C'est dans cet immeuble parisien d'un cabinet prestigieux près des Champs-Élysées, que se jouera, jeudi, l'avenir patrimonial de l'AJA (DR)

Charline Xu et James Zhou le patron du groupe ORG Packaging (DR)

 

 

Le feuilleton à rebondissements qui dure depuis la descente de l'AJA en Ligue 2 pourrait-il réserver de nouvelles surprises ?

Et pourquoi pas, après tout ?

Ne convient-il pas d'explorer toutes les hypothèses possibles, tout en sachant que la réalité dépasse toujours la fiction ?

D'abord, il faut dire qu'il ne s'agit que d'une première étape, celle qui consiste à acter le changement de propriétaire majoritaire à la tête du club. En fait rien ne change, la SAOS (société anonyme à objet sportif) continue de fonctionner jusqu'à nouvel ordre.

Jeudi matin, plusieurs réunions formelles auront lieu chez Gide (Loyrette Nouel) le plus gros cabinet juridique de France et ses quelques 600 collaborateurs partenaires, reconnu dans le monde entier.

1/ L'assemblée générale de la SAOS a été convoquée en bonne et dûe forme et va acter les modifications survenues au niveau de l'actionnariat. Elle est composée des détenteurs d'actions de la SAOS, ne s'agirait-il que d'une seule action. L'actionnaire principal la société AJAXXL Corinne Limido (60% des actions), Jean-Luc Michaud (1 action), Pierre Lescure (1 action) et Guy Cotret (1 action), et l'actionnaire minoritaire l'association AJA représentée par Michel Parmentier (40% des actions).

Les 15 autres actions individuelles détenues par d'anciens présidents ou dirigeants, ont été rachetées pour 13 dont Hamel, Garnault, Maupoil à la valeur faciale de 6,25 euros et deux autres appartenant à Alain Dujon et Hervé Parmentier, 20 000 euros chacune, par la propriétaire Corinne Limido.

 

La paix des braves

 

Autrement dit, ces 15 personnes ne sont pas convoquées, jeudi à Paris, car elles ne sont plus actionnaires de la SAOS. C'était une des conditions voulues par le chinois ORG. La SAOS ainsi d'ailleurs que la future structure ne seront désormais composées que de deux actionnaires : ORG par le truchement de ORT Sports Limited, une filiale porteuse des actions, procédé d'usage courant et l'association AJA.

2/ Le conseil d'administration de la SAOS (les administrateurs de l'AJA disent ne pas avoir reçu de convocation mais Guy Roux sera présent, Thierry Corniot et Christophe Rémy ayant donné pouvoir) se réunira ensuite dans la foulée pour coopter trois nouveaux administrateurs (désignés par ORG, qui pourraient être Charline Xu, Gary et Maître Martin ? qui a négocié pour ORG Packaging) et renouveler les mandats des quatre autres (Guy Cotret, Guy Roux, Thierry Corniot et Christophe Rémy)

3/ Le nouveau conseil d'administration élira son président.

D'une manière générale, le repreneur ne renouvelle pas la précédente direction, c'est l'usage dans les affaires. Dans le cas de figure de l'AJA, on peut penser que Guy Cotret sera reconduit dans ses fonctions d'autant qu'une clause figurerait dans le contrat de cession établi et signé, à la mi-juillet, entre Corinne Limido et Org.

Par ailleurs, le président Cotret et Guy Roux ont signé un armistice qui semble se prolonger et ont partagé les risques du choix du nouvel entraîneur. La hache de guerre semble donc enterrée ou au moins bien cachée, entre l'actionnaire majoritaire qui disparaît et l'association AJA dont ORG a décidé par convention notamment de faire son partenaire privilégié pour s'appuyer à l'avenir sur la politique qu'il compte mener en matière de formation notamment.

Bref, on voit mal les Chinois dégommer Guy Cotret qui par ailleurs est président de l'UCP F(union des clubs de football professionnels) et joue objectivement un rôle important dans les négociations en cours avec les scissionnistes gourmands du syndicat Première Ligue (clubs de L1) qui a du plomb dans l'aile, pour rendre plus attractif et plus moderne l'élite française, le jeu sur le terrain et la solidarité financière entre les clubs y compris de Ligue 2.

Les Chinois ont au moins besoin de Guy Cotret pour effectuer une transition en attendant d'y voir plus clair et de définir le développement.

 

Deuxième étape

 

C'est d'autant plus évident que la seconde étape n'est pas encore finalisée, celle qui consiste à créer une nouvelle structure juridique une SAS (société par actions simplifiées), dans le cadre de l'augmentation de capital de 2 millions d'euros par an pendant 3 ans. La SAS permet beaucoup de liberté. Les 40% de l'association AJA se dilueront dans un premier temps à 24% puis jusqu'à 10 % au fur et à mesure de l'injection de capital frais.

Encore faut-il que l'argent arrive de Chine ce qui semble assez lent administrativement, Corinne Limido peut en attester. Cependant, les garanties bancaires "irrévocables" sont bien là.

Les deux premiers millions d'augmentation de capital seront le premier argent nouveau dans les caisses pour améliorer l'ordinaire de l'AJA, notamment les deux millions de déficit structurel et les deux millions d'euros à trouver d'ici le printemps pour boucher le trou du déficit de l'exercice 2016-2017. Ils devraient arriver en France au début du mois de décembre.

La contrepartie, garantie statutairement dans les nouveaux statuts de la SAS à venir, est que l'association AJA conservera sa minorité de blocage et d'autres droits élargis ainsi qu'une amélioration du contenu de la convention entre les deux parties.

ORG s'engage en effet à relever la redevance annuelle servie par la SAOS AJA à l'association AJA pour assurer son fonctionnement conformément à la convention conclue pour la mise à disposition des activités professionnelles à la Saos. Exemple : en plus des parts de la SAOS que possède l'assocation AJA, c’est elle qui détient le numéro d’affiliation à la fédération. Or, ce numéro est le sésame pour pouvoir participer aux compétitions. Aujourd'hui, la SAOS AJA verse 310 000 euros par an à l'association pour son fonctionnement. ORG s'engage à augmenter ce montant à 410 000 euros par an. En cas de montée en Ligue 1, ORG s'engage à verser 600 000 euros par an.

Déjà imbriqué dans le monde du sport avec Red Bull et Coca-Cola dont ORG société d'emballage, fabrique les canettes, ainsi que dans un club de hockey sur glace aux États-Unis, le groupe chinois a déjà dans ses cartons la construction d'un hôtel et d'un autre centre de formation à l'AJA.

L'exportation du savoir-faire auxerrois en Chine où le développement du football est devenu une priorité nationale avec la perspective de l'organisation de la Coupe du monde, constituent de vrais enjeux.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 En Chinois traditionnel ...