C'est une impression très bizarre. Un sentiment qui vous habite aux tréfonds et qui remonte à la surface et se fait jour. D'un coup il vous gagne et envoûte.

Le détachement.

Par rapport à l'AJA. C'est la première fois.

On a connu les déceptions immenses et profondes après des éliminations en Coupe d'Europe. Fiorentina, Dortmund...

Mais pas le détachement.

Pourquoi ?

Parce qu'il n'y aurait plus rien à dire. Que tout a été dit. On est au bout du rouleau et plus personne ne semble avoir grand chose à rajouter.

À force de péripéties multiples, cruelles, appauvrissantes, vidant un club de sa substantifique moëlle et de ses valeurs profondes au fur et à mesure qu'il passait de mains en mains sur l'autel du sauvetage, est venu un phénomène de saturation.

C'est comme si on attendait de voir comment tout cela allait se terminer. L'histoire, toute cette histoire. Ce n'est pas qu'on n'y croit plus. Mais on se demande en quoi on croit encore.

On est dans la position du spectateur détaché, incrédule, circonspect, éteint, un peu béat sur la touche, qui regarde tout ça de loin. On y a tellement si souvent cru et on a été tellement souvent déçu, qu'on n'y croit plus.

On est plongé dans le noir de l'expectative. Advienne ce que pourra.

Pour celles et ceux qui jugeront ces propos trop subjectifs pour être consistants, nous leur livrons quelques chiffres, têtus.

ll reste 24 points en jeu.

L'AJA a pris 29 points en 30 matchs.

24 points en 8 matchs, statistiquement c'est irréaliste. 

Pour le maintien ou la place de barragiste il n'en faudra pas autant.

À ce soir en espérant une victoire. Et puis une autre. Et encore une autre. Avant une autre.

 

P-J. G.