D'abord, la désillusion d'un dimanche pluvieux et venteux sur le pré Bouillot. L'élimination du RCA soutenu par tout un peuple agglutiné autour du terrain où Guy Roux apprenait aux rugbymen à tirer entre les perches. Sur ce terrain d'honneur vendu par l'AJA au RCA. Oui c'est une forte déception et  d'autant plus grande que l'on y croyait vraiment. Peut-être un peu trop d'ailleurs, l'environnement comme les acteurs.

C'est la formidable incertitude du sport et c'est pourquoi on l'aime comme un art de vivre et de respecter les règles du jeu, et l'adversaire par dessus tout.

La meilleure équipe a gagné. La bataille tactique, le combat des avants, celui des cannes des arrières (les Antoniens semblaient avoir des ressorts intégrés), même celui de l'envie peut-être. Visionnez la fin de la video du match en poussant le curseur et regardez les chants et sketches des Antoniens, telle une bande d'universitaires réjouis d'avoir fait un bon coup. Regardez-bien et écoutez Paul-Henri ce centre international Belge. Regardez le match et ces ailiers hyper véloces (dont un faux lent) aux cannes de feu. Regardez les deux essais antoniens.

Comment vouliez-vous qu'Auxerre batte cette équipe là ? Qui a pris le RCA sur son point fort introduisant trois changements par rapport au match aller, un centre, un deuxième ligne et un talonneur (Racing) comme le 10, en tutorat Racing 92.

Bon vent Antony, une bande de garnements sympathiques, qui sont tous allés embrasser Kieran Laurin talonneur capitaine Auxerrois dont c'était la dernière sortie de scène.

Ensuite, il y a l'annonce par un communiqué laconique sur le site internet de l'AJA, en fin d'après-midi, de la non reconduction du contrat de Jean-Luc Vannuchi, sans explications, d'un commun  accord. Pourquoi avoir attendu de rendre publique une décision arrêtée depuis longtemps ? Mystère et boule de gomme.

Jean-Luc Vannuchi est en Corse et n'a jamais eu le moindre contact avec Guingamp. Il est sur le marché et ce n'est pas une situation agréable. Samedi soir, devant PSG-Marseille, en finale de la Coupe de France, le natif de Marseille qui a ses racines en Corse du sud, a dû avoir un pincement au coeur et aux tripes. L'an dernier au même moment, il coachait l'AJA et lui rendait ses lettres de noblesse, face au même PSG qui l'avait emporté 1-0. Vannuchi c'est un mec bien, intelligent, qui tranche dans le milieu par sa droiture et son style. Bon vent coach.

Et puis il y a Jean-Sébastien Bignat, co-entraîneur du RCA qui sait, comme les joueurs, depuis deux mois, que son contrat ne sera pas renouvellé. Dans l'after match sous la tente, il était ému et a craqué après le ban Bourguignon. Moment émotion, il a demandé pardon à toutes et à tous de ne pas rendre le club au niveau où il l'avait pris, c'est-à-dire en Fédérale 2. Les joueurs sont venus l'épauler et l'embrasser. Bon vent Jibé, nos conversations nous manqueront.

Enfin, il y a la politique, l'hiver qui approche en Autriche.

Et les incidents gravissimes, vendredi, dans l'enceinte sacrée de l'assemblée départementale de l'Yonne, celle de la République. Deux conseillers de la majorité UDI-LR ont été pris violemment à partie comme boucs émissaires pour avoir "mal voté". Ils ont été symboliquement flingués à bout de bras par un vice-président cow-boy. Insultes, violences verbales inouïes, menaces extrêmes ont été proférées devant les cadres administratifs de l'institution de la République, garants de la démocratie, on l'oublie trop souvent.

Des faits inadmissibles qui n'ont rien à voir avec la démocratie ou la République mais avec la voyoucratie. Si ces incidents avaient été le fait d'élus du Front national, l'affaire aurait, à tous les coups, fait les choux gras de la presse nationale.

Seules des excuses publiques des protagonistes envers les victimes de ces violences et un discours d'apaisement et de rassemblement du président André Villiers pourront permettre à l'institution de poursuivre sa mission. Mais rien ne sera plus jamais comme avant à l'assemblée départementale.

Nous avons reçu de nombreux témoignages de conseillers départementaux, présents, et de tous bords. D'autres aussi. Des posts sur les réseaux sociaux, écrits par des conseillers départementaux analysent et révèlent les tensions et l'impasse.

Ces incidents s'inscrivent dans un contexte social, économique et politique extrêmement tendu et difficile. Raison de plus pour assurer la dignité du débat public et les conditions du vivre ensemble. Le peuple veut des élus qui donnent l'exemple, des élus exemplaires.

Ces incidents sont révélateurs aussi de la perte de pouvoir du conseil départemental de l'Yonne, exsangue, au profit des intercommunalités mises en avant pas la réforme territoriale (loi NOTRe) qui s'organisent dans le département et progressent.

Ce n'est pas en pratiquant le déni - il ne s'est rien passé et d'ailleurs c'était à huis clos - ou en feignant de minimiser les faits qu'on avancera, non plus qu'en exerçant de fortes pressions sur les élus. Au contraire. Le système est à bout de souffle. Il faut réformer le mode de gouvernance qui est obsolète, en bas comme en haut. Les frustrations démocratiques remontent à loin et se sont accumulées.

 

Pierre-Jules GAYE