PATRIMOINE
L'orgue monument classé de l'abbatiale de Pontigny va être restauré
le mardi 26 janvier 2016, 11:56 - PATRIMOINE - Lien permanent
Le devis tourne autour de 600 000 euros. Le financement de l'État (50%) est acquis via la DRAC qui a donné le feu vert. Reste le concours de la région, du département et autres collectivités
La tribune et le buffet de l'orgue gothique de l'abbatiale de Pontigny, photographié, lundi à 14h30 (DR)
L'Orgue de l'abbatiale de Pontigny dans l'Yonne est silencieux depuis trente ans.
Construit en 1645 provenant de l'abbaye Saint Pierre de Châlons-en-Champagne.
Grâce à l'action énergique de l'association Orgue de Pontigny, cet orgue classé par les monuments historiques, va être restauré pour revivre dans l'édifice insigne connu dans le monde entier.
Le 900ème anniversaire de l'abbatiale Notre-Dame de Pontigny, qui est aussi la cathédrale de la Mission de France, ancien monastère de l'ordre cistercien fondée en 1114, fut l'étincelle de l'entreprise. Elle est la seconde des "quatre premières filles" de Cîteaux. Pontigny est aujourd'hui, la plus grande église cistércienne du monde (*)
Le prêtre de la Mission Jean-Marie Ploux en témoigne, complètement investi dans le plan d'action aux côtés de Serge Scapol, président de l'association Orgue de Pontigny.
Lumières de janvier suivant la course du soleil (DR)
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(*) Le domaine abbatial fut racheté par Paul Desjardins en 1906 ; il y organisa les célèbres Décades de Pontigny, rencontres d’écrivains, de philosophes et d’intellectuels français et européens, auxquelles participèrent, entre 1910 et 1939, des intellectuels comme André Gide, Roger Martin du Gard, André Maurois, Jacques Rivière, ou encore Jean Tardieu parmi de nombreux autres personnages. En 1986, François Mitterrand président de la République vint se promener dans les jardins empruntant notamment l'allée des charmilles.
À partir de 1947, les pères de la Congrégation de Saint Edme, qui s’était développée aux États-Unis, revinrent dans les locaux de l'ancienne abbaye et y dirigèrent pendant sept ans un collège franco-américain.
En 1954, la Mission de France installa son séminaire dans le domaine, après que le pape Pie XII eut érigé la paroisse de Pontigny comme prélature territoriale113. Si la formation de ses prêtres s’effectue depuis 1968 en région parisienne, son statut canonique constitue de fait l'ancienne église abbatiale comme cathédrale de la Mission de France.
Entre 1968 et 2006, les anciens bâtiments accueillirent un des centres de formation de l’ADAPT où furent accueillis de nombreux stagiaires.
Acquis en 2003 par le Conseil Régional de Bourgogne, le domaine de l’abbaye a été rendu en partie accessible au public.
Il attend une mise en valeur pour une destination culturelle qui soit cohérente avec son prestigieux passé cistercien dont l’année 2014 a fêté les 900 ans.
Depuis un an, Serge Scapol, enfant de Pontigny et d'un immigré Italien, ancien entrepreneur dans les travaux publics, président de l'association Orgue de Pontigny, y passe ses journées. Les études préalables devraient s'achever à la fin de l'année. Il espère que l'appel d'offres sera lancé au début de 2017. Il faut compter deux années de restauration de l'orgue qui sera complètement démonté (DR)
L'esprit de Pontigny
«Il faut cultiver notre jardin », recommandait Candide. Paul Desjardins (1859-1940) n'avait pas que le patronyme en adéquation avec le conseil de Voltaire. Normalien, brillant helléniste, professeur aux écoles normales de Saint-Cloud et de Sèvres, l'homme a le goût des idées et des personnes. En 1910, il invente à Pontigny, un petit village de Bourgogne, des rencontres restées célèbres dans l'histoire intellectuelle du XXe siècle : les « décades » de Pontigny.
