On en parle depuis longtemps. On en parle régulièrement. C'est le nouveau graal. D'aucuns ont eu raison trop tôt. Or avoir raison trop tôt, c'est bien mais cela ne sert à rien car les autres ne vous suivent pas, puisque vous êtes en avance. L'internet dans l'Yonne, comme la téléphonie mobile a fait jaser, fait jaser et fera jaser. Lenteur, absence et manque de communication, incompréhension, manque de volonté politique, frustration, colère, impuissance ... les zones blanches sont nombreuses, à savoir ces zones de territoire où rien ne passe et où rien n'arrive. Parlez-en aux Poyaudins, aux Sud-Auxerrois, aux Avallonnais, aux Tonnerrois, aux gens du nord.

Rien de nouveau sous le soleil.

Le dossier présenté en session du conseil dépatemental spécialement dédié à cet effet, a filé entre les doigts de la plupart de conseillers. En un peu plus de deux heures et demie, ils ont adopté en bloc une délibération comportant des sujets différents tels l'adoption du plan, son financement,  l'adhésion et la désignation de deux délégués à la structure SPL qui sont André Villiers soi-même et Malika Ounès vice-présidente en charge du développement numérique, succédant à Guy Bourras (Saint-Julien-du-Sault)

Certes, un échange très long et musclé (plus d'1h30) a opposé André Villiers et Nicolas Soret, membre de l'opposition, et président de la Communauté de communes du Jovinien. En substance, la teneur des problématiques de l'échange est consignée dans une Tribune qu'il a signée pour Auxerre TV.

Si la vice-présidente en charge du numérique, qui a succédé à Guy Bourras, qui ne s'est pas représenté aux élections après 26 années de mandat, demeura étrangement silencieuse d'un bout à l'autre de la réunion ; d'autres conseillers départementaux intervinrent dans le débat.

Yves Vecten (Vincelles),  membre de l'opposition départementale, un ancien pilier du RCA, un peu colère, estima que rien n'avait été fait au cours des cinq dernières années et que l'Yonne avait pris beaucoup du retard, ce que contesta le président Villiers.

Jean-Baptiste Lemoyne (Gâtinais en Bourgogne), sénateur LR, expliqua qu'il fallait désormais y aller à marche forcée.

Delphine Grémy (Gâtinais en Bourgogne), conseillère PR, par ailleurs présidente de la Fédération de l'Yonne du Bâtiment, indiqua qu'il fallait avoir le courage de dire aux Icaunais que le conseil départemental n'aurait pas les moyens de financer l'arrivée de la fibre optique à chaque domicile dans les petites communes.

Valérie Leuger (Auxerre 1) conseillère LR, insista sur l'importance de bien communiquer sur ce sujet difficile à appréhender. Et l'élue des hauts d'Auxerre de souligner que si ce plan était valable, alors il fallait l'expliquer et expliquer les choix aux Icaunais.

Le dossier fut adopté qui prévoit un coût total de 40,1 millions d'euros HT cofinancé par l'État à hauteur de 13,6 millions, 11,2 millions par la région et l'Europe, 10,5 millions par le département et 4,8 millions d'euros par les établissements publics de coopération intercommunale. Force est de constater que question calendrier, tout cela reste dans le flou d'autant qu'il est forcément lié au déblocage des fonds.

 

Des questions et des pistes

 

Guy Bourras fut longtemps conseiller général de l'Yonne et vice-président chargé des nouvelles technologies de communication et de l'économie numérique.

Le maire UDI de Saint-Julien-du-Sault ne s'est pas représenté aux élections au conseil départemental, au printemps, estimant qu'après 26 ans, il était temps de laisser la place aux jeunes. Auxerre TV lui a demandé ce que lui inspirait les dernières évolutions et prises de position en matière d'accès au très haut débit, vaste chantier évoqué au début dès l'an 2 000 par Herni de Raincourt alors président du conseil général.

"Non la fibre de la montée en débit ne doublera pas le cuivre : elle sera réutilisée pour la poursuite du programme fibre pardi !

"Oui l'Oise est en avance, mais l'Oise demande 25 % aux intercommunalités (parole de son président Rome)

"Oui la Nièvre a beaucoup investi : 45 millions d'euros ! ... mais les opérateurs ne veulent pas utiliser ses infrastructures et préfèrent celles d'Orange. Ce n'est pas Guy Paris, ancien conseiller général socialiste d'Auxerre qui dira le contraire, lui qui avait déconseillé au CG 58 d'aller dans cette voie.

"Oui Delphine Gremy a raison : il ne faut pas promettre la fibre pour tous, tout de suite : de l'avis des pros ce ne sera pas avant 2030/35. Ça fait onze ans que j'en ai ma claque d'entendre des promesses, depuis celle de HDR qui disait en 2004 que tout le département serait en haut débit en 2007 !

"Et tous ces blocages ( législatifs) qui bloquent le progrès. Un seul exemple : mon adjoint a 56 mb/s depuis 1 ans - et pourtant il aurait pu l'avoir il y a quatre ou 5 ans. Idem pour beaucoup d'Auxerrois. Et bien non. Pourquoi ? Parce que la loi interdisait à France Télécom de le commercialiser.

"Peu savent qu'un petit appareil permettrait de diviser la note du très haut débit.  Les Suisses l'utilisent. En France ? Interdit ! Or ce dispositif est fabriqué en France. Allez comprendre.

"Enfin, lorsque l'on a mis la fibre chez le particulier, on lui demande 250 €  et là, il y a beaucoup moins de candidats.

"Depuis deux années, la fibre est dans la zone industrielle de Saint-Julien-du-Sault : une seule entreprise est raccordée, les autres pas intéressées ... pour l'instant !

"Le cuivre fini ? En labo, on arrive à y faire passer du 200 mbs et on annonçait du giga bits il y a 6 mois.

"Ah, le jour où l'on arrêtera de nous prendre pour des crétins.

"Allez encore un point de colère : les subventions d'État ? Pas un euro ne serait versé avant .....2019 !

"En fait, ce qu'il y a de nouveau ? Rien, simplement le déroulé de ce qui est prévu depuis 2012/2013".

 

Rien de nouveau sous le soleil, écrivions-nous. Si Bourras dit vrai, la mise en oeuvre du plan de cinq ans qui vient d'être votée par le conseil départemental de l'Yonne, ne prendrait effet qu'en 2019. De l'eau va couler sous les ponts de l'Yonne.

Évidemment, on pourra rétorquer que Bourras n'est plus élu et qu'il n'y connaît rien. Sauf qu'il en remontrerait sans doute à beaucoup présents, vendredi dernier, dans l'hémicycle de la villa départementale.  Nous sommes prêts à parier gros, qu'ils n'ont rien compris au film, non plus qu'à la carte magique du cabinet spécialisé, au nom d'irlandais qui nous aurait mis la raclée, pas vrai Yves ? On les comprend.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

LE RAPPORT PROPOSÉ PAR LE PRÉSIDENT