La Toussaint, cette fête, rappelle donc à tous les fidèles, la vocation universelle à la sainteté. Fra Angelico, Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs, 1423-1424.

 

La crémation a progressé mais elle stagne voire recule relativement. Elle représente à peine le quart des obsèques par rapport à l'inhumation sur Auxerre.

Elle symbolise quelque part, le désir d'en finir vite  par le feu-four et disparaître en poussière.

Le sociologue Tanguy Châtel (*) affirme que les Français voudraient se débarrasser de la mort. parce que nous sommes dans une société où la mort est considérée comme un échec et qui met donc tout en oeuvre pour la faire reculer. Paradoxalement, en même temps, la mort est constamment mise en scène sur les écrans de télévision et de cinéma. Et il existe une très grande différence entre la mort de nos proches et  la façon dont on la met fictivement en scène.

(...) "Depuis les années 70 la mort est devenue très médicalisée en raison des progrès de la médecine et de la création des CHU (centres hospitaliers universitaires), transférant la mort à l'hôpital. Depuis la seconde guerre mondiale il existe une culture de l'obligation au bonheur. L'échec de la vie, la mort, sont rejetés, masqués, ignorés. Ainsi la médicalisation de la mort est un moyen de désamorcer la réalité de sa violence psychique et sociale."

(...) "C'est la fin de vie et non la mort qui pose le plus problème. Les soins palliatifs ont permis diminuer la violence de la mort. À présent c'est l'autre face de la mort, le deuil, qui est complètement escamoté, qui devient insidieusement problématique.On voudrait qu'il se fasse discrètement et rapidement. or l'intégration progressive de la réalité de la mort est un chemin qui s'éprouve et s'accompagne. Avant elle faisait partie de la culture du savoir quoi dire, quoi faire, même si c'était très codifié. Aujourd'hui, chacun est démuni et livré à lui-même, et cela ajoute à la souffrance."

(...) "La protocolisation de la mort réduit la mort à une procédure. On ne fait qu'accentuer le processus de désenchantement en la matérialisant sous contrôle, rendant la mort principalement technique."

(...) "La crémation qui fut au début l'affaire des athées exclusivement, s'est développée. On demande aux professionnels d'introduire de "faire comme une messe" d'introduire de la ritualité de lire des textes spirituels. C'est une ritualité très appauvrie qui n'évoque que sommairement quelque chose de sacré avec des symboles primaires (lumière, feu, cendres) avec une grande part d'improvisation."

(...) "On constate néanmoins qu'après deux siècles de rationalisation qui a contribué à écarter la question de la mort, celle-ci revient en force. Et que la tendance oscille entre deux représentations : une matérialiste centrée sur le corps et la maîtrise, l'autre plus spirituelle (pas forcément religieuse) nourrie de rituels et de liens. Nous sommes à la croisée des chemins."

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(*) Tanguy Châtel est l'auteur de "Vivants jusqu'à la mort : accompagner la souffrance spirituelle en fin de vie" paru chez Albin-Michel.

Extraits d'un entretien au Télégramme édition du 31 octobre et de Santé Plus

 

UNE PLAYLIST SUR LA GRANDE FAUCHEUSE

 

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