La lanterne rouge auxerroise après la victoire surprise à Clermont puis l'élimination du quatrième de Ligue 1 Saint-Étienne en 16è de finale de la Coupe de France enfin la défaite cuisante à domicile face à la lanterne rouge Orléans samedi dernier, va se frotter à deux équipes en forme, cette semaine.

La défaite comme la victoire ne sont que des impostures a écrit et développé Kipling dans son poème intitulé SI ...If... Certes. Cela dit.

Comment l'AJA a-t-elle pu perdre ce match là, face à Orléans qu'elle a dominé ?

Comment l'équipe de France de rugby a-t-elle pu perdre à Twickenham après avoir mené quasiment tout le long du match ?

Comment Nadal après avoir breaké dans le cinquième set à l'Open d'Australie face à Féderer, a-t-il pu perdre cette finale ?

Comment la France à l'Euro 2016, en finale contre le Portugal, après avoir fait le plus dur, a-t-elle pu perdre cette finale qui lui était promise .... ?

C'est la glorieuse incertitude du sport.

L'AJA dernière de Ligue 2, dernière de CFA, cela signifie quelque chose qui ne remonte pas à hier. C'est l'aboutissement d'une situation sportive qui s'est dégradée au fil des ans au travers de purges d'éducateurs, entraîneurs et joueurs. Le club s'est immensément appauvri à tous les niveaux au point que le sang a du mal désormais a circuler.

Stabilisé par un repreneur qui investit comme il l'a dit (déjà 4 millions de servis), le club semble cependant contraint de survivre avec des expédients, fragilisant d'avance la saison prochaine par un nouveau turnover obligatoire. On veut parler de la politique de prêts de joueurs sans clause d'achat. Oui Guirassy buteur sauveur, la saison dernière, prêté par Lille où il ne jouait pas, s'est bonifié à l'AJA et a été vendu 8 millions par Lille en Allemagne. Si Auxerre avait pu le conserver, le club n'est serait sans doute pas là aujourd'hui, avec d'autres exemples de ce type à l'appui sans remonter à Alassane Pléa qui fait les beaux jours de Nice.

 

Le rocher de Sisyphe

 

Donc, ceci expliquant cela, il y a le feu au lac, le petit étang de l'Abbé-Deschamps derrière la tribune populaire Leclerc. Il y a le feu au lac pas que depuis maintenant comme le pointe Boucher le gardien du temple Ajaïste.

L'opération survie en Ligue 2 entamée, peut très bien réussir car il y a des talents, l'AJA est capable de bien jouer voire de réussir des exploits comme contre Saint-Étienne. Le problème récurrent de l'inconstance dans la ligne de production qui remonte à trois ans et qu'ont du subir tous les entraîneurs de passage - y compris Jean-Luc Vannuchi - n'a jamais pu être résolu.

Autrement dit les Bleus semblent incapables de faire une série que tout le monde appelle de ses voeux qui sortirait le club d'affaire.

C'est aussi ce que pointe Zacharie Boucher, lucide et direct. Il n'est pas inquiet pour le match de mardi soir à Sochaux parce que assure-t-il, il y aura une réaction après la défaite affligeante à domicile contre le dernier Orléans (0-2) qui est passé devant Auxerre au classement. Mais Boucher annonce une torpille contraire venue du bout de la terre, vendredi, contre Brest à l'Abbé-Deschamps. Bref, l'AJA peut faire un bon match mais le coup suivant, elle sombre, à tous les coups.

En admettant que les recrues fassent merveille, ce qui reste à prouver, et que les Auxerrois - tous - se bougent les fesses comme les y invite avec insistance Zacharie, on peut imaginer que l'AJA pourrait se sauver c'est-à-dire se maintenir en Ligue 2.

Admettons.

Mais après ?

On fait quoi ? Sachant que les joueurs prêtés seront retournés dans leur club d'origine ?

À nouveau il faudra reconstruire une équipe quasiment totalement. Sachant qu'il faut au moins quatre années pour constituer une vraie équipe compétitive avec des joueurs qui se connaissent bien et partagent une aventure,  force est de constater que route de Vaux, on n'est pas sorti de l'auberge.

Depuis trois années, Guy Cotret pousse son rocher comme Sisyphe (*), un rocher qui redescend systématiquement dans ses pieds chaussés de Church's.

Dans cet essai (Le Mythe de Sisyphe), Albert Camus introduit sa philosophie de l'absurde : la recherche de l'homme vaine de sens, d'unité et de clarté, dans un monde inintelligible, dépourvu de Dieu et dépourvu de vérités ou valeurs éternelles. Est-ce que la réalisation de l'absurde nécessite le suicide ? Camus répond : « Non, elle nécessite la révolte. »

À bon entendeur. Salut.

 

P-J.G.

 

 

L'équipe probable de l'AJA.- BOUCHER - AGUILAR, TACALFRED, SPARAGNA, FOURNIER, BOTO - KONATÉ, TOURÉ, GOUJON - YATTARA, COURTET

 

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(*) Sisyphe, selon les mythes, défia Zeus ou Hadès et Thanatos. Pour le punir, il fut condamné à faire rouler éternellement, dans le Tartare, un rocher jusqu'en haut d'une colline dont il redescendait chaque fois avant de parvenir à son sommet.

Cette œuvre, exposée au Salon de 1819 et commandée par Louis XVIII, appartient à une série de quatre dessus de portes dont un a disparu et dont les autres sont conservés au Louvre (Ixion dans le Tartare) et au musée des Augustins à Toulouse (Les Propoétides changées en rocher). Abel de Pujol, qui a retenu les leçons de David, place le spectateur au plus près du drame et témoigne d’un sens aigu du dessin et de la composition. Le roi déchu vit son enfer, prend un dernier appui, s’arc-boute et parvient au sommet de la côte. Dans un horizon de flammes, sa terrible pierre, grise comme cendre, peut enfin atteindre le repos. Mais dans l’ombre, sa main qui parait attirée par une force invisible, lâche prise. Il est homme habile et souple, encore sûr de ses forces. Mais que peut-il contre une vengeance invisible à ses yeux ? La voilà jeune et implacable Méduse, les yeux imbibés de sang, le front ceint de serpents et le corps verdâtre enveloppé de son voile de cruauté. C'est pour elle que le peintre nous a convoqué.

Dépôt du musée du Louvre en 1872.

 

 Sisyphe poussant éternellement son rocher. Alexandre Denis Abel de Pujol
(1787 Valenciennes - 1861 Paris)
(DR)