"En 1986, alors qu’il s’apprêtait à cesser ses activités de PdG, Louis Clément m’offrait la possibilité de diriger la coopérative ouvrière de production, nommée L’Yonne Républicaine.

Il avait dirigé cette entreprise de presse d’une main ferme depuis 1950 et avait été réélu de façon continue, par les salariés, tous sociétaires, comme le voulaient les statuts de la SCOP.

 

"Louis Clément avait des convictions. Je veux en citer trois.

 

·      Le statut de coopérative de production était, à ses yeux, Le Statut idéal pour une entreprise car il permettait à tous les salariés, quels que soient leurs postes dans la coopérative, de participer à la vie de leur entreprise sans être esclave d’un patron.

La SCOP devait être exemplaire. Les installations techniques se devaient d’être modernes, l’informatique a fait très tôt son entrée dans la composition du journal. Les investissements immobiliers devaient être remarquables. La magnifique bibliothèque de la rue du Temple qui abritait les archives de l’Yonne Républicaine en apporte, encore aujourd’hui, la preuve.

 

·      Pour que la SCOP tienne son rang, il fallait que les comptes de l’entreprise soient bénéficiaires. Mais les excédents devaient rester dans l’entreprise pour pouvoir financer les investissements nécessaires à sa modernisation. Pas question de distribution de 14éme mois ni autres primes.

 

·      L ’indépendance de l’entreprise était une valeur cardinale.  De nombreuses occasions se sont présentées qui auraient permis à Louis Clément de vendre et de rejoindre un des groupes qui à l’époque faisaient volontiers leur marché dans la presse. Je ne crois pas qu’il ait même étudié les propositions qui lui ont été faites.

 

 

"J’ai mis mes pas dans les siens et fait miennes ses convictions. Les bases de fonctionnement qu’il avait consolidées au fil du temps me permirent de continuer l’aventure de l’indépendance pendant 18 années encore après son départ.

 

"Je sais qu’il a souffert, comme moi, plus que moi encore, de la disparition de la coopérative et de la reprise de l’Yonne Républicaine par Centre France. Mais l’environnement avait changé. Peut être était ce inéluctable ?

 

"Louis Clément a voulu partir discrètement. Il avait perdu femme et enfant. Il ne croyait pas en l’au delà.

Et pourtant, il laissera une trace dans l’histoire, et il a gagné sa part d’éternité en bâtissant L’Yonne Républicaine.

 

 

Alain Boulonne

 

Directeur général de l’Yonne Républicaine de Janvier 1986 à Mai 2004