ECONOMIE
Massangis taille la pierre du développement économique durable
le mardi 03 mai 2016, 20:27 - ECONOMIE - Lien permanent
Pays des carrières, des cultivateurs, du Serein qui coule, des forêts domaniales, Massangis poursuit son développement économique durable avec les énergies renouvelables. Après Mademoiselle Odette Pagani (maire de 1947 à 1989) et d'autres édiles, Xavier Courtois, 41 ans, poursuit le développement dans ce pays qui l'a vu grandir
Saint-Cyr-les-Colons en venant d'Auxerre par Saint-Bris-le-Vineux. Puis Lichères, Nitry, Joux-la-Ville. Routes étroites, rectilignes à travers champs. C'est tout droit et autour c'est vaste. Soudain, sur la route de l'Isle-sur-Serein, on vire à gauche direction Massangis.
La route est encore plus étroite qui s'enfonce en plongeant dans la forêt domaniale touffue. Au bout, quelques bâtisses. Sur la droite, on devine une carrière puis toujours en descendant voici le village, la Maison des enfants, le pont de pierre sur la rivière.
Les banquettes vertes toutes en nuances, sont tondues à ras. Un gros tracteur flambant neuf, vert aussi, précédé par un petit de même couleur, sillonnent les rues étroites de Massangis. Les employés municipaux ont du matériel pour bien faire le travail demandé. Il est vrai que la commune est étendue. Composée de trois bourgs : Massangis au centre, Civry à un bout en direction du bassin de captage d'eau en haut du plateau, et Tormancy à l'autre bout. Les trois communes ont fusionné en 1965. Des précurseurs qui n'ont pas divorcé.
Les trois sites sont différents et complémentaires. Civry est d'une rare beauté qui ne s'expose pas, son église possède une nef unique voûtée, ainsi qu'une porte et un porche romans entourés de beaux jardins et d'une pièce d'eau, l'ensemble parfaitement entretenu et tondu à ras. Le peintre Chaïm Soutine y résida pendant la deuxième guerre mondiale.
Tormancy est paré d'un éperon rocheux, de cavernes comme partout ailleurs ainsi que de vieux moulins dont certains servaient à découper la pierre.
On est dans la vallée du Serein, un flux de vie et de fraîcheur qui coule sous les arbres, tranquillement, sereinement.
Un vrai lieu. Où vécut Françoise Pauline Davout la nièce du maréchal Louis-Nicolas Davout, maréchal d'Empire le stratège de Napoléon qui n'a perdu aucune bataille.
Ce lieu, ce pays, ce climat, est habité depuis très longtemps. Sur le plateau à l'occasion de fouilles, des vestiges remontant à Hérode ont été exhumés.
De longue date, l'extraction et l'exploitation de la pierre de Bourgogne, de qualité réputée pour sa dureté et sa couleur tirant sur le jaune est la richesse en sous-sol de la commune de 400 habitants. Il s'agit de calcaire oolithique du jurassique moyen.
Au pays des carriers
Ces carrières multiples autrefois, qui amenèrent Ernest Pagani de Paris surnommé le requin, à s'installer sur place, ont notamment servi à extraire les pierres des piliers de soutènement de la Tour Eiffel. Ainsi que de nombreux autres monuments de la capitale (musée d'Orsay) et à travers le monde, notamment à Chicago où tout un immeuble a été édifié en pierre de Massangis, aujourd'hui exploitée par Rocamat qui possède plusieurs sites en Bourgogne.
La vue sur la carrière principale actuelle est impressionnante. Tapie et visible seulement si on l'approche de près, elle découpe la colline par tranche, révélant des pans lisses lumineux d'une beauté à couper le souffle. De vastes bâtiments bas et modernes témoignent d'une activité soutenue tandis que des tas de pierres variées s'empilent sur un damier étendu au pied de la forêt. La carrière débite 60 000 m3 par an. Si on se retourne, par-delà, on aperçoit le plateau de captation du bassin d'eau.
Le petit musée des Pierreux vaut le détour comme le petit train touristique de Massangis sur la voie du tacot, inauguré en 1987.
Le village et les hameaux sont enserrés dans un paysage vallonné avec des plateaux larges. La culture est l'activité traditionnelle sur des terres à relativement faible rendement.
La fille de Ernest Pagani dont l'imposante maison familiale à Tormancy, en indivision, vient d'être vendue, fut une personnalité hors du commun. Comme son père dur en affaires, résistant.
Issue d'une très ancienne famille de carriers du Tonnerrois, Odette Pagani vit le jour le 30 septembre 1910 à Paris. Après avoir obtenu le certificat d'anglais et le diplôme d'État d'infirmière, elle s'installa à partir de 1940 à Massangis. Elle reprit alors l'exploitation de la carrière que dirigeait son père, par ailleurs maire de Massangis de 1929 à 1945. Par la suite, à partir de 1959, elle devint administrateur des Carrières et scieries de France et exerça cette fonction jusqu'en 1985. Elle prit également part à la création de l'association des Femmes chefs d'entreprise de l'Yonne.
En 1983, L'Association du Train Petit Vitesse de Massangis (A.T.P.V.M.) a trouvé naissance sur l’ancien tracé du « Chemin de Fer Départemental » de l’Yonne sur un tronçon allant de Massangis à Civry
Cette ancienne ligne du Chemin de Fer Départemental (C.F.D.), alors en voie métrique, reliait l’Isle sur Serein à Laroche-Migennes, soit 74 Km, desservant ainsi toute la vallée du Serein traversant des petits pays mais aussi des villages réputés comme Noyers ou Chablis.
L'association fut créée par Michel VANDEPUT, entouré d'une équipe* de passionnés dont Anny son épouse. Au decès de Michel, en 1993, l'association a continué de fonctionner avec des hauts et des bas, ce sont près de cinq présidents* Michel Vandeput, Pierre Gentil, Jean-claude Moresco, Pascal Fayard, Yves Macheboeuf qui se succédairent jusqu'à ce jour,
Plus de cinquante adhérents soutiennent l'association dont une quinzaine de membres actifs.
Commentaires
Joli article mais... mais... on aimerait tant y croire aussi, à nos jeunes élus... se dire que non, eux, vraiment... ils ne seront pas encore élus dans 30 ans, que ce ne sont pas les futurs Villiers and co en puissance (cf bilan apocalyptique, territoires avec 15 années de retard dans tous les domaines), de futurs édiles accrochés comme la moule à son rocher à de petits mandats...
Mais je demande à voir : pourquoi pas !
Pour le fond j'applaudis, impossible de lire et de voir "ça", de vrais sujets sur le 89, denses, précis, étayés, dans la presse classique
Bel article qui met en valeur une région un peu délaissée du tourisme, à l'écart des sites connus de l'Yonne. Il y a dans notre département beaucoup de sites plus modestes à découvrir pour qui veut s'en donner la peine et prendre les routes buissonnières repérées jadis par des lapins maintenant disparus. Dommage! Ils pourraient revenir. Quant aux éoliennes, il faudra s'y habituer, comme nos ancêtres du XIX siècle se sont habitués - non sans mal parfois- au chemin de fer, aux canaux et autres routes nationales rectilignes, et plus récemment, aux autoroutes et lignes grande vitesse. On ne peut pas à la fois déplorer la désertification des campagnes et l'exode rural et refuser les tentatives pour l'empêcher.
Un grand merci pour ce bel article qui m'a beaucoup intéressé.
Cordialement,
Yannick PETIT.