POLITIQUE
Couvre-feu à Sens : André Villiers tacle le préfet à Auxerrexpo
le vendredi 27 novembre 2015, 14:39 - POLITIQUE - Lien permanent
Si l'ouverture de la traditionnelle journée des maires la huitième du genre à Auxerrexpo fut empreinte d'une grande dignité en cette journée d'hommage national aux victimes des attentats de Paris, la suite ne fut pas du même tonneau
André Villiers : gare à la surenchère sécuritaire ... (DR)
Minute de silence, puis la Marseillaise, les élus emplissant les gradins pour la photo. C'était vendredi à 9h45 à Auxerrexpo. Ce vendredi, journée d'hommage national, aux 130 victimes des attentats du 13 novembre à Paris.
Dans son propos liminaire, le président UDI du département, André Villiers, qui a décidé de ne pas faire campagne pour les régionales, fâché contre l'UDI Sauvadet et les LR, a mis un méchant tacle (c'est jour de foot à l'AJA !) au préfet de l'Yonne pour avoir instauré un couvre-feu à Sens dans le quartier des Champs-Plaisants.
Le patron du conseil départemental a vivement critiqué cette mesure, unique en France, qui a stigmatisé la population d'un quartier et fait les choux gras de la presse internationale qui est revenue d'un quartier calme et tranquille. Plus que Saint-Denis ou Sarcelles.
"Oui à l'état d'urgence, non à un certain nombre de mesures qui stigmatisent la population de l'Yonne". Et Villiers de mettre en garde solennellement contre la surenchère sécuritaire.
Comment expliquer une telle saillie dans ce contexte qui apparaît pour le moins inapproprié ? Un pétage de plombs ...? Non. Certes, le point de vue est légitime sur le fond dans le cadre d'un débat et d'échanges de vues argumentés.
Mais fallait-il le marteler à la tribune en ce jour de deuil et d'hommage national, devant les maires dont certains étaient ahuris devant ces propos, les laissant sans voix ?
André Villiers ancien suppléant du sénateur Raincourt n'est pas irresponsable, il sait donc ce qu'il fait.
Il y aurait certes beaucoup à dire sur ce couvre-feu administratif, unique et première en France, décidé par Jean-Christophe Moraud, dont les mauvaises langues disent qu'il cotoîe trop Guillaume Larrivé, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et directeur adjoint du cabinet du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, à qui serait promis le poste en cas de victoire de Sarkozy en 2017 à la présidentielle.
Plus surprenant est la déclaration aux médias accourus sur place, du préfet de l'Yonne en visite, samedi matin dernier, dans le quartier paisible où passaient régulièrement deux véhicules de police nuitamment. Qu'a-t-il dit en substance ? Le représentant de l'État dans le département a fait valoir l'aspect préventif du couvre-feu afin d'éviter des feux de poubelles. Marie-Louise Fort qui n'en attendait pas tant, a sauté dans la roue du préfet, d'autant que la ville va installer une série de caméras de video-surveillance.
L'Yonne éprouvée, des traces et des blessures
Tapez Sens sur Google. Sûr que cela n'incitera pas un entrepreneur à venir s'y installer. Et les traces de blessures de cette stigmatisation objective ne s'effaceront pas avant longtemps.
Au fond, on ne peut totalement exclure qu'André Villiers a été profondément touché et vexé par cette mesure - une dans la boîte à outils dont dispose le préfet - qui pointe une nouvelle fois le doigt sur l'Yonne devant la France entière, par un petit bout de la lorgnette. En tirant le département vers le bas, inutilement et de manière profondément injuste. Pas besoin de remonter à l'affaire de ce bon docteur Peutiot à Villeneuve-sur-Yonne ou dans l'Auxerrois, non plus qu'à l'affaire douloureuse des disparues de l'Yonne et d'autres meurtres non élucidés, et autres scandales financiers (Crédit agricole etc) pour ne citer que cela.
Le département est éprouvé, son image s'est déterriorée au fil des ans, en perdant son cher jouet le TGV qui s'arrêtait à Laroche-Migennes comme un symbole, ou encore le Festival de musique de films, proprement guillotiné au moment où, après avoir été critiqué, il avait pris son envol.
