne se refuse en principe pas. Les choses pourraient aller très vite dans les prochains jours. À l'issue de la précédure de "due diligence" en cours, l'acquéreur Albanais qui s'est manifesté, confirmera un chiffre de rachat ou se retirera si l'enquête de due diligence s'avère non fructueuse.

Michel Parmentier, président de l'association AJA, interrogé par Auxerre Tv, dit entendre les rumeurs mais n'être saisi de rien, en tant qu'actionnaire minoritaire. Il précise toutefois que Corinne Limido au travers de AJA XXL, actionnaire majoritaire au sein de la SAOS AJA, peut parfaitement vendre ses actions sans passer par les fouches caudines d'une assemblée générale extraordinaire. La holding étant enregistrée au Luxembourg c'est dans ce pays que s'effectuerait la transaction possible.

Dans cette hypothèse, pourquoi un richissime Albanais achète-t-il l'AJA ? Vitrine ? Surface de business au travers d'achats et de ventes de joueurs ? Quoi encore ?


Pierre-Jules GAYE