Salle comble vendredi soir au gymnase d'Ancy-le-Franc où avaient pris place des maires, 15 conseillers départementaux, des enseignants, parents d'élèves, principaux, proviseurs et syndicalistes (DR)

 

VIDEO : LA PRÉSENTATION

 


 

VIDEO LE DÉBAT

 

 


 

VIDEO LE DÉBAT (SUITE ET FIN)

 


 

On ne sait au juste qui a soufflé l'idée à André Villiers d'organiser une réunion publique aux fins fonds du nord est de l'Yonne, en limite de la Côte d'Or, mais tout de même, il fallait oser. C'est ce qui a sans doute plu au président du conseil départemental de l'Yonne, homme de défi et de challenge, qui aime monter sur le ring pour en découdre, quand bien même n'aurait-il pas une vision claire et n'en serait-il pas à une ou deux contradictions près, dont il a fait la démonstration, vendredi soir, à Ancy-le-Franc. Personne n'est passé à côté, tant chacun était attentif à la question non pas administrative ou d'administration des fonds publics, mais à l'avenir de nos enfants. Car c'est bien de cela dont il s'agit tout simplement.

Au-delà de la croisade en faveur des pays ruraux dont André Villiers s’érige, symboliquement mais de manière très forte et crédible, en défenseur,  car il est un authentique paysan qui sait de quoi il parle c’est son vrai métier, même s’il est loin d’un Don Quichotte qui lui, en exprimait l’idéal ; cette réunion publique comme tombée  du ciel, telle un coup de hache, annonçant une bonne nouvelle pour tous, a eu un effet cathartique bienfaisant. Comme un bon débourrage.

 

Le petit monstre

 

Oui, les gens se sont parlés dans un lieu où ils étaient rassemblés.  Et tout le monde avait besoin de parler et de dire les choses.  Des choses trop longtemps rengorgées, hantant parfois les nuits des uns et des autres, comme celles du maire de Saint-Fargeau qui, résigné et lucide, sait que son collège flambant neuf, est hélas, condamné un jour à la fermeture au profit de celui de Bléneau, un des trois sites du fameux collège sur trois sites de Puisaye, un petit monstre administratif avec la complicité de l'Éducation nationale, la grande absente de cette réunion publique.

Alors au-delà de la présentation bien huilée et minutée sur scène, comme un spectacle, André Villiers se prenant au jeu, a même demandé des applaudissements pour Anne Jérusalem, la locale de l’étape assise à son côté ainsi que pour le maire de Brienon Jean Marchand à sa gauche. Le big show aurait pu prendre de l’allure sauf que, à un moment donné, emporté par son élan calculé, André Villiers a craché le morceau que tout le monde attendait. Non, il ne ferait aucun mal aux zones rurales, mais oui et démonstration à l’appui, il fermerait le collège Bienvenu-Martin en zone urbaine. C'est son devoir estime-t-il.

La présentation terminée par ce crescendo vibrant, comme Dédé les aime, fallait-il s'attendre à partie gagnée  et emportée par les qualités de persuasion et de démonstration de l'équipe du plateau, scrutée au premier rang par Alain Drouhin sorti de sa réserve poyaudine et Patrick Gendreau très appliqué, les trois cités en premier autour d'André Villiers étant encadrés par l'incontournable Christophe Bonnefond et Marie-Laure Capitain, autre locale de l'étape, cousine un peu plus éloignée du côté de Percey ?


Des arguments qui font mouche

 

Livré à lui-même, emporté par son élan, debout tout seul sur le ring, prêt à boxer le moindre adversaire, André Villiers a été chahuté - euphémisme - par la salle, les questions et saillies explosant de tous les coins. Allez, on peut dire qu'il en a pris plein la tronche, et bien pris sous l'oeil contrit de ses sbires, car les débats furent de qualité et grâce à lui, André Villiers, qui sait comment mener les bêtes au pré, n'ont jamais dérapé. Il s'en est fallu de peu qu'ils déraillent.

Malmené intellectuellement et dialectiquement, Villiers a fait front avec des arguments qui parfois ont fait mouche. Plus fondamentalement, ce qui l'a sauvé, c'est le vrai respect à son endroit, pas que celui dû au costume endossé mais aussi celui dû à l'homme et à sa manière d'être et de faire, avec ses contradictions.

Et il est resté debout, saoulé de coups, empli d'humanité, mais toujours prêt à répliquer. Villiers ne jette jamais l'éponge. C'est sa victoire. Une vraie victoire, n'en déplaise aux siens. Vendredi, soir à Ancy-le-Franc, il a gagné, fut-ce à la Pyrrhus.

Il aura d'abord permis au travers de cette réunion publique décentralisée sur un des territoires de l'Yonne, de laisser exploser la parole des sans dents, si l'on ose dire, c'est-à-dire ceux qui n'ont jamais vraiment droit au chapître. Il aura ensuite généré la compréhension voire le partage de l'essentiel : l'incroyable constat de non concertation et d'absence de vrai travail d'équipe au niveau du département ainsi que de l'incapacité collective d'anticiper et de visionner d'avenir. Il aura permis de mettre en évidence des dysfonctionnements et de souligner des incompréhensions et malentendus de taille.


Groggy, Villiers tend la main

 

Plus que tout, il aura permis à l'humain de s'exprimer et de dire les choses avec des témoignages poignants, de profs, de syndicalistes, de parents d'élèves, de proviseurs comme celui du lycée Jacques-Amyot d'Auxerre, d'une rare qualité. Oui, il est encore temps de réunir les acteurs et de se concerter. Pour avancer.

Cependant, son échec à André Villiers, fut-il provisoire, réside dans l'espèce de précipitation que personne ne semble avoir comprise.

Pourquoi vouloir fermer aussi vite le collège Bienvenu-Martin à Auxerre ? Pourquoi tant de précipitation et de dramatisation ? Compte tenu de toutes les données nouvelles montées au ciel dans ce gymnase d'Ancy-le-Franc moderne et spacieux.  Comme la nécessaire et impérative nécessité de revoir la carte scolaire et son rythme d'administration. C'est le plus urgent. Manifestement. Sans quoi tout le monde marcherait à l'envers.

Exemple, Brienon prêt à accueillir les elèves du Seignelois qui auraient moins de kilomètres à accomplir au quotidien. Villiers le maquignon n'a pas laissé passer l'occasion et est preneur, d'autant que ça videra davantage les collèges d'Auxerre, amenant de l'eau à son moulin.

Même groggy, André Villiers a du répondant.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

La parole a circulé dans la salle (DR)