André Villiers : gare à la surenchère sécuritaire ... (DR)

 

Minute de silence, puis la Marseillaise, les élus emplissant les gradins pour la photo. C'était vendredi à 9h45 à Auxerrexpo. Ce vendredi, journée d'hommage national, aux 130 victimes des attentats du 13 novembre à Paris.

Dans son propos liminaire, le président UDI du département, André Villiers, qui a décidé de ne pas faire campagne pour les régionales, fâché contre l'UDI Sauvadet et les LR,  a mis un méchant tacle (c'est jour de foot à l'AJA !) au préfet de l'Yonne pour avoir instauré un couvre-feu à Sens dans le quartier des Champs-Plaisants.

Le patron du conseil départemental a vivement critiqué cette mesure, unique en France, qui a stigmatisé la population d'un quartier et fait les choux gras de la presse internationale qui est revenue d'un quartier calme et tranquille. Plus que Saint-Denis ou Sarcelles. 

"Oui à l'état d'urgence, non à un certain nombre de mesures qui stigmatisent la population de l'Yonne". Et Villiers de mettre en garde solennellement contre la surenchère sécuritaire.

Comment expliquer une telle saillie dans ce contexte qui apparaît pour le moins inapproprié ? Un pétage de plombs ...? Non. Certes, le point de vue est légitime sur le fond dans le cadre d'un débat et d'échanges de vues argumentés.

Mais fallait-il le marteler à la tribune en ce jour de deuil et d'hommage national, devant les maires dont certains étaient ahuris devant ces propos, les laissant sans voix ?

André Villiers ancien suppléant du sénateur Raincourt n'est pas irresponsable, il sait donc ce qu'il fait.

Il y aurait certes beaucoup à dire sur ce couvre-feu administratif, unique et première en France, décidé par Jean-Christophe Moraud, dont les mauvaises langues disent qu'il cotoîe trop Guillaume Larrivé, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et directeur adjoint du cabinet du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, à qui serait promis le poste en cas de victoire de Sarkozy en 2017 à la présidentielle.

Plus surprenant est la déclaration aux médias accourus sur place, du préfet de l'Yonne en visite, samedi matin dernier, dans le quartier paisible où passaient régulièrement deux véhicules de police nuitamment. Qu'a-t-il dit en substance ? Le représentant de l'État dans le département a fait valoir l'aspect préventif du couvre-feu afin d'éviter des feux de poubelles. Marie-Louise Fort qui n'en attendait pas tant, a sauté dans la roue du préfet, d'autant que la ville va installer une série de caméras de video-surveillance.

 

L'Yonne éprouvée, des traces et des blessures

 

Tapez Sens sur Google. Sûr que cela n'incitera pas un entrepreneur à venir s'y installer. Et les traces de blessures de cette stigmatisation objective ne s'effaceront pas avant longtemps.

Au fond, on ne peut totalement exclure qu'André Villiers a été profondément touché et vexé par cette mesure - une dans la boîte à outils dont dispose le préfet - qui pointe une nouvelle fois le doigt sur l'Yonne devant la France entière, par un petit bout de la lorgnette. En tirant le département vers le bas, inutilement et de manière profondément injuste. Pas besoin de remonter à l'affaire de ce bon docteur Peutiot à Villeneuve-sur-Yonne ou dans l'Auxerrois, non plus qu'à l'affaire douloureuse des disparues de l'Yonne et d'autres meurtres non élucidés, et autres scandales financiers (Crédit agricole etc) pour ne citer que cela.

Le département est éprouvé, son image s'est déterriorée au fil des ans, en perdant son cher jouet le TGV qui s'arrêtait à Laroche-Migennes comme un symbole, ou encore le Festival de musique de films, proprement guillotiné au moment où, après avoir été critiqué, il avait pris son envol.

Mais cela ne vaut pas excuse voire même circonstance atténuante de la part du politique. Il y a un temps pour tout et chaque chose doit être à sa place surtout en ces temps d'épreuve nationale. Et puis, il y a ce qu'on ne sait pas et que le préfet ne peut pas dire. La perquisition qui a permis de trouver des armes et des faux papiers à Sens aurait été prolifique. Ces éléments devraient être exploités et qui peut affirmer qu'ils ne sont pas de la plus haute importance dans la lutte contre le terrorisme ? Qui ont compté dans la balance pour amener le préfet de l'Yonne à prendre la décision du couvre-feu ?

Au bout du compte, ce qui apparaît clairement, c'est la faiblesse de la relation entre le préfet et le patron de l'Yonne.

À Auxerrexpo, la suite fut plus conforme à ce qu'on pouvait attendre. Show très haut débit (Villiers a repris des propositions de l'opposition), show social sans saveur ni odeur le tout bien salé et poivré à la sauce partisane, juste comme on ne l'aime pas. À cet égard, l'intervention d'un avocat Lyonnais sur la loi NOtre fut la cerise sur le gâteau. Il finit par consentir à dire qu'il avait travaillé au cabinet du ministre valoisien de droite, Durafour. Vous aurez compris qu'il n'y a rien de bon dans la loi NOtre. Des élus l'ont bien compris qui ne sont plus dupes.

De nombreux maires ou représentants de leurs communes étaient présents pour cette grand-messe annuelle où la bonne parole est distribuée pour venir en aide aux communes en ces temps difficiles. Des sénateurs aussi dont c'est l'électorat ainsi que des conseillers départementaux.

Le point fut fait sur l'agence technique départementale, structure coûteuse créée l'année dernière, pour venir en aide aux communes en matière d'ingénéring administrative.

Stop. On reparlera des satellites du département : Yonne - développement, équipement, active création.

 

Pierre-Jules GAYE.