Nouvelle année, 365 pages blanches. En préface, les meilleures intentions, celles que l’on se souhaite à soi-même de tenir et ne pas lâcher… et dont on se demande surtout de combien de temps on pourra les faire durer. C’est qu’on se connaît en matière de résolutions….

Car faire du neuf avec du vieux, on le sait… ça n’est jamais très ferme.

Mais on peut faire du mieux avec du vieux, en pliant ici, transformant là, ponçant une pièce, dignifiant une autre d’un coup de couleur fraiche. Et oui, il y a un mieux, c’est certain. Pas un miracle puisque nous n’avons rien de l’étoffe des saints, mais un mieux.

 

 

Une année nouvelle n’est le début que d’un calendrier, et de rien d’autre. C’est la continuation de notre vie. Mais comme avec les cahiers de la rentrée des classes, on aime à y voir le début d’un nouveau “moi” – débarrassé de ses parasites habituels : les “défauts”.

 

 

Peu importe ce que vous voulez acquérir ou perdre de vous-même en ce début d’année, il s’agira d’enchaîner convenablement 2015 à 2016 sous le regard de Janus, le dieu aux deux visages, aux deux regards, le point de rencontre entre passé et futur. Déjà la lumière brille plus longtemps sur son front, déjà la nuit recule, s’aplatit, soumise, au sol que le froid va embrasser quelques mois encore, pour mieux contenir l’exubérance de la vie qui n’attend que les ruissellements et tiédeurs du printemps pour exploser.

 

 

L’hiver – un vieux monsieur bien en retard cette année, ayant oublié son manteaux blanc il ne sait où – n’a pas fini de caresser narines et palais de ses parfums et saveurs : la tarte aux pommes, les marrons, les boudins qui grésillent dans la grande poêle, le lard qui se vautre dans les haricots, les potées qui fondent contre la langue… Le vin chaud dont les épices sourient mystérieusement…

Il nous offrira aussi, si enfin il retrouve son fameux manteau, les promenades qui craquent sous les semelles, qui rougissent le nez, ouvrent l’appétit, amplifient les rires des enfants, et nous font évoquer les descentes en luges de bois de nos jeunesses. Les pieds que l’on secoue en rentrant pour en déloger (Monsieur Hiver, le retrouvez-vous enfin, ce manteau blanc?) la neige qui disparaît comme un mirage, ne laissant que de l’eau sale sur le plancher.

Et nos bonnes résolutions auront fondu elles aussi, bien vite. Ne restera que nous, le même qu’en 2015, et pourquoi pas?

 

 

A tous, une excellente année 2016 !

 

                                                     Suzanne DEJAER