C’est toujours problématique pour une ville ou un village de perdre un symbole. C’est toujours problématique de perdre un de ses clochers.

Les ruines sont ambivalentes.

La ruine c'est la victime du temps destructeur.

La ruine c'est aussi la résistance au temps.

Les ruines sont médiatrices entre perception du temps et perception de l'espace. En tant que telles, elles portent du sens.

Les ruines témoignent de la vanité de toute entreprise, même des œuvres d'art. Rien n'échappe à l'impermanence.

En attendant, le bonheur peut être dans la ruine.

Diderot le répète : la ruine permet de méditer sur le cours du monde et la condition humaine. La ruine n'est plus du pittoresque mais un support de pensée. « La méditation de Diderot se veut ici plus prospective que rétrospective. La ruine fait moins rêver sur ce qui fut que sur ce qui sera (…) La rêverie sur les ruines était une mémoire, la voici devenue une anticipation. » (Roland Mortier, La poétique des ruines en France, 1974).

Le thème de la ruine est à la mode en ce début de XXI° siècle, cf. le succès de l'exposition Hubert Robert au Louvre, en 2016, sans compter que la destruction, stade final de la déstructuration, est au goût du jour : Palmyre en ruines marque les esprits tandis que le cinéma filme la fin du monde.

Question finale : faut-il vraiment reconstruire ? Non. Construire, oui.

 

P-J. G.

 

 

Du point de vue architectural, la grande église gothique d'Arthonnay de décor Renaissance est loin d'être anodine. Elle a été inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1926. Et son mur méridional, son portail et sa rosace ont été classés aux Monuments historiques (DR)

 

Édifiée en 1535, l'église Saint-Valentin d'Arthonnay a toujours été comme ça. Les gens, parlez leur en, l'ont toujours vue comme ça. C'est-à-dire dans cet état. Un peu comme un édifice voisin pentagonal, le château de Maulnes qui a traversé les siècles en résistant à tous les assaults.

Car le monument est abandonné depuis des siècles.

Frappé par la foudre, victime de quatre incendies, il est tombé en ruines. Pourtant, du point de vue architectural, cette grande église gothique de décor Renaissance est loin d'être anodine. Elle a été inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1926. Et son mur méridional, son portail et sa rosace ont été classés aux Monuments historiques

Des travaux ont été entrerpris, cette année, se sécurisation et de sauvegarde. Le chantier devrait durer sept mois. Une action magnifique et émouvante qui témoigne d'un degré de civilisation.

Aujourd'hui, pour la municipalité d'Arthonnay (160 habitants), il n'est pas question de restaurer le site, ni de le rendre accessible au public. Il s'agit essentiellement d'une mise en sécurité totale. »

Les travaux doivent permettre de sécuriser l'édifice, en consolidant les murs du choeur, pour protéger les ruines. Et éviter qu'elles ne s'éboulent sur la route.

La société Léon Noel, spécialiste de la restauration de monuments anciens, avait remporté l'appel d'offres. Les travaux sont supervisés par l'architecte parisien Thomas Gaudig, lui aussi spécialisé dans la restauration du patrimoine.

 

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Notice

Édifiée en 1535 par les soins d’Antoine de Vienne, alors à la tête de l’abbaye de Molesme, l’église Saint-Valentin d’Arthonnay était une grande église gothique, pourvue de niches finement sculptées sur tous les contreforts visibles depuis la rue. Cette église Renaissance possédait et possède encore un portail aux fines sculptures, surmonté d’une jolie rosace, ornant le mur septentrional.

Victime de quatre incendies dus au « feu du ciel » entre 1693 et 1827, victime du mauvais entretien des toitures et de l’immobilisme ayant précédé la séparation de l’Église et de l’État, le monument a vu ses voûtes s’effondrer à partir de 1904, puis le clocher en 1926, année de l’inscription à l’inventaire des monuments historiques. Le mur septentrional a été classé en 1932.

L’édifice a bien perdu de sa superbe et donne depuis plus de 80 ans l’impression d’avoir été bombardé. Mais il n’a pas dit son dernier mot, jaloux de voir son jeune voisin le château de Maulnes, construit 31 ans après, se refaire une beauté et attirer de plus en plus de visiteurs sur le tout nouveau circuit Renaissance, élaboré par le Pays du Tonnerrois. Par bonheur, ce circuit patrimonial reliant les grands châteaux passe par l’ancienne église d’Arthonnay, ce qui plaide bien sûr pour sa mise en valeur.

La renaissance de l’église Saint-Valentin est en marche. Depuis les travaux de consolidation, en 2010, des piles soutiennent le portail classé, celui-ci ne peut plus s’effondrer. Il convient maintenant de s’intéresser à la sécurisation de l’édifice, côté rue, en procédant à la consolidation puis à la restauration définitive des murs du chœur, en les remontant jusqu’aux anciennes arases (traits rouges), au même niveau que la partie classée.

La commune bénéficie de fonds publics de l’État et du Conseil départemental de l’Yonne. Cependant, la somme restant à sa charge demeure très importante pour une commune modeste. Une mobilisation est donc nécessaire afin de redonner de l’allure à un édifice qui le mérite et lui permettre d’envisager une nouvelle vie, culturelle et touristique.

Cette souscription est l’occasion pour tous, particuliers et entreprises, d’Arthonnay, de l’Yonne ou d’ailleurs, amateurs de vieilles pierres et d’histoire, d’apporter un soutien financier à une opération urgente de sauvegarde du patrimoine du Tonnerrois.

La commune, l’association, la Fondation du Patrimoine vous offrent la possibilité d’agir.  le montant des dons sur le site de la féondation du patrimoine s'élève, aujourd'hui, à plus de 8 700 euros.

 

(Source : Fondation du patrimoine)