Bon, nous avons la méfiance de l’autre, ses coutumes, ses manières, son aspect, la manière dont il entre « chez nous ». Ce n’est pas interdit d’éprouver cette méfiance, ce n’est pas  « mal », c’est naturel.

Ce n’est qu’avec le temps qu’on s’habitue, qu’on s’apprivoise et qu’on apprivoise.

Que nous soyons un peu sur la défensive se comprend, que nous soyons sur l’offensive ne s’excuse pas. Laissons le temps et la bonne volonté faire leur brassage, leur assouplissement. N’ayons pas honte de cette « peur » mais ayons la fierté de la dominer, de donner une chance.


Et s’il est vrai que l’afflux de nouveaux arrivants, en grand besoin de tout mais surtout d’un coin où se poser pour manger et dormir sans terreur semble démesuré, il faut se dire que la détresse de ces gens est démesurée aussi. Oui, il y aura sans doute parmi eux des infiltrations dangereuses, on peut le penser. Mais si un des arguments contre la peine de mort est bien que l’on risquerait d’exécuter un innocent… refuser l’accueil sera abandonner un innocent qui n’a plus que nous comme secours.

Et puis il est évident que ceux qui sont déterminés à nous nuire ont bien d'autres portes d'entrée...

Je n’ai pas de suggestions du genre « y a qu’à » pour la gestion de ce problème. Ce n’est ni mon rôle ni ma place. Mais je souhaite, comme tous je pense, qu’on mette en place des mesures fermes qui rassureront, aussi bien nous-mêmes que les arrivants affolés qui n’ont pas besoin, après avoir tant perdu, qu’on les soupçonne d’intentions qu’ils n’ont pas.

Soignons notre racisme, avec raison. Ouvrons d'abord la porte, et le coeur suivra... avec le temps.

 

                                           Suzanne DEJAER

 

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