Guy Roux, à la Fête du bourru quartier Saint-Pierre,  avoue qu'il lui est arrivé de s'adresser à l'Abbé-Deschamps, en levant les yeux au ciel en fin de match pour qu'Auxerre marque enfin ... et parfois ça a marché (DR)

 

Nous avons posé cette question à Guy Roux qui a une grande connaissance de la nature humaine et pour laquelle il voue une fraternité vraie. L'ancien héros des Guignols de l'info est un homme qui sait que le mal et les misères du monde font partie de l'harmonie. Et le bonhomme a démontré qu'il savait jouer la partition.

S'il avait quelques années de moins et était appelé à la rescousse pour tenter de sauver le club AJA, quelles conditions imposerait-il ?

La réponse fut immédiate, posée et mesurée.

- D'abord je demanderais les pleins pouvoirs.

- Ensuite je demanderais le recrutement de deux joueurs, que je choisirais moi-même.

- Enfin je ne demanderais pas de salaire. Mais une prime en fin de saison si je réussis à assurer le maintien de l'équipe en Ligue 2.

Nouvelle question : le club est-il en péril, cette équipe peut-elle naître ?

- Il faut gagner un match.

Ces réponses inspirent deux observations. La situation est grave. Le club n'est pas en péril puisque des solutions existent et que selon Guy Roux, il faut gagner un match ce qui suppose de marquer au moins un but. Or l'AJA n'a plus marqué depuis 6 matches.

Ensuite, il faut recruter au moins deux joueurs et on peut imaginer que Guy Roux pense à un milieu créateur meneur de jeu ainsi qu'à un attaquant finisseur, bref décisif. Cela signifie que l'effectif actuel est trop faible pour s'en sortir. Certes les hommes sont de qualité et le groupe est un bon groupe qui "vit bien" pour emprunter au jargon footbalistique.

Décryptage : ils sont gentils, s'entendent bien, sont bien élevés, respectueux et ne commettent pas d'écart. Bref des gendres parfaits. Or l'équipe du doublé 96 la meilleure de tout temps de l'AJA, était une équipe explosive en termes de nouba, de virée alcoolisée collective qui a engendré des liens forts entre les hommes et les femmes. Demandez à Fabien Cool.

Sur le plan sportif.- Viorel Moldovan a été reçu cinq minutes par le président Cotret, lundi après-midi, qui lui a signifié qu'il était licencié pour faute grave et lui a remis sa lettre de licenciement, pour avoir mis en cause le management du club dans la presse. En somme de s'être attaqué à son patron.

Comme on demandait à Guy Roux comment le coach roumain avait pu prendre le risque de tout perdre et de ne recevoir aucune indemnité - son licenciement était programmé avant le match du Havre et des contacts déjà pris avec des entraîneurs par Baptiste Malherbe et Guy Cotret - l'emblématique entraîneur Bourguignon a lâché sec "parce qu'il en avait marre, marre ...".

 

Incertitudes patrimoniales

 

Le feuilleton de la vente des parts de l'actionnaire majoritaire Corinne Limido a forcément envahi l'inconscient collectif au club ainsi que la guerre objective entre les deux actionnaires, le financier et l'association, qui se traduit au quotidien dans la vie du club.

Non seulement le dossier n'est pas bouclé mais il engendre de l'inquiétude car il traîne en longueur même si les administrateurs se veulent rassurants, assurant que les choses sont en cours et entre les mains des conseils des parties concernées.

Le 30 septembre était la date ultime pour la levée des clauses suspensives du contrat de cession signé à la mi-juillet entre Corinne Limido et ORG Packaging. L'une d'elles était l'augmentation de capital et la dilution des actions de l'association de 40% à 24% dans un premier temps. On ne connaît pas les autres.

Les Chinois pourtant interrogés notamment sur ce point par AUXERRE TV n'ont toujours pas apporté de réponse. Autrement dit, il est actuellement impossible de savoir si le contrat de cession signé à la mi-juillet entre Corinne Limido et ORG est juridiquement vivant ou pas. Ou bien alors, les clauses suspensives en question n'étaient que du pipeau pour accélérer le processus de vente et mettre la pression sur l'association.

