Rue du Temple soldats américains acclamés le 25 août 1944 (DR ARORY)

 

La liesse (DR ARORY)

 

Alors que Sens savoure sa libération, trois jours plus tôt, des troupes allemandes par les Américains, l'organisation résistante des maquisards de Puisaye s'apprête à entrer à Auxerre, le 24 août 1944.

Installés dans le village de Lainsecq, à 40 km d'Auxerre, depuis le 21 août, les Maquis 1, 2 et 3 guettent scrupuleusement les messages codés diffusés dans leur poste radio.

 

Une entrée saluée
dans la ville

 

La veille de la libération d'Auxerre, les Maquis envoient des éclaireurs chargés de baliser la route, pour s'assurer que la voie est libre. C'est finalement le colonel Chevrier qui donne l'ordre aux maquisards de prendre la route pour libérer la cité auxerroise.

Arrivée à Saint-Georges-sur-Baulche, le 23 au soir, le Maquis 3 est le premier à fouler les rues de la ville, vers 13 h 30, en direction de la rue du Temple, devançant les troupes américaines encore postées dans le Sénonais. Ils n'ont nous rencontré aucune difficulté car tous les Allemands avaient déjà quitté les lieux.

 

Si les résistants sont très largement acclamés par la population locale, une épuration sauvage se met peu à peu en place, en marge de la fête.

Certains ont été relâchés après avoir été innocentés.

« Il n'y a, à ma connaissance, pas eu d'exécution, mais certaines personnes accusées d'avoir collaboré avec les Allemands, dont des femmes, ont été malmenées pendant plusieurs jours », raconte Claude Delasselle, historien de la Résistance et du mouvement social.

Pour limiter les dégâts, les autorités provisoires, mises en place par les maquisards  pour éviter que les Américains ne prennent possession des lieux, mettent plusieurs suspects sous les verrous. Ils ont fait le choix de les mettre en prison pour les protéger. Certains ont été relâchés après avoir été innocentés, alors que d'autres ont été jugés, raconte Claude Delasselle.

 

Une nouvelle ère
pour tourner la page

 

Aux entrées de la ville, sont postés des maquisards chargés de monter la garde en cas de représailles. À 20 heures, un camion arrivant de Chablis, et affichant une croix de Lorraine, se présente au carrefour Sainte-Nitasse. Les maquisards, croyant avoir affaire à des compatriotes, se laissent surprendre par l'attaque de soldats allemands cachés à l'intérieur du véhicule. Ils ont eu le temps de tuer deux personnes, un résistant et un civil, et ont enlevé Martial Lebois, jeune maquisard, que l'on a retrouvé pendu à Semur-en-Auxois. On ne comprend toujours pas pourquoi, explique l'historien.

Les jours qui suivent, Paul Gibaud, syndicaliste socialiste et préfet provisoire, met en application les ordres transmis par le général De Gaulle : la municipalité est dissoute, et le Docteur Moutarde est nommé maire de la ville d'Auxerre. (D'après Émile Petit)