L'idée est simple, mais audacieuse : réunir dans un même lieu, à l'écart de la ville, des intellectuels pour réfléchir pendant dix jours sur un thème choisi.
Quelques années plus tôt, après la loi de séparation des Églises et de l'État, Paul Desjardins et sa femme ont fait l'acquisition de l'abbaye de Pontigny. Ce cadre chargé d'histoire sera l'écrin de son projet : « Appliquer (...) le régime cénobitique éprouvé efficace à l'entretien de la plus pure, de la plus vivace liberté de l'esprit. » Humaniste laïc, Paul Desjardins a vu la France s'effondrer face à l'Allemagne en 1870. La reconstruction morale du pays le préoccupe, les questions politiques et sociales, celles de la démocratie, de la paix et de l'éducation l'intéressent vivement.
En 1892, il s'est déjà illustré en créant l'Union pour l'action morale, un « ordre militant et laïc » qui fait appel « à tous les hommes, de quelque pays que ce soit, qui s'appuyant sur n'importe quelle religion ou philosophie, consentent à subordonner leurs intérêts particuliers à l'accomplissement de ce qu'ils croient juste, bon, vrai. » Desjardins s'illustrera aussi par sa défense vigoureuse de Dreyfus, puis de Loisy lors de la crise moderniste.
Jusqu'à sa mort en 1940, Paul Desjardins organisera plus de soixante-dix décades, brièvement interrompues par la Première Guerre mondiale. Très vite, Pontigny va bénéficier du soutien de la toute jeune « Nouvelle Revue française », et en particulier d'André Gide. Le rayonnement du lieu est intense, il dépasse les frontières de l'Hexagone. S'y côtoient François Mauriac, André Malraux, Léon Brunschvicg, Jean Wahl, Vladimir Jankélévitch, Gabriel Marcel, mais aussi Nicolas Berdiaeff, José Ortega y Gasset, Martin Buber... « Durant l'entre-deux guerres, Pontigny est une sorte de miracle du dialogue », note Claire Paulhan, éditrice et historienne. « Il y a un brassage intellectuel, politique, religieux, tout à fait impressionnant. »
Sous la charmille, on discute et on se détend. La jeunesse étudiante prometteuse est de la partie, adoubée par les plus anciens.
Au centre se tient Paul Desjardins, maître des lieux, fin débatteur, sage socratique qui fait accoucher les pensées. Un homme énigmatique, dont Roger Martin du Gard évoquera, dans son journal, le « caractère indéfinissable, mélange d'orgueil et d'humilité mystique, sincérité profonde et cabotinage flagrant, utopiste impénitent, religieux comme un moine ».
Commentaires
Bonjour ! à titre personnel, ayant chez vous de la famille, je suis entré dans cette splendide abbatiale, et j'ai regardé longuement le beau buffet d'orgues. J'espère vivement que cet orgue sera restauré, je crois comprendre que c'est en bonne voie. Bravo ! Ci-dessus, je lis : " Mais il faudrait accepter l'idée de tenir tête aux "experts" des Monuments historiques qui veulent,, en échange de subventions (qui sont nos impôts), imposer leurs idées". Je ne sais si cette réflexion concerne l'orgue. Mais en tous cas, dans ce lieu, la restauration de l'orgue dans son caractère d'origine me semble logique : lieu probablement bien plus culturel que cultuel, qu'en attendent les visiteurs ? Y retrouver quelque chose d'authentique. Iic un orgue "classique français", comme on a l'habitude de dire. S'il faut une restauration "historiquement informée", ou rien, n'hésitez pas, et misez sur : "historiquement informée". Du moins il me semble.
Bien cordialement
JP. BASTON (professeur d'orgue au CRR de Perpignan-Méditerranée, organiste titulaire du Grand-Orgue Cavaillé-Coll de la cathédrale de Perpignan).