On ne peut exclure d'autres problèmes. Pour que le contrat de cession soit valide et effectif, il faut que les quelques actionnaires isolés détenteurs statutairement dans la Saos d'une seule action, en tant que président notamment, acceptent de la céder.

Jean Garnault, ancien maire d'Auxerre trésorier de la FFF, dirigeant à l'AJA en possède une ainsi que Jean-Claude Hamel et Alain Dujon en tant qu'anciens présidents et Hervé Parmentier dirigeant dans l'équipe Dujon. Si l'un d'entre eux ne veut pas céder pour quelque raison que ce soit, la cession peut capoter.

Autre hypothèse : le parti communiste chinois et l'administration sont des freins au processus de sortie d'argent de Chine. C'est ce qu'ont annoncé Guy Cotret et des administrateurs pour expliquer que les fonds, à savoir pour l'AJA les deux premiers millions d'euros en augmentation de capital, n'arriveraient qu'à la fin de l'année.

Ce qui ne laissa pas d'en surprendre quelques-uns à l'heure de la mondialisation et des transferts de flux financiers en une fraction de seconde.

AUXERRETV a adressé des questions précises pour évoquer le calendrier, le nouveau plan d'ORG (le plan suivant après l'accord avec l'association AJA), la stratégie définie ainsi que les moyens qu'ORG compte mettre en oeuvre pour réaliser ses objectifs.

- Apporter 2m€ pendant 3 ans cela veut dire simplement que l'AJA ne déposera pas le bilan pendant les 3 prochaines années.
- À moyen terme quel est l'objectif de M. James Zhou, patron de ORG Packaging ?
- Quelle est sa stratégie ?
- Quels sont les moyens financiers qu'il mettra en oeuvre ?

Le silence est d'or.

 

Le management en question

 

Si beaucoup s'accordent à dire que Viorel Moldovan a eu tout faux sur la forme mais a tout juste sur le fond - c'est par exemple ce que pense Guy Roux -, il convient de regarder ce qui a été mis en cause et d'en apprécier les détails. Or c'est difficile de mettre son nez dans la vie d'une entreprise privée, quand bien même fonctionne-t-elle grâce à des investissements et subventions publiques.

Moldovan a mis en cause le management du club de manière profonde voire violente. Il a dû en voir et se heurter à des murs pour en arriver là. Car sa sortie a été mûrie et n'est en aucun cas une réaction sur une impulsion.

Le management à l'AJA, en nombre, ce n'est pas grand chose. Le président Guy Cotret le boss suprême, son directeur général Baptiste Malherbe qui exécute les ordres et les fait exécuter. On épargnera Madame Rappeneau, directrice administrative, le troisième pilier du club professionnel de la route de Vaux.

La direction prend les décisions dans tous les domaines, y compris sportif. C'est donc Guy Cotret qui est visé essentiellement. Recrutement, gestion de l'effectif, moyens mis en oeuvre, transferts etc.

Les incursions régulières du président Guy Cotret dans les vestiaires (Casoni avait refusé et l'avait fait sortir) pour s'adresser aux joueurs dans un langage et une manière inappropriée (on ne parle pas aux footeux comme à des cadres bancaires à la commission) est pesante et inefficace, manifestement. L'AJA n'est pas un club de promotion de district. C'est un groupe d'hommes donc humains comme les autres, bref pas des surhommes qui ont besoin qu'on les emmène vers un but. Et pas que marquer un but sans savoir pourquoi.

On connaît, comprend et respecte la passion du président rémois de l'AJA pour le foot, ses qualités de gestionnaire financier et son besoin d'exister après la retraite, de vivre. Sauf que on ne peut être et avoir été et que la surpuissance de l'ego n'a jamais mené loin.

 

The right man in the right place

 

Chacun doit être à sa place et à la bonne place selon la formule british the right man in the right place.

