Henri Rey, Pascal Perrineau et Anne Muxel, mardi soir, salle Vaulabelle devant un public nombreux (DR)


 

Le soir même après les deux heures et demie de conférence-débat, les uns ou les autres interrogeaient : qu'as-tu retenu ou appris, toi de ce débat ? Qu'en as-tu pensé ...?

Autant d'individus, autant d'avis ou de non avis car en exprimer un dans le bouillonnement des idées reçues et retenues, n'était pas simple.

La partie verticale, administrée par les quatre intervenants, chacun son tour, actionnés par Anne Muxel la moins crispée, du haut de l'estrade de cette post-historique et insonore salle Vaulabelle, ancien réfectoire des usines Guillet au temps de la splendeur, fut essentiellement analytique. Donc dense et rebondissante de propos en propos, avec un morceau - passe d'armes feutrée - de bravoure entre Roland Cayrol, le petit nouveau de la bande qui exprima d'entrée son bonheur d'être (enfin ?) là présent dans l'équipe ; et le noble Pascal Perrineau toujours pertinent à Auxerre son terroir d'élection. Le regard porté sur le phénomène Macron constitue leur pomme de discorde  du moment.

En dehors de la probité des candidats et de la question du Front national, au socle solide et au plafond de verre qui ne semble plus (?) indépassable, les enjeux de la présidentielle ont peine à se dessiner dans un paysage de campagne qui interroge.

8 personnes sur 10 se disent intéressées pourtant par l'élection présidentielle. Mais c'est l'indécision de l'électorat tant à gauche qu'à droite, à l'exception des fans de Mélenchon et de Le Pen, qui paraît le dénominateur commun. Un tiers (32% Cevopof), c'est beaucoup, des Français disent ne pas savoir s'ils iront voter.

 

Un débat riche et passionné

 

La partie horizontale du débat car il advint et fut riche de questions, curieusement, élargit le champ des questions peut-être parfois confinées par les intervenants spécialistes de la cuisine.

Sur la démocratie, sur les conséquences de la présidentielle sur les législatives et la recomposition éventuelle des forces politiques, sur les corps intermédiaires complètement zappés alors qu'ls sont essentiels et au centre de la construction du dialogue social et du progrès sociétal, sur l'impact de la mise en examen du candidat François Fillon que ni les organisateurs ni les intervenants ne crurent devoir mentionner alors qu'elle venait d'être rendue publique, sur l'impact des sondages parmi de nombreux autres questionnements ou déclarations de participants parmi le public.

C'était la quatrième conférence-débat d'éducation populaire organisée par le Cercle Condorcet d'Auxerre qui n'entendait pas rester les bras ballants dans une campagne qui soulève bien des questions sur la moralisation de la vie publique, notamment.

Lors de la cinquième conférence-débat, avant les législatives, le président de la République aura été élu. Car oui la France aura un nouveau président, c'est la seule certitude. Ainsi pris rendez--vous Anne Muxel.

Sans conclure car il n'y a pas de conclusion, l'idée que tout se joue autour de la grille des concepts de ouvert et fermé, dans tous les domaines (emploi, immigration, Europe, commerce...), est un outil intellectuel pour tenter méthodiquement de lire les problématiques et de les comprendre. Ces concepts et l'indécision, voire la volatilité de l'électorat prévalent mais n'expliquent pas tout et ne rendent pas compte de l'ensemble de la réalité.

En revanche, la remise en cause du principe des primaires qui creusent les divisions et peuvent être contreproductives, la nécessité de changer de système de représentation binaire et d'introduire la proportionnelle pour apprendre aux Français à pratiquer l'art du compromis et du dialogue, ainsi que la nécessité de développer sous toutes les formes utiles la démocratie participative, apparurent comme des pistes d'espoir pour avancer dans un monde complexe où le populisme ne saurait constituer une bonne réponse aux questions mais révèle à la fois l'impuissance et l'échec des politiques et de leurs politiques.

Quant à la moralisation de la vie publique, cela paraît si simple à mettre en oeuvre par une loi simplissime énoncée sans note par Pascal Perrineau, que l'on se demande pourquoi ce n'est pas déjà fait ...


Pierre-Jules GAYE

 

 

 

 

 Roland Cayrol le nouveau venu parmi les experts invités par le Cercle Conbdorcet. Un autre son de cloche intéressant (DR)

 

Anne Muxel, intervenante avisée et animatrice de la conférence-débat (DR)

 

 Henri Rey et Pascal Perrineau. Ce dernier pointe que le centre (Poher en 1969) ne peut exister que si la gauche est divisée et si la droite l'est aussi ... On en est pas loin de réunir ces conditions (DR)

 

Roland Cayrol milite pour le rétablissement de la proportionnelle qui favoriserait le sens et l'art du compriomis qui manque à la France habituée au binaire du fait du mode de scrution uninominal à deux tours, engendrant mécaniquement la bipolarisation de la vie politique (DR)

 

Pour Jean-Pierre Soisson, ancien député-maire d'Auxerre, les primaires sont contraires à l'esprit de la Constitution de la Vème République, car elles divisent plus qu'elles ne rassemblent en mettant trop longtemps en lumière ce qui sépare (DR)

 

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LES ELECTORATS ET LES RAPPORTS DE FORCE

 

(*) Avec


Roland CAYROL
, est l’un des meilleurs connaisseurs de la vie politique française. Enseignant et chercheur à Sciences Po, auteur d’une quinzaine d’ouvrages, il a longtemps été directeur d’un institut de sondages (CSA).

Anne MUXEL, directrice de recherche au CNRS (CEVIPOF Sciences Po). Une part très importante de ses recherches porte sur la socialisation politique, sur la construction des attitudes et des comportements politiques.

Pascal PERRINEAU, professeur des Universités à Sciences Po. Pascal PERRINEAU est responsable du programme Vie Politique de Sciences Po. Ses travaux portent sur le vote, l'analyse des comportements et des attitudes politiques et sur l'extrême droite en France et en Europe.

Henri REY, directeur de recherche au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences-Po, spécialiste de l'étude des comportements politiques. Il enseigne à Sciences-Po Paris.