Il y a les incidents gravissimes, vendredi dernier, dans l'enceinte sacrée de l'assemblée départementale de l'Yonne, celle de la République.

Deux conseillers de la majorité UDI-LR ont été pris violemment à partie comme boucs émissaires pour avoir "mal voté".

Ils ont été symboliquement flingués à bout de bras par un vice-président cow-boy.

Insultes, hurlements, violences verbales inouïes, menaces extrêmes ont été proférées devant les cadres administratifs de l'institution de la République, garants de la démocratie, on l'oublie trop souvent.

Des faits inadmissibles qui n'ont rien à voir avec la démocratie et la République mais avec la voyoucratie.

Si ces incidents avaient été le fait d'élus du Front national, l'affaire aurait, à tous les coups, fait les choux gras de la presse nationale.

Seules des excuses publiques des protagonistes envers les victimes de ces violences et un discours d'apaisement et de rassemblement du président André Villiers pourront permettre à l'institution de poursuivre sa mission. Mais rien ne sera plus jamais comme avant à l'assemblée départementale.

Nous avons reçu de nombreux témoignages de conseillers départementaux, présents, et de tous bords. D'autres aussi. Des posts sur les réseaux sociaux, écrits par des conseillers départementaux analysent et révèlent les tensions et l'impasse.

Ces incidents s'inscrivent dans un contexte social, économique et politique extrêmement tendu et difficile. Raison de plus pour assurer la dignité du débat public et les conditions du vivre ensemble. Le peuple veut des élus qui donnent l'exemple, des élus exemplaires.

Ces incidents sont révélateurs aussi de la perte de pouvoir du conseil départemental de l'Yonne, exsangue, au profit des intercommunalités mises en avant pas la réforme territoriale (loi NOTRe) qui s'organisent dans le département et progressent.

Ce n'est pas en pratiquant le déni - il ne s'est rien passé et d'ailleurs c'était à huis clos - ou en feignant de minimiser les faits qu'on avancera, non plus qu'en exerçant de fortes pressions sur les élus.

Au contraire.

Le système est à bout de souffle. Il faut réformer le mode de gouvernance qui est obsolète, en bas comme en haut.

Les frustrations démocratiques remontent à loin et se sont accumulées.

 

Pierre-Jules GAYE