Par Alain Raymont

 

 

"Il est un point d’analyse à propos des élections de ce dimanche 23 avril sur lequel à ma connaissance aucun commentateur ne s’est penché.

"Le 19.6% obtenus par la gauche alternative représentée par Jean-Luc Mélenchon est forte de millions d’électeurs.

"Personne ne peut nier le rôle joué par l’excellent candidat que cette gauche s’est choisie. Son score +8% par rapport à 2012 est aussi le fruit du murissement de la réflexion d’un certain nombre d’électeurs ces derniers mois. L’appropriation du programme par cet électorat c’est faite lentement au travers de meetings qui prenaient souvent la forme d’universités populaires mais aussi par le rôle qu’ont joué  les militants à travers les réseaux sociaux mais également avec le travail militant classique comme le tractage, porte à porte, discussions sur les marchés…
 
"Tout cela a été accompli par Jean-Luc Mélenchon, les citoyens insoumis inscrits sur sa plateforme, les militant-e-s communistes et leur direction nationale présent-e-s plus ou moins fortement sur l’ensemble du territoire et bien d’autres qui seul-e-s dans leurs villages ou villes ont su convaincre autours d’eux.
 
"C’est une force qui s’est levée composée de différentes states sociales, culturelles, hommes et femmes, jeunes et séniors, classe des ouvriers et des employés ainsi que d’une partie des classes moyennes et des intellectuels de ce pays.
 
"Cette force porte l’espoir de la transformation sociale, écologique, économique, constitutionnelle… Il faudra dans les semaines, les mois, les années qui viennent maintenir la flamme qui permettra d’entretenir cette force.
 
Mais il n’y a pas que cela
 
"Le parti socialiste est aujourd’hui foudroyé et revient à ce qu’il était avant le congrès d’Epinay quand Deferre dans des temps qui nous paraissent préhistoriques faisait 5% à la présidentielle.
 
"Hamon massacré sur l’autel des trahisons et renoncements des dirigeants socialistes a acquis bien au delà de ces 6% une réelle sympathie en même temps que certains points de son programme méritent d’être pris en considération. Si pour les mathématiques 2 + 2 font bien 4, la mathématique électorale n’est pas une science exacte et personne ne sait combien aurait fait l’addition de 19.6 % et 6.5 %.
 
"Il n’en demeure pas moins que devant nous maintenant ne restent plus que les législatives. Il est impératif que ces millions qui ont fait le succès de Mélenchon et ceux qui ont voté Hamon plus le NPA éventuellement, s’il veut sortir de son isolement, que tout ceux-là soient représentés au Parlement demain pour lutter contre la politique libérale de Macron et desserrer l’étau de Le Pen.
 
"Encore faudrait-il qu’Hamon remette en cause sa vision de l’Europe et qu’il intègre le clan de ceux qui demandaient impérativement la renégociation du traité européen (pacte de stabilité, indépendance de la BCE…)
 
"Encore faudrait-il que Mélenchon ne considère pas que son succès est le résultat de la seule France Insoumise et qu’il accepte de ne pas présenter des candidats sur toutes les circonscriptions ce qui créerait la division et la catastrophe certaine.
 
"Encore faudrait-il aussi que les groupes d’appui de FI acceptent de parler et de travailler avec leurs partenaires naturels : communistes, Ensemble !, socialistes réfractaires à Hollande … même quand ils n’ont pas voulu signer une charte qui leur était imposée.
 
"Les communistes pour leur part ont toujours et notamment depuis un an appelé au rassemblement contre la droite, l’extrême droite et les sociaux libéraux marcroniens.
 
"Non seulement ils n’ont pas été entendu mais de plus à aucun moment le travail qu’ils accomplissaient sur le terrain et l’appui apporté par la presse communiste (l’humanité) n’ont été reconnus.
 
"Si notre gauche, celle de l’alternative, faite de toutes ses composantes, se respectant les unes et les autres, n’est pas capable de se rencontrer et de construire une force commune pour les législatives elle sera balayée et absente du paysage politique pour longtemps.
 
"Il y a maintenant des responsabilités à prendre pour le peuple et devant l’histoire."


 
Alain Raymont

Secrétaire du PCF 89, ancien conseiller municipal d'Auxerre