L'idée d'elsa n'est pas mauvaise en elle-même mais, qu'on ne s'y trompe pas, l'orgue est un instrument méconnu et ne fait pas partie de "projets culturels qui concernent le plus de personnes". A l'heure actuelle, et depuis 1981, la seule préoccupation musicale des pouvoirs publics, notamment au sommet de l'Etat, va à la musique actuelle, celle dont les origines nous viennent d'outre Atlantique, importées par les libérateurs de 1944/1945. La musique européenne en générale et française en particulier, de la Renaissance à nos jours, est parent pauvre des ministères successifs consacrés à la culture, c'est d'ailleurs dans ce sens que le Ministère de l'Education Nationale opère puisqu'il n'y a pas, contrairement aux pays germaniques ou anglo-saxon, d'enseignement de la musique dans le écoles primaires. De toute façon, les enseignants du primaire ne sont pas,à 98 ou 99 %, des musiciens pratiquant un instrument classique.
Il est à noter que nos ecclésiastiques, qui pourtant ont un rôle à jouer sur le plan musical, de la musique sacrée, ne sont guère mieux lotis, les classes d'enseignement musical, dans les séminaires, n'avaient que quelques élèves et encore ceux qui persévéraient dans ces classes avaient déjà une formation musicale.
Je crois plutôt en l'action de association de défense des orgues, elles ont réussi une chose incroyable depuis Vatican II, en 1962, le maintien des orgues dans nos églises, leurs entretien et leur sauvegarde.
Donc, un grand merci à ces associations, dont Orgue à Pontigny, qui ont le mérite d'oeuvrer, même de façon difficile voire maladroite quelquefois, pour la sauvegarde de ce patrimoine irremplaçable. Un merci aux organistes qui, soit lors des célébrations liturgiques, soit lors de récitals, font découvrir au grand public les richesses de cet instrument et le répertoire extraordinaire qui lui est consacré.
Bourdon 16', organiste liturgique durant 1/2 siècle.
Humble organiste ,titulaire de l'instrument dès sa restauration après les dommages de 1945 , universitaire Fac de Droit , j'approuve le commentaire proposé .Je suis personnellement très circonspect sur ce qui est entrepris à la hussarde .Le coup d'Etat réalisé et totalement illégal pour virer Jacques Noël qui fut un président prudent et avisé ,reste digne des Goths et autres Goths .Et CE N'EST PAS FINI ...nous n'avons pas besoin d'un potentat pour décider SEUL de cette restauration .
Il m'est difficile d'acquiescer à ces gens qui savent TOUT ...et rien d'autre !!!
L'engagement et la determination de Serge Scapol dans le projet de redonner un orgue à Pontigny forcent le repect. Mais il n'est pas musicien et ne devrait pas s'avancer sur un terrain qu'il ne connaît pas en parlant "restauration", styles ou techniques de facture d'orgues. S'il acceptait d'écouter (et non pas seulement entendre) ceux qui ont une vsion à plus long terme, on pourrait, avec "Les Amis de Pontigny" bâtir en commun un projet cohérent, artistiquement convaincant et qui répondrait au voeu du Maire de stimuler le tourisme en partenariat avec les vins du Chablisien. Mais il faudrait accepter l'idée de tenir tête aux "experts" des Monuments historiques qui veulent,, en échange de subventions (qui sont nos impôts), imposer leurs idées. Serge Scapol est un bon président, mais il ne faut pas le laisser décider seul de tout. Je demanderai qu'on me donne une petite tribune pour exposer mon projet, qui n'est pas opposé au sien, mais complémentaire. Et j'espère qu'on pourra en débattre sereinement, pièces en main.
compte tenu de l'état des finances publiques; il serait intéressant de connaître les projets culturels qui concernent le plus de personnes avant de faire un choix. Ne serait-ce pas une bonne méthode ?