Mais cela ne vaut pas excuse voire même circonstance atténuante de la part du politique. Il y a un temps pour tout et chaque chose doit être à sa place surtout en ces temps d'épreuve nationale. Et puis, il y a ce qu'on ne sait pas et que le préfet ne peut pas dire. La perquisition qui a permis de trouver des armes et des faux papiers à Sens aurait été prolifique. Ces éléments devraient être exploités et qui peut affirmer qu'ils ne sont pas de la plus haute importance dans la lutte contre le terrorisme ? Qui ont compté dans la balance pour amener le préfet de l'Yonne à prendre la décision du couvre-feu ?
Au bout du compte, ce qui apparaît clairement, c'est la faiblesse de la relation entre le préfet et le patron de l'Yonne.
À Auxerrexpo, la suite fut plus conforme à ce qu'on pouvait attendre. Show très haut débit (Villiers a repris des propositions de l'opposition), show social sans saveur ni odeur le tout bien salé et poivré à la sauce partisane, juste comme on ne l'aime pas. À cet égard, l'intervention d'un avocat Lyonnais sur la loi NOtre fut la cerise sur le gâteau. Il finit par consentir à dire qu'il avait travaillé au cabinet du ministre valoisien de droite, Durafour. Vous aurez compris qu'il n'y a rien de bon dans la loi NOtre. Des élus l'ont bien compris qui ne sont plus dupes.
De nombreux maires ou représentants de leurs communes étaient présents pour cette grand-messe annuelle où la bonne parole est distribuée pour venir en aide aux communes en ces temps difficiles. Des sénateurs aussi dont c'est l'électorat ainsi que des conseillers départementaux.
Le point fut fait sur l'agence technique départementale, structure coûteuse créée l'année dernière, pour venir en aide aux communes en matière d'ingénéring administrative.
Stop. On reparlera des satellites du département : Yonne - développement, équipement, active création.
Pierre-Jules GAYE.
Commentaires
la mission du préfet me semble difficile, c'est une responsabilité en cas de troubles. il avait certainement des informations au sujet d'une éventuelle menace, ou d'opérations policières en cours / prévues. Villiers ferait mieux d'arrêter un peu, de se faire oublier après tous les pbs causés. le préfet a la charge de l'Yonne et lui du conseil départemental : donc des subventions, des collèges, du RSA... ne pas mélanger.
QUE DIRE ???
Plutôt lamentable, affligeant tout cela, non ?
Lamentable, mais qui peut sincèrement s'en étonner ?
Je croyais qu'elle ne serait plus de mise, cette opposition systèmatique d'un parti en l'occurrence une udi de droite contre un pouvoir encore pour peu de temps à gauche.... Bientôt un autre président sera élu et nous recommencerons cette gouvernance... Quand les électeurs seront rassemblés pour enfin reconquérir notre France plutôt que nous laisser au fil de l'eau sombrer dans l'extrémisme...
Je croyais qu'elle ne serait plus de mise, cette opposition systèmatique d'un parti en l'occurrence une udi de droite contre un pouvoir encore pour peu de temps à gauche.... Bientôt un autre président sera élu et nous recommencerons cette gouvernance... Quand les électeurs seront rassemblés pour enfin reconquérir notre France plutôt que nous laisser au fil de l'eau sombrer dans l'extrémisme...
On voit fleurir, deci delà par ces temps incertains, des propositions visant à punir des personnes non pour les actes commis mais pour ceux qu'éventuellement elles pourraient commettre!
Romain Rolland avait-il raison, lorsqu'il écrit, un peu découragé, malgré son humanisme chevillé au corps:
"toute guerre contre un régime totalitaire conduit presque immédiatement à instaurer chez soit un régime totalitaire." Journal de Vezelay
Le Président Villiers n'a pas tort concernant l'image négative que la décision du Préfet sur le couvre feu d'un quartier ciblé de Sens a pu renvoyer sur cette ville et sur le département.
JPJ n'as pas tort non plus en précisant que peut être d'autres éléments sur l'exploitation des armes et des faux papiers trouvés lors des perquisitions peuvent être utile pour l'antiterrorisme et justifier ce couvre feu.
Mais déclencher un couvre feu sur un quartier ciblé engendre inévitablement de la suspicion, il aurait été plus intelligent si celui-ci s'avérait nécessaire de l'instaurer sur l'ensemble de la ville.
Des propos intolérables à l'heure où la France traverse une tragédie sans nom, pleure ses morts, et où des victimes sont encore entre la vie et la mort. Inacceptable et impardonnable !
Et oui, on regrettera que Mr Villiers ait été réélu à la présidence du Conseil Départemental, il y avait tellement mieux comme candidat...
Tenir ces propos aujourd'hui est indigne et indécent.