Il est parti rejoindre les étoiles sous un nuage de fleurs le bougre ! (DR)

 

Ce fut une cérémonie qui avait l'étoffe du personnage défunt, qui vit encore dans les coeurs. Les fleurs naturelles tapissaient l'estrade du choeur et au-delà. Jamais vu autant d'un coup dans un édifice religieux. Comme si les gens voulaient qu'il emporte un truc d'eux avec lui. Des orchidées, des brassées de roses isolées déposées comme ça par un, par deux, par trois. Et cette couronne de lierre en forme de coeur. Simple. Belle.

Lorsque le cercueil est sorti de l'église Saint-Eusèbe, à la fin, de longs et chaleureux applaudissements ont salué le passage, véritable haie d'honneur de vibrations, une clameur montée vers le ciel. Les gens ont attendu sur place. Personne ne voulait partir. Le temps s'est arrêté. La foule s'est dispersée après le départ de la voiture. Comme pour profiter de lui, Christophe, jusqu'au bout du bout.

L'entrée du cercueil commença dans un silence pesant. Puis, un harmonica, une guitare de ses potes emplirent de sons doux l'édifice gagné par l'harmonie et par la solitude des femmes et des hommes nus, ainsi confrontés sur les dalles froides de pierre d'église, au mystère de la vie et de la mort.

Et puis il y eut ces mots de la femme du défunt, Marie, avec laquelle il sauta en parachute le jour de leur mariage. Des mots touchants. Moment d'émotion intense. Avec des sanglots en lame de fond.  Marie a remercié son mari pour ces années de bonheur mais aussi pour la dignité dont il a fait preuve jusqu'au bout. Et ce message d'espoir pour qu'après la douleur, la joie de vivre telle qu'il lui a apprise, qu'il leur a apprise, reprenne le dessus.

Il y eu aussi des mots de son neveu et de deux de ses amis.

Le message de l'homélie du père Joël Rignault fut de dire que le monde qui se pressait là, aujourd'hui, dans l'église révélait bien la part d'humanité de l'homme. Qui, par un regard, un sourire, offrait de l'humanité à des clients dans un monde où les regards ne se croisent pas. Son regard à lui, Bouli, se posait sur chacun. Il était une oreille attentive et partageait les bonheurs ou les confidences de ses clients.

Puis, avant l'évangile, l'hallelujah de Jeff Buckley, une version récente sensible, fut repris en choeur par ses amis et Bigorre tenait la guitare. Spontanément, les membres de l'assitance entonnèrent le refrain qui gonfla l'enceinte et résonna contre les pierres et les vitraux.

La bénédiction du cercueil fut longue, très longue, tant les gens défilèrent. De part et d'autre. Pour s'incliner. Pour lui dire au revoir, chacun à sa manière. Une dernière fois. Symboliquement.

Puis vint le plus dur, la sortie. Le dernier défilé. L'attente. La voiture. Le départ. Un désarroi.

Le Schaeffer, au même instant, dont le rideau était fermé, a rouvert ses portes, comme par miracle.

Les amis proches de la famille accueillaient. À tables ouvertes. Évidemment.

 

P-J. G., à quatre mains