Lucien Denis l'Auxerrois qui suit Troyes, Auxerre et Dijon pour RMC, ancien pro à l'AJA finaliste de la Coupe de France 79, lui qui propulsa le ballon canon dans la lucarne contre Cannes signant la montée en Division 1 côté route de Vaux premier poteau, explique depuis trois ans que l'AJA a besoin d'une référence sportive au sein de la direction.

Quelqu'un qui a un vécu au haut niveau sur le terrain et qui a une expérience de management.

Cotret et Malherbe connaissent le foot et l'aiment certes, mais comme vous et moi. Cela ne suffit pas à mener un club au haut niveau non plus qu'à décoder le langage des joueurs et encore moins la sociologie du foot. Pas de place pour les oies blanches non plus que les ignorants de l'évolution de nos sociétés.

 

De la nécessité de sang neuf

 

Redéfinir les rôles, élargir les compétences, apporter du sang neuf avec des hommes nouveaux, dynamiques, communicants et conviviaux, s'impose pour pouvoir espérer. Il faut un plan, un projet, un guide plus fort que Mao. Et son livre rouge.

C'est bien le problème.

L'AJA navigue à vue sans vision ni stratégie. Contrainte par défaut à de la mauvaise communication, style Lagardère Sport. Et ce n'est pas nouveau.

Une clause figure, à en croire Guy Cotret, dans le contrat de cession du mois de juillet entre ORG et Corinne Limido : le maintien dans leurs fonctions de Guy Cotret, Baptiste Malherbe et Monique Rappeneau.

Le président Cotret est entre deux chaises.

S'il a objectivement sauvé le club du dépôt de bilan où l'avaient projeté Hamel, Dujon et Bourgoin à des degrés divers - car c'est lui Cotret qui a fait venir Emmanuel Limido et sa holding Luxembourgeoise pour sauver l'AJA du désastre - il dépend aujourd'hui du patron actionnaire Chinois James Zhou.

Que dit le big boss ? Rien pour l'heure.

Or ce dernier ne se manifeste pas. Sa préoccupation première consiste à produire dans les meilleures conditions des canettes coca-cola et autres à l'échelle mondiale. Ça ici à Auxerre, on s'en fout. On préfère le vin. Authentique.

Mais attention, dit-on, le jour où la Chine s'éveillera ...

Cela dit la cession du club aux Chinois est-elle effective ?

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

La date butoir du 30 septembre a été repoussée

Article mis à jour mardi 10h55

 

La date butoir des clauses suspensives liées au contrat de cession signé mi-juillet, entre Corinne Limido a ctionnaire majoritaire de l'a Saos AJA et le chinois ORG Packaging, qui avait été fixée au 30 septembre, a été repoussée. Autrement dit, la cession n'est pas encore actée.

Par ailleurs, un accord est intervenu entre l'association AJA actionnaire minoritaire et ORG, qui est abouti depuis lundi soir (hier soir). Il reste les signatures des uns et des autres, ce qui ne devrait poser aucun problème.

Les actions individuelles (1 action) détenues par d'anciens présidents notamment, ont été cédées à l'exception de deux que les détenteurs veulent monnayer.

Pour que la vente puisse se réaliser, toutes les actions doivent être rachetées sans quoi la cession du club capote.

Ces opérations réalisées (signatures et rachat de deux actions individuelles celles d'Alain Dujon et d'Hervé Parmentier), la nouvelle société SAS (société anonyme à actions simplifiées) pourra être constituée selon les nouveaux statuts qui garantiront notamment la minorité de blocage de l'association, le montant du loyer servi par ORG ainsi que les relations entre les parties.

ORG Packaging, comme annoncé par James Zhou patron de ORG, lors de sa venue à Auxerre, veut s'appuyer sur l'association AJA dans le futur, notamment en matière de formation.

Il est acté aussi que la maison Coquibus qui fait partie du patrimoine de l'association AJA, sera aménagée en centre d'accueil pour les jeunes chinois. P-